Balthazar resta immobile pendant plusieurs secondes, fixant, sans la voir vraiment, la porte par laquelle Hélène venait de disparaître, et se sentant l'homme le plus bête et le plus malheureux du monde.
Lorsque, ce matin-là, à l'aube, il avait senti l'inconnue se dégager de son étreinte et sortir du lit, il avait fermé les yeux et fait semblant de dormir encore, pour lui laisser le temps de partir sans être dérangée.
C'est mieux ainsi, pour nous deux... - se dit-il.
Après tout, ce qu'ils avaient vécu ensemble cette nuit-là n'était qu'un beau rêve, un sortilège qui durait le temps d'une soirée, mais qui, comme tous les sortilèges, aurait été immédiatement rompu au moment précis où l'inconnu avait révélé sa véritable identité.
Parce que cette femme ne pouvait pas être Hélène.
Et il avait été fou de le penser, ne serait-ce qu'une seconde.
La triste vérité était qu'il l'avait tellement désirée, et qu'il avait réprimé son désir pour elle pendant si longtemps, que dès qu'il avait baissé ses défenses, ce désir avait pris le dessus, jouant un tour à son esprit et lui faisant croire que l'impossible pouvait se produire.
Mais si la nuit de passion qui venait de s'écouler lui avait clairement obnubilé le cerveau, l'impitoyable lumière du jour lui rendait peu à peu la raison : il était impossible qu'elle soit Hélène.
Absolument impossible.
Et il aurait mieux fait d'oublier au plus vite toutes les bêtises romantiques auxquelles il s'était laissé aller, s'il voulait sauvegarder ce qui restait de sa dignité... et de son cœur.
Ainsi, il avait vigoureusement résisté à la tentation de regarder une dernière fois la belle inconnue et était resté allongé, les yeux fermés, écoutant les sons de son doux rêve qui, peu à peu, s'éloignait.
Et à la fin....
À la fin, alors que le silence avait envahi la chambre et qu'il s'était résigné à l'idée qu'elle était définitivement partie, l'inconnue avait fait quelque chose qui, une fois de plus, avait totalement renversé la situation : elle était revenue sur ses pas, s'était approchée du lit, avait déposé un léger baiser sur sa joue et lui avait murmuré à l'oreille un seul mot.
Merci
Un merci à peine audible, lâché doucement comme un petit caillou tombant dans les eaux d'un étang, mais qui avait atteint les profondeurs de son âme et y avait déclenché un véritable raz-de-marée.
Car Balthazar connaissait très bien la voix qui avait prononcé ce seul mot.
C'était SA voix.
Sa voix douce, grave, sensuelle, qu'il pouvait sentir sur sa peau car elle glissait sur lui comme une caresse chaque fois qu'ELLE lui parlait.
Mais plus encore, il connaissait l'effet que ce petit et simple mot avait sur lui chaque fois qu'ELLE le prononçait.
Merci
Il était très rare qu'Hélène l'utilise spontanément. D'habitude, lorsqu'il avançait une théorie brillante pour résoudre une affaire ou qu'il découvrait un indice que seule son irremplaçable intuition était capable de découvrir, l'intègre capitaine Bach ne lui donnait jamais satisfaction; elle se contentait de le fixer en silence, avec son air sérieux et concentré qui le rendait fou.
Alors, inévitablement, le même schéma se répétait toujours: il se mettait en colère, la boudait ou se moquait d'elle, et alors, seulement alors, elle lui faisait son beau sourire et lui disait ce "merci, Balthazar", murmuré avec un scintillement dans les yeux qui lui faisait tout oublier, jusqu'à son propre nom.
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Un jeu dangereux - Halloween 2023
Fanfictionune petite fanfiction sur mon couple préféré...une fête d'Halloween très particulière, deux amoureux qui ne savent pas qu'ils s'aiment...un peu d'éros et de magie noire...que va-t-il se passer ?