Chapitre 117: Être seule

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Point de vu Sana
Chez eux

On vient de passer la porte d'entrée, qui était d'ailleurs pas fermé à clé dans la précipitation de l'autre nuit. Je n'ai pas parlé du trajet, Kylian a pourtant essayé
mais il a vite compris que je n'avait pas envie.

Je suis encore sous le choc, je ne réalise pas, du moins je ne veux pas l'accepter. Deux solutions s'offrent à moi, faire cette opération qui va m'empêcher d'avoir des enfants, mais continuer ma chimio me fera probablement guérir rapidement si je continue sans changer mon traitement. Ou alors arrêter ma chimiothérapie, suivre un autre traitement pour soigner mon infection et reprendre ma chimiothérapie par la suite, si il est encore temps...
Entre autre, guérir mais renoncer à devenir parent ou garder cette éventualité mais prendre le risque de perdre contre ce foutu cancer.

Comment choisir ? Je n'ai pas la réponse.
Même si les médecins me conseillent tous de réaliser cette ovariectomie bilatérale.

Je me sens tellement mal, tellement vide, je dois donner ma réponse dans 3 semaines grand maximum. Mais comment prendre cette décision sans savoir ce que cela va donner.

Kylian avance devant moi dans le salon après avoir enlevé ses chaussures. Je reste derrière en prenant la direction de la cuisine sur ma droite. J'évite son regard, je n'ai pas la force de le voir, de lui parler. J'ai l'impression que si j'ouvre la bouche pour dire la moindre chose je vais m'effondrer, et hors de question que Kylian me voit de nouveau comme ça, je me sens déjà assez coupable de lui faire vivre tout ça.

Ça me bouffe de l'intérieur de me dire que je ne pourrais peut-être pas réaliser son plus grand rêve, notre plus grand rêve, celui de fonder une famille. Et ça jamais je ne pourrais m'en remettre, je culpabiliserai à vie d'être celle qui l'empêche de le réaliser. C'est pour cela que j'ai peur de le regarder, de lui parler j'ai besoin de temps, et malheureusement j'en ai pas énormément.

Une fois dans la cuisine je prends le plateau de crêpes pour le poser sur l'ilot central. J'ouvre le placard cherchant un ingrédient à rajouter dessus, mes yeux s'arrêtent un instant sur la pâte à tartiner. Non je n'ai pas le droit, ce n'est pas équilibré, j'attrape à contre cœur la confiture d'abricot. Je referme le placard et me retourne pour accéder aux crêpes, je vois que Kylian est venu me rejoindre, je baisse la tête l'air de rien en l'ignorant. Je sens son regard sur moi pendant que j'essaie d'ouvrir ce pot de confiture. Putain pourquoi il est fermé à ce point ? J'essaie de toute mes forces de faire tourner le couvercle mais impossible, la réalité c'est qu'il n'est pas fermé plus fort que d'habitude. Je n'ai juste plus la force, et je sentais déjà depuis quelques jours que mes mains en perdaient.

Kylian: "Attend je vais t'aider" dit-il en s'approchant, collant son épaule à la mienne.

Moi: agacé "Non c'est bon" dit-je en insistant.

Kylian: "Arrête Sana laisse moi faire" essayant de le prendre de mes mains.

Moi: "Putainnn" dit-je à bout en éclatant volontairement le pot en verre sur le sol.

Kylian recule immédiatement, choqué de mon geste. Ses yeux son grand ouvert et sans voix. Je regrette instantanément, c'était sur le coup de la colère, pas après Kylian mais sur le fait de me sentir incapable.

Moi: "Je suis désolé, je suis désolé, je voulais pas" dit-je rapidement en me baissant pour ramasser les bouts de verres.

J'attrape les premiers morceaux qui me viennent, mais mes mains tremblent de plus en plus et je sens que je commence à manquer d'air, j'ai peur de refaire une crise d'angoisse.

Kylian: s'agenouillant également face à moi "C'est pas grave on va nettoyer" dit-il pour me rassurer en ramassant quelques morceaux.

Ma respiration devient de plus en plus compliqué, même si il est là pour me rassurer c'est lui qui augmente mon stress. Ce n'est pas de sa faute mais le voir me fait juste culpabiliser. J'eclate en pleurs, tout en cherchant mon souffle en relâchant les morceaux de verres par terre.

Kylian: "Sana respire" me dit-il inquiet en me regardant, laissant les verres de côté "Chérie..."

Moi: "Va-t'en Kylian" le coupant difficilement en évitant son regard, laissant mon dos se poser contre le meuble derrière moi.

Kylian: "Je vais pas te laisser comme ç..."

Moi: "Je t'en supplie Kylian laisse moi j'ai besoin d'être seule" dit-je en éclatant en sanglot, serrant mes genoux contre moi où je réfugie ma tête entre mes mains.

Je ne le vois pas mais j'imagine son visage, je l'entend se relever puis s'éloigner. Je me sens tellement égoïste alors qu'il doit lui même être tellement bas depuis cette nouvelle, et je ne suis même pas là pour lui...

Point de vu Kylian

Ça va faire 20 minutes que je l'entend pleurer et qu'elle n'a pas bougé, toujours probablement par terre derrière l'ilot dans la cuisine.
Ça me brise le cœur, c'était son rêve d'être maman, et je suis persuadé qu'elle se sent surtout coupable de m'entraîner dedans.
Elle est épuisé et pourtant elle a toujours essayé de rester forte, pour elle, pour moi.

Je ne sais pas qu'elle décision elle va prendre, et elle ne le sait pas non plus. Moi je veux qu'elle fasse le choix qui lui semble juste, qu'elle ne regrette pas. Mais ce que je veux par dessus tout, par dessus le fait de devenir papa, je veux qu'elle guérisse, c'est ça mon premier choix. Je veux qu'elle se soigne et qu'elle reste à mes côtés, je préférerais qu'elle pense à sa santé avant tout, quitte à renoncer de devenir papa, elle passe bien avant ce rêve.

Elle souffre et veut me préserver de cette souffrance, mais dans la vie tout le monde souffre à une échelle différente. Et on peut choisir de souffrir avec une personne ou non.

Moi j'ai fait mon choix, je veux souffrir avec elle, ensemble.

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Un Choix - Hakimi × Mbappé × Sana Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant