36. Promets-moi

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Je me relève en sursaut quand j'entends toquer.

Non, je suis bien là. Dans ma chambre à coucher. Tout seul dans l'immense lit. Pas le moindre rayon de soleil qui inonde ma chambre, mais je cligne des yeux.

Une fois encore ça cogne.

— Monsieur José.

En percevant le timbre d'Edmund, je jette un regard à l'horloge et remarque qu'on est au beau milieu de la nuit. Malgré le fait que tout soit hermétiquement clos, je peux clairement deviner l'intensité de la pluie dehors.

— Monsieur José ! C'est urgent.

Le pas lent et trainant, je paresse jusqu'à la porte déjà entrouverte et croise le regard préoccupé du vieil homme.

— Edmund ? Que se passe-t-il ?

— Il... eh bien, il y a une gamine dans le salon qui demande à vous voir.

— Voyons Ed. A deux heures du matin ?

— Elle est toute trempée et dit que vous la connaissez.

— Je ne sais pas de qui il s'agit. Donnez-lui une chambre !

— Elle refuse même de s'asseoir, elle insiste pour vous voir.

— Je n'arrive à y croire, je grommelle en allant saisir mon kimono accroché. Si vous laissez tous les enfants entrer on va très vite devenir une garderie.

— Vous savez que ce n'est pas habituel.

Edmund qui m'attend à la devanture me devance vers les escaliers. Rattachant ma corde, je descends pas après pas et me fige au moment où mon regard tombe sur la petite fille.

Ou plutôt ! Le foutu leurre devant moi. Je manque un battement de cil et trébuches presque.

Grande cielo !

Dans mon salon, ruisselant de tout le corps, habillée d'une robe fleurie recouverte par un manteau usé et délavé, une touffe de cheveux drus et remplie qui encadre si bien le petit visage comme jamais maquillé. Ses lèvres sont huileuses alors qu'elle... qu'il halète.

— Teekay ! je balbutie, hallucinant.

L'instant d'après, Abigail déballe déjà sanglotante, avec Barbie dans son derrière, et à la vue de Teekay qui quitte le canapé, tombe à genoux sur le sol, inconsolable. Le garçon, qui n'a plus du tout son accoutrement féminin se précipite sur elle et l'enlace de toutes ses forces.

Le sourire de Barbie est tapi de larmes, tandis qu'elle tient la main à la bouche.

Et moi, je reste là, à la fois pétrifié et sidéré. Ce tableau inexplicable, ce sentiment de soulagement intense et de satiété phénoménale me possède. Je les observe, la cage thoracique réchauffée par ce que je peux appeler un miracle, sans pouvoir tenir mes lèvres décontractées.

Abigail l'écarte d'elle et lui saisit le visage.

Cette fois, Teekay n'a plus rien de ce gamin hautain et braqué. Il semble heureux et lui donne le sourire en lui essuyant les larmes. Quand je pense qu'il est si petit pour son âge, et pourtant détient cet esprit trop vieux pour son corps.

— Bon, allez ! Arrête, s'il te plait. Tu vas te rendre malade.

Sourde, Abigail le serre encore fortement contre lui. Elle semble avoir récupéré son souffle de vie. Elle a beau arborer ce visage détruit, il ne reste pas moins ébloui par le retour de Teekay... son fils.

— Comment est-ce que tu as fait ? marmonne-t-elle la gorge irritée.

— On te croyait tous... ! Je n'ose pas imaginer, intervient Barbie.

#1.THRUTH (RÉÉCRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant