Ellese promenait, seule, dans les environs de l'abbaye de Saint-Martin.Oh, elle connaissait très bien la région, elle y vivait depuis plusde 30 ans. Il n'y avait aucun risque qu'elle puisse se perdre. Etpourtant...
Cesoir-là, on n'y voyait pas à trois mètres tellement l'obscuritéétait prenante. On avait l'impression de se faire engloutir parles ténèbres. Abby marchait pourtant sans difficulté, se repérantparfaitement dans la nuit. Ou du moins c'est ce qu'elle croyait.Au bout de plusieurs minutes, elle s'aperçut qu'elle tournait enrond. Elle continua tout de même, se disant qu'à un moment donné,elle retrouverait bien son chemin.
Soudain,elle tomba sur un rocher qui lui semblait inconnu. "Tiens, sedit-elle, je passe ici toutes les semaines, comment j'ai fait pourne pas voir ce rocher ? Me serais-je perdue ?" Elle avança cequ'il lui parut quelques mètres et arriva dans une clairière oùse trouvait une chapelle. Cette fois, Abby en était certaine, ellen'était pas là où elle pensait être. Elle se demandait bien surquel versant de la montagne elle se trouvait, mais ce n'était passon chemin habituel. En y regardant de plus près, elle sutimmédiatement où elle se trouvait : l'église de Saint-Martin leVieux. Elle était reconnaissable entre mille. D'architectureromane, l'édifice était en ruine depuis des siècles. Il avaitété reconstruit peu de temps avant sa naissance.
Elleétait donc de l'autre côté de la montagne, mais elle n'eut pasla force de faire demi-tour et de rentrer, le chemin était encorelong. Elle décida ainsi de passer la nuit dans la chapelle. Ferméeau public, elle savait où pénétrer sans être vue et sans êtredérangée. La jeune femme s'y glissa sans bruit. À cet instant,son seul regret fut de ne pas avoir emporté de lampe torche. Il luirestait bien quelques allumettes, mais elle ne voulait pas qu'onpuisse la voir de loin, aussi décida-t-elle de ne pas bouger tantque le jour ne serait pas revenu.
Elles'installa sur un des bancs de pierre de l'église et commença àprier. Elle ne vit pas la lueur derrière elle se déplacerdoucement, sans l'approcher. Lentement, la lueur prit une formehumaine, Abby ne vit toujours rien. Sa prière terminée, elle setourna subitement, sentant une présence. Et c'est là qu'elle lavit. Le halo avait pris la forme d'un ange ou d'un prêtre, ellen'aurait su le dire avec précision. L'aura semblait ne pas luivouloir de mal, elle s'en approcha avec prudence. Elle ne dit rienpar crainte de voir la lueur disparaître. Ce fut la lueur qui parlaà Abby :
- Jeune dame qui vient errer en ces lieux, je ne te veux aucun mal. Je suis l'archange Michaël, protecteur de cet endroit. Et également protecteur des artisans de lumière dont tu fais partie.
- Artisan de lumière ? Je ne comprends pas... osa-t-elle dire
- Chaque être sur Terre a une mission que Dieu lui a confiée. En Le priant tout à l'heure, j'ai immédiatement vu que tu étais ce qu'on appelle un artisan de lumière. Vous, en tant qu'humains, ne pouvez le voir, mais vous pouvez le sentir, si on peut l'exprimer comme ça.
- Et qu'est-ce que ça à voir avec moi ?
- Doucement, j'y viens. Ta connaissance des environs a été troublée ce soir, je me trompe ?
- Effectivement, je ne pensais pas me perdre aussi facilement.
- Tu as reçu un appel, et te voilà. J'ai une mission à te confier, si toutefois, tu l'acceptes.
- Qui est ?
- Transmets la lumière autour de toi. Je ne peux pas te dire comment, mais tu devrais trouver aisément par toi-même. Il suffit de te laisser guider. Qu'en dis-tu ?
- Je ne sais pas, je...
- Nous savons que tu en es capable, Abby. Ton empathie et ta sensibilité ont fait de toi ce que tu es aujourd'hui. Répands la lumière autour de toi, et tu seras récompensée à ta juste valeur.
- D'accord, je veux bien, dit-elle après quelques instants de réflexion. Je ne peux refuser une mission qu'Il m'a confiée. Je ferai de mon mieux, assura-t-elle.
- C'est tout à ton honneur. Si tu en ressens le besoin, il te suffira de venir ici, je saurais que tu cherches à me parler, et je viendrais. Je dois y aller, mon temps est dépassé. À très bientôt, Abby, dit le halo en s'effaçant.
Ellen'arrivait toujours pas à y croire. Elle resta là, toute la nuit,à se demander comment elle pourrait agir. Au petit matin, ellequitta l'église, encore pleine de questions. Sera-t-elle à lahauteur ? Que devait-elle faire ?
Pourle moment, elle se contenta de rentrer chez elle et se reposa. Elleverrait plus tard. Ce plus tard ne vint jamais, la nuit suivante elleeut un accident dans la montagne, la tuant sur le coup. Dans lesjournaux, il y eut pléthore d'articles sur elle, la "fille de lamontagne blonde". Personne ne sut jamais qu'elle erraitdorénavant dans le massif, à la recherche d'elle-même.
