Pour Ses Terres

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Un homme seul, debout, au milieu d'une plaine, entouré de cadavres.Derrière lui, une colline mais aucun vivant en vue. Face à lui, une armée,entre dix et quinze milles fantassins*, mille ou deux milles archers. Une dizaine d'hommes se démarquent, l'un d'eux s'avance. Leur empereur veut entendre la reddition de son dernier ennemi. L'armée chante, elle entonne déjà le récit de sa victoire. Le guerrier, couvert de sang et de boue, fixe l'empereur. Il tient toujours son épée, les reste d'un bouclier sont encore accrochés à son bras, deux haches pendent à sa ceinture. Il réfléchit, il ne peut pas vaincre une armée entière, encore moins blessé, affaibli par le combat et ayant perdu ses principales armes et défenses. L'empereur arrive à sa portée, il hésite toujours. L'empereur parle :

-Guerrier, tu t'es bien battu. Tu n'as plus d'allié, tu es seul, tu ne peux pas combattre mes hommes. Avoue-toi vaincu et je t'offrirai une mort digne voir je t'épargnerai. Je ferai rendre un dernier hommage et donnerai une sépulture à tes hommes.

L'homme ne répond pas.

-Tu es sûrement le soldat le plus vaillant et le plus féroce que je n'ai jamais vu combattre. Qui est tu ? Quel est ton nom ?

Il tousse et crache du sang avant de répondre :

-Je ne suis personne, rien qu'un homme combattant pour ses terres, mais vous pouvez m'appeler Ravenor.

L'empereur s'approche encore

-Tu peux me croire berserker*, je suis heureux de te connaître, c'est pour moi un honneur de pouvoir maintenant dire ''J'ai rencontré Ravenor le guerrier fauve, courageux défenseur de Luppie*''. Pour ton bien et celui des tiens, abandonne le combat.

-Regarde autour de toi. Les miens sont là, aux côtés des milliers de tes soldats que nous avons massacrés. Crois-tu que je pourrais affronter leur regard si je me rendais ? Crois-tu que je garderais mon honneur en mourant sur un billot ? Je m'excuse mais je préfère trépasser au combat. Mais saches que je te tuerai avant.

Il s'approche encore et mets sa main sur son épaule

-Je suis désolé que cela se termine de cette façon, mais qu'il en soit ainsi. Tu porteras maintenant un surnom de plus : tueur d'empereur. Prends le temps de réfléchir avant de commettre ce déicide*.

L'homme tousse encore, rempoigne son épée d'une meilleure façon, prend à son tour l'empereur par l'épaule et lui plante son épée dans le ventre avec assez de force pour qu'elle ressorte. Le souverain s'écroule sur le guerrier qui l'accompagne jusqu'au sol et lui ferme les yeux. Ravenor se relève regarde l'armée hésitante, ne sachant pas quoi faire. Il enlève son bouclier, prends ses haches et commence à chanter :

-En ce jour
Les valkyries* m'appellent
Je reste sourd
Sur ce champ
La mort m'harcèle
Je la repousse en tuant

Il répète sont chant de plus en plus fort, en avançant vers les soldats qui, eux, reculent devant ce démon inhumain ayant déjà massacré une grande partie de leurs semblables presque seul. Les officiers de l'armée ordonnent aux fantassins de se battre et aux archers de tirer. Quelques flèches le touchent mais ne lui font rien, il avance toujours, déterminé à tuer le plus de saquiens*. Vient le moment du combat, les premiers soldats sont à sa portée, il en tue un puis un autre, il en massacre une dizaine tout en continuant de chanter, mais il se fait blesser, une entaille à l'épaule qui lui arrache un cri inhumain qui fait frissonner même les officiers. Il s'arrête, les soldats reste à distance de cet homme comme s'il était la mort incarnée. Il cri, d'une voie monstrueuse, puissante :

-Vous qui avez tués les miens au nom de votre faux dieu, mortel*. Sachez que nous allons vous tuez.

Il recommence à chanter, cette fois accompagner de dizaines de voies désincarnées, il recommence à se battre, accompagné par des dizaines d'ombres traînant sur le sol. A chaque soldat qu'il égorge, une douzaine tombe. Les officiers engagent le combat, les archers fuient. Ravenor se fait blesser encore une fois ; Une blessure qui aurait dû le tuer, mais c'est comme s'il ne sentait plus rien. Un officier arrive et l'empale d'une lance, rien n'y fait, il continu de combattre. L'officier, terrifié, cri aux hommes de fuir, fuir pour espérer sauver leur vie, avant de suivre ses propres conseils.
Les soldats désertent par centaine jusqu'à ce qu'il ne reste personne.
Ravenor tue le dernier ennemi, chancelle et tombe à genou, toujours transpercé de la lance, il lâche ses haches. Les ombres disparaissent, plus aucun bruit ne résonne dans le champ de bataille. Le luppien* laisse échapper son dernier souffle, les yeux grands ouverts, tournés vers le ciel.
Un corbeau vient et se pose sur la lance, un second arrive, puis une dizaine, ils déchiquettent les corps, les rendent de plus en plus méconnaissable, ne laissant que celui de Ravenor.

Un homme seul, dans une plaine, entouré de charognard, il est mort, en défendant sa terre, en envoyant ses ennemies aux portes de Helheim.

fantassin : soldat se déplaçant à pied

berserker : guerrier mythique viking, connu pour leur violence, aussi appelé guerrier fauve à cause de leur façon de combattre

Luppie : région fictive inventé pour l'histoire

deicide : meurtre d'un dieu

valkyrie : divinité nordique chargées d'emmener les guerriers morts au combat jusqu'au Valhala*

Valhala : monde appartenant à la mythologie nordique, là où vont les guerriers morts au combat, est aussi la demeure d'Odin*

Odin : dieu appartenant à la mythologie nordique

saquiens : peuple fictif inventé pour l'histoire, gouverné par l'empereur

faux dieu, mortel : l'empereur est considéré comme un dieu par les
saquiens

luppien : habitant de Luppi

Helheim : monde appartenant à la mythologie nordique, là où vont les morts

A. L.
20/08/2022

Courtes Histoires Où les histoires vivent. Découvrez maintenant