Hopeless romantic

Faux espoir

Hope

-- Ils arrivent ? Je répète sans pour autant réaliser ce que je viens d'entendre. Le sur plein d'émotion que mon cerveau a dû gérer a sans doute été trop puissant, puisque ce dernier semble complètement incapable de réagir.
-- PUTAIN HOPE COURS ! M'ordonne une voix masquée par le doux bruit du vent qui tournoie autour de mes oreilles. On pourrait croire que l'on est en automne, lors d'une grande promenade dans les bois, où seul le bruit de la nature est perceptible et où...

Soudain, mon rêve apaisant est secoué par une prise soudaine sur mon avant-bras.
-- Qu'est ce que tu fous ?! Grogne sauvagement Hayden entre ses dents.

Je réalise enfin ce qui se passe, Hayden, Blake, Aaron... .
Aaron ! Il a besoin d'aide, et c'est en le voyant écrasé contre le torse du voyou que je m'en rappelle.

Les yeux de Hayden sont plongés dans les miens, qui, quelques secondes auparavant, étaient sans vie. Lorsqu'il se rend compte que je suis de nouveau maître de moi-même, il me tire devant lui avant de me dire :
-- Rejoins Nate et dépose le gnome dans la voiture. Il dit tout cela en plaçant délicatement le fameux "gnome", aussi appelé Aaron dans mes bras.
Je le saisis avant de m'élancer dans la direction qu'il m'a indiqué. Honnêtement, à cet instant, plus rien ne compte hormis la vie de l'être innocent que je porte et à qui on n'a détruit la vie. Mais je vais me rattraper, je serai là pour lui, certes je ne pourrai jamais remplacer ses parents mais il pourra compter sur moi.

Je ne sais pas si c'est l'adrénaline qui coule dans mes veines mais en tout cas j'arrive en moins de deux minutes au van noir de Nate. Je saisis la poignée du van avec précaution vu que je ne maintiens plus qu'Aaron d'une seule main, qui de plus est fatiguée du poids de l'enfant et de la pression que mon corps endure. Je pose "le gnome" sur les sièges en cuir noir du van rapidement puisque je n'ai pas de visuel sur la situation derrière moi.
Mais c'est lorsque des coups de feu violent retentissent dans mon dos que j'accélère le mouvement et ferme violemment le porte coulissante de la voiture.

-- Merde, qu'est ce qu'il fout putain ?! S'écrit Nate, inquiet du sort de son ami.
-- T'attends quoi ? Va l'aider ! J'ordonne avec une autorité qui ne m'est pas habituel. En effet, je ne comprends absolument pas son manque de réaction face à la situation.
-- Ne me regarde pas comme ça Hope ! Tu crois vraiment que si je pouvais je n'irais pas sauver mon frère ? Non, crois-moi j'irais sans hésiter, mais cet ordure m'a ordonné de privilégier ta survie alors monte immédiatement dans ce van !
Cette annonce fige en un instant mes muscles sauf celui de ma mâchoire qui s'entrouvre sans que je ne le décide.
-- Qu...QUOI ! Ce voyou a décidé de jouer au héros et de se laisser se faire exterminer par les Hommes de Blake.
C'est hors de question ! C'est en sentant le métal froid qui frotte sur ma cuisse depuis le début de la soirée que je m'en rappelle et qu'une idée brillante me vient en tête.

Alors sans perdre une seconde et sous le regard interrogateur de Nate je me retourne et m'élance dans la direction des tirs.
En arrivant à toute vitesse au coin du mur de la villa en débris je sens qu'une douleur violente se propage dans le haut de mon bras.
-- Arghh ! C'est la seule chose qui sort de ma bouche. Comme à chaque instant de peur je me fige les yeux écarquillés en ne percevant que le bruit des balles qui ne cessent de me frôler. Je touche la zone douloureuse qui se situe sur mon bras gauche et lorsque je regarde de nouveau ma main, elle est couverte de sang.
À peine ai-je le temps de réaliser que...
-- HOPE ! S'écrit la voix colérique d'Hayden.
Il est assis contre une ruine d'un mur qui semble lui offrir un tant soit peu une protection.
Il saisit ma main et la tire sauvagement pour me faire tomber sur les genoux et me force à me placer contre ce débris comme lui.

Je ne l'ai jamais vu comme cela auparavant : ses yeux se baladent de tous sens, il semble avaler difficilement sa salive et ses mains ensanglantées comme les miennes, tremblent.

-- Eh Hayden, qu'est ce qui se passe ? Moi même je ne comprends pas d'où vient cette sérénité sachant qu'entre chacun de mes mots, nous pouvons entendre les impacts incessants contre ce faible rempart.
-- J'ai plus de balle, et ils se rapprochent... on va mourir. Pourquoi tu es là, pourquoi tu n'es pas dans ce foutu van ?
-- Ce n'est pas le moment approprié pour un interrogatoire je pense mais cela va peut-être t'être utile.
Je prononce ces mots en remontant ma robe qui est maintenant dans un sale état comme l'entièreté de ma personne, et j'enlève ce pistolet de la jarretelle qui entoure ma cuisse.

Je lui tends fièrement mais pourtant son regard n'est pas tout à fait comme je l'espérais. Et sans que je n'ai la moindre idée de pourquoi, il se met à éclater de rire et ce n'est pourtant ni le moment, ni l'endroit.
Entre deux éclats de rire il arrive à prononcer :
-- Oh putain Hope je n'aurai jamais pensé me taper un fou rire juste avant de crever. Oh... Merci beaucoup pour ça. Prononce-t-il bien sûr ironiquement.
-- Je peux savoir ce qui est drôle ? Le fait qu'on va se faire massacrer dans quelques instants ou le fait que je suis venue malgré tous les risques que cela présentait. J'ai même pris une balle dans le bras, et toi tu ne me remercies pas pour ça mais pour t'avoir donné un fou rire.
-- TOTALEMENT ! Continue-t-il toujours dans sa crise de folie.
-- Tu veux mourir c'est ça ? Parce que ce n'est pas mon cas donc prends cette arme et tire !
-- Ça va être compliqué ça.
-- POURQUOI PUTAIN ?! Cette fois-ci s'en est trop je ne peux plus me contrôler et je sais, même en l'absence de miroir que mon visage est rouge de colère.
-- Parce que ce flingue Hope, c'est un faux ! Tu as risqué ta vie et on va mourir ensemble et maintenant pour un faux flingue !