Acte II - Scène 2

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« Quelle inspiration ! »


« Qu'est-il arrivé à cette chevelure ? »

Sans même me tourner vers lui, je sentis son regard glisser le long de mon corps, me nouer la gorge, me broyer les entrailles comme si le monde entier m'écrasait de tout son poids. Lui répondre m'était impossible, mes yeux s'étaient verrouillés sur ce masque.

« Hirose ! m'interpella subitement la voix approchante de Zed . »


Sa main agrippa brutalement mon bras cuivré. Il m'avait trouvé, lui aussi. Sous son capuchon rougeâtre et ses sourcils froncés, ses yeux rouges m'interrogeaient et son inquiétude fit écho au timbre de sa voix :

« Kayn t'as laissé partir ? »


Je plongeai dans son regard attentif, inerte, tandis que mon esprit me martelait : 

Dis-lui, Hirose ! Dis-lui que Jhin est ici ! Dis-le lui maintenant !

« Tout va bien ?! (il me sonda) Hirose ?! »


Je discernai une once de panique se dissoudre dans le carmin de ses yeux. Pourtant, je restai muette, impuissante, incapable d'ouvrir la bouche comme si je ne comprenais plus rien à mon propre corps. J'avais surestimé ma capacité à résister à l'effroyable emprise de mes sentiments pour Jhin. 

Les doigts de Zed se resserrèrent sur mes épaules et au même instant, la douce mélodie d'une valse s'éleva. Était-ce la mort qui nous invitait à danser ?

« Hirose ! Dis quelque chose ! »


Zed me secoua soudain avec virulence. Sa poigne me libéra brusquement de ma torpeur :

« Zed ! haletai-je. Jhin est... il est... (je tournai la tête en direction de la provenance perçue de sa voix) juste là... »


Personne.

« Tu l'as vu ? s'étonna Zed.

— Il m'a parlé... balbutiai-je. Je crois... »


Soit Jhin avait disparu, soit je l'avais halluciné. Pourtant mon cœur demeurait inapaisable. Un présentiment étrange mais familier me parcourait de la tête aux pieds. La terre s'apprêtait à gronder. Je le savais. Je le sentais. C'était dans l'air.

« Zed ! s'écria une femme en l'abordant dans la précipitation. Shen est ici, faut pas traîner ! »


Elle portait une tunique bordeaux et ses cheveux rouges étaient tirés en une longue queue de cheval. Ses iris vertes flamboyantes au centre de son maquillage noir me toisèrent. Elle hoqueta de surprise :

« Qu'est-ce qu'elle fait là ?

— Peu importe, répondit Zed. On se tire. »


Zed me saisit le poignet tandis que mon esprit, obnubilé par la valse, s'agitait toujours davantage.

« Viens, m'ordonna-t-il. 

— Attend... suppliai-je. Cette musique...

— Il faut partir ! insista Zed. »


Je fermai les yeux un instant et laissai la musique me porter, saisissant un repère... et un, deux, trois, quatre...

« Zed ! m'écriai-je. C'est une valse à quatre temps... (mon souffle se saccada et je croisai son regard angoissé)

Ode au Chaos [ Zed & Jhin • League of Legends fanfiction ] (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant