Il faisait nuit noire, je marchais rapidement sous les trombes d'eau qui tombaient depuis quelques semaines, plus exactement depuis 55 jours. Cela ne s'arrêtait plus, les rivières débordaient de partout, l'eau envahissant chaque rive. Chez moi, la Zinsel était sortie de son lit bien plus que de raison, elle avait débordé de plus d'un mètre. Je ne m'inquiétais pas trop, mais ma cave était inondée. Si cela devait encore durer, il fallait qu'on quitte la maison à notre tour. Mais pour aller où ?
Des habitants devaient être relogés, perdant leurs affaires. Un véritable exode s'était créé, mais les gens remontaient dans les collines plutôt que de les descendre. Certaines villes, ceinturées par les eaux, se retrouvaient désertées. Les pompiers ne faisaient que le tour de la ville pour voir s'il restait des habitants à rapatrier dans les centres créés d'urgence. Dans d'autres villes où le réseau d'eau était souterrain, les bouches d'égouts, trop pleines pour recevoir plus d'eau, se retrouvaient complètement noyées, donnant un spectacle incroyable. Des déchets pullulaient à la surface des eaux, on y voyait parfois des restes de meubles cassés par le courant, ou encore des véhicules pour les points les plus bas.
D'après la météo, ces pluies incessantes devraient se calmer dans la journée du lendemain, mais rien n'était garanti. D'après ce qui pouvait encore circuler aux informations, les astronomes et autres personnalités scientifiques étaient tous d'accord, jamais la Terre n'avait connu pareille déluge -puisque c'était ainsi qu'on pouvait nommer ce phénomène- depuis des siècles. Les pertes humaines étaient nombreuses dans les pays défavorisés, ne pouvant faire face à cette apocalypse. Le manque de soleil se faisait cruellement sentir, puisque nous étions noyés sous les nuages depuis plus d'un mois. La température avait baissé de quelques degrés. Dans certains pays, ils n'avaient même plus d'électricité, ni de chauffage. Les conditions de vie étaient devenues plus que difficiles dans tous les recoins de la planète.
A cela s'ajoutait la pénurie suite à la fermeture de tous les commerces, mais également les écoles, administrations et autres institutions. Le ravitaillement des personnes isolées devenait impossible. La Terre, ou plutôt ses habitants, mouraient à petit feu. Une solidarité sans nom était née de ces conditions, certains construisant des embarcations de fortunes pour aider les voisins ou amis à se ravitailler plus régulièrement.
Malgré tout cela, je sentais que quelque chose de plus grave nous attendait, même si je n'aurais pas su expliquer ce que je ressentais. C'est pour cette raison que je marchais en pleine nuit, vers Phalsbourg, je pensais pouvoir faire quelque chose. Les routes étaient de toute manière désertes, plus personne ne passait puisque tout le monde se retrouvait au chômage forcé. J'arrivais à destination rapidement, mais je n'eus pas le loisir de m'en féliciter, j'approchais du point de départ de ce que je pensais pire encore que ce déluge. Je me rendis rapidement sur la place d'Armes, méconnaissable. Par chance, l'eau n'avait pas atteint cette partie de la ville, plus haute. La différence n'était pas grande, mais suffisante. Ce que je craignais était sur le point de se produire, je pouvais déjà sentir des vibrations anormales sous mes pieds. J'appelais immédiatement la Direction Départementale des Territoires, en demandant le service concerné. Je les obtiens assez rapidement et leur transmis mes inquiétudes. Ce que j'entendis ne me rassura pas, au contraire : ils me demandèrent d'évacuer la zone, leur niveau d'alerte entrait dans le maximum, ils allaient procéder à l'évacuation de la population. L'alerte était donnée au niveau des secours et des services techniques de la ville. Je ne pouvais rien faire de plus. Ce qui me rassurait, c'est que je n'étais pas la seule à remarquer certaines choses, la place commençait à s'animer malgré l'heure. Les secours arrivaient, toutes sirènes hurlantes, de tous les côtés. J'entendis également la sonnerie d'alerte, réservée aux cas graves, tels que les tremblements de terre, ou glissements de terrain. Ils stationnèrent loin de la place, ce que je ne compris pas de prime abord. Ils avaient dû recevoir des instructions dont je n'avais pas connaissance. Je compris quand je voulu traverser la place pour rejoindre les équipes. Sous mes pieds le grondement se faisait plus insistant. Je couru pour fendre la place à toute vitesse. Comme j'atteignis les renforts déployés, un craquement sec se fit entendre. Je ne me retournais qu'une fois les secours atteints.
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Cataclysme
Short Story"D'après la météo, ces pluies incessantes devraient se calmer dans la journée du lendemain, mais rien n'était garanti. D'après ce qui pouvait encore circuler aux informations, les astronomes et autres personnalités scientifiques étaient tous d'accor...