ONZE

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.......

Elle ignorait le temps qui s'était écoulé, perdue dans l'abîme de sa douleur qui envahissait chaque parcelle de son corps. Les cordes qui l'entravaient, sa position inconfortable, le scotch qui lui brûlait la peau, tout cela la conduisait inexorablement vers sa perte, plongeant son esprit dans les abysses les plus sombres. Les larmes ne coulaient pas, elle ne le pouvait pas, rongée par une colère féroce envers elle-même. Elle s'était mise dans cette situation de son propre chef. Allait-il la tuer ? Certainement ! Ils n'avaient pas hésité avec Handres, envoyant n'importe qui, et cette personne, c'était elle ; ils la soupçonnaient d'être un pion de l'ennemi. En somme, elle vivait ses derniers instants sur terre. Quel gâchis ! Quelle histoire complexe ! Mais elle devait certainement mourir, Handres était mort à cause de sa propre stupidité.

La grande porte grinça, la tirant de ses pensées. Deux hommes entrèrent, suivis de deux autres. Elle les reconnut immédiatement, la garde rapprochée d'Ivan. Lydy baissa la tête. Elle ne voulait pas le voir, elle ne pouvait pas lui faire face, elle était trop honteuse d'elle-même. Et dire qu'elle les avait photographiés ensemble. Haha, elle avait même légendé la photo de manière totalement absurde : "lui, son fiancé".

Ivan inspecta la chaise puis s'assit, tout comme Cruz l'avait fait la veille, pour la fixer à son tour. Combien de temps ? Peut-être une éternité. Pourquoi était-il venu d'ailleurs ? Pour l'humilier ? Et dire qu'elle avait demandé à voir ses parents. On parle d'une simple prostituée, et lui, il avait accepté.

- Je suppose que Cruz t'a déjà posé la fameuse question.
Admit-il.

-...........

- Je te félicite, tu es une sacrée joueuse de talent.

-...........

- Il semble que tu refuses de coopérer.

-...........

- Ta libération ne t'intéresse guère.

-............

Si seulement il savait.

- Tu prétends même ne travailler pour personne.

-............

Il la fixa un instant, puis s'approcha et lui arracha violemment le ruban adhésif.

Lydy hurla de douleur. Sa peau lui brûlant intensément.

- Sacrée balance!

- Je ne suis pas une balance.
Le coupa-t-elle, énervée, ignorant sa souffrance.

Cette fois-ci, elle n'avait pas le choix, elle devait affronter tout cela. Elle n'était pas une balance, jamais.


-Ne t'a-t-il point confié cette vérité? J'ai commis une erreur, je le regrette sincèrement.

S'écria-t-elle avec véhémence, le regard fixé sur lui, prête à l'assaillir telle une bête féroce. Comme si la nuit avait subitement éveillé en elle la conscience de la gravité des accusations qui pesaient sur elle.

- De quoi parles-tu?

Une larme dévala sa joue. Pourquoi? Pourquoi avait-elle agi ainsi?

- Je ne connaissais pas les conséquences de mes actes, je voulais simplement donner un nouveau souffle à ma vie, je n'aurais jamais dû imaginé que cela serait aussi simple, aussi facile. Je regrette d'avoir rencontré cet homme, sa mort est de ma faute.

- ........

- Je voulais être ta compagne.
Elle murmura, se mordant la lèvre, honteuse de l'attirance qu'elle ressentait pour lui. Elle les imaginait, tous les deux, fusionnant dans cette chambre.

- Tu es sur le point de mourir et tu continues à défendre ton supérieur ? Quelle loyauté !
Ivan dit en la fixant à son tour, son regard s'adoucissant, comme s'il venait de réaliser ce à quoi Lydy venait de penser.

- Je n'ai pas de supérieur, je vous ai dit la vérité.
Elle répondit sans baisser les yeux, refusant de détourner son regard malgré tout.

- Alors, tu avais l'intention d'être ma promise ?
Elle acquiesça d'un signe de tête. Soudainement, les mots lui manquaient. Son cœur battait encore, mais cette fois-ci pour une toute autre raison que la peur.

- Pourquoi ne m'as-tu pas fait ta demande en mariage ? Tu aurais dû apporter une bague lorsque tu es venue chez moi.
Et voilà qu'il se moquait d'elle.

Cet imbécile était conscient de l'attraction qu'elle ressentait pour lui et il osait se moquer d'elle.
Il était odieux.

Elle le fixa avec des yeux blessés, mais ne dit rien.

- Je te donne une dernière chance de te rattraper, Lydy Hastal, même pas capable de prendre un faux nom.


Cette fois-ci semblait être un véritable affront pour tous les risques qu'elle avait pris. On aurait dit même qu'il ne la soupçonnait plus d'avoir l'intention d'assassiner sa mère.

- Crois-tu vraiment que j'aurais pris autant de risques si j'étais réellement une ennemie ?
Demanda-t-elle avec sincérité.

- Et tu penses que je vais te croire, moi ?
Répondit-il en la fixant, lui faisant comprendre qu'elle n'était pas tirée d'affaire.

- Je ne suis pas une courtisane.

Ivan se tut pendant trois minutes.

- Je l'ai su dès que je t'ai vue, que tu n'avais pas l'intention de te donner à moi, Lydy.

Elle se mordit encore une fois la lèvre, en colère contre elle-même car elle sentit un liquide remplir instantanément son entrejambe.

- ...Je n'aurais pas dû être ici, j'ai commis la folie de m'approcher de cet homme...et de lui voler sa place à l'autre...je ne me doutais pas que...

Puis elle se tut, vaincue. Elle essayait de parler pour détourner le sujet, mais sa voix semblait tellement ridicule.

- J'ai été enchanté de faire ta connaissance, Lydy.

Déclara Ivan en tournant les talons.
Impossible de savoir s'il avait lui-même ressenti ce qu'elle ressentait.
Déjà, elle ne voyait que son dos s'éloigner. Décidément, elle ne pouvait pas fréquenter cet homme, peu importe la situation, et décidément aussi, elle allait mourir avec cette envie torturante de lui.
La lourde porte se referma une fois de plus sur elle, la laissant seule dans l'obscurité, accablée par les tourments du monde.

Elle endurait toujours cette souffrance quand soudainement, un bruit d'explosion la fit sursauter. La grande porte venait de s'envoler à un mètre de distance.

Un groupe d'hommes, armés jusqu'aux dents, apparut instantanément. Cependant, ce n'était pas leur apparence qui effraya Lydy, mais plutôt leur habillement disparate, différent de celui de son ravisseur.

- La voici !
entendit-elle.

Qui est-elle ? Pourquoi elle ?

Un rire malveillant suivit. Le sang de Lydy se figea.

- Banoda sera très surpris de ne plus retrouver son précieux trésor. Croyait-il vraiment pouvoir nous dissimuler l'élue de son cœur ?
Et un autre rire retentit.

- Il n'y aura pas de mariage, ma chérie.

Et en prononçant ces mots, ils la délièrent rapidement avant de l'enlacer dans leurs bras.

Voilà donc la raison pour laquelle tout cela s'est produit. Si tu ne comprends pas quelque chose, n'hésite pas à relire le début...

PLUS JAMAIS NULLE ( En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant