Après sa drôle de discussion avec Bertille, Mélusine était rentrée chez elle. Elle fixait les flammes orange qui crépitaient dans la cheminée. Pourquoi avait – elle accepté de suivre la renarde dans cette aventure risquée ? Pourquoi ? Qu'est ce qui lui était passé par la tête, bon sang ?! Bertille était une folle et elle l'avait quand même suivie !
La louve soupira longuement. En réalité, une part d'elle-même espère que la fille du maire avait raison, que ce n'était pas une autre folie comme elle avait l'habitude de voir. Il fallait également avouer qu'elle espérait que le voyage s'allonge et qu'elle rate l'heure du discours. Mélusine n'arrivait pas à contrôler le flux de pensée qui se déversait dans son esprit. Elle prit une grande goulée d'air, se leva et partit préparer ses affaires.
Quelques heures plus tard, alors que la jeune bibliothécaire dormait à poing fermé sur le canapé, elle fut réveillée par l'arrivée de quelqu'un. Levant la tête, elle aperçut sa sœur, Alicia, qui rentrait de la boutique d'antiquité qu'elle tenait en ville.
" - Quelle journée ! S'exclama Alicia, en s'allongeant dans le siège voisin de là où se trouvait sa cadette.
- Tu as l'air d'être fatiguée, Ali. Remarqua Mélusine.
- J'ai passé la journée à décorer mon magasin et celui de Glenn, il avait besoin d'aide. Sinon tu as fini ton discours, Lulu ?
- Toujours pas, j'ai le syndrome de la page blanche."
La grande sœur de la louve lui tapota gentiment la tête, se releva et se dirigea vers la cuisine, sans doute pour se préparer à manger. Sa cadette se rendormit presque aussitôt.
A l'aube, Mélusine entendit qu'on frappait à sa porte. Elle se frotta les yeux et tituba jusqu'à l'entrée. C'était Bertille qui était vêtue d'un joli trench Coat marron et d'un chapeau en taffetas noir.
" - Bonjour ma jolie ! Es-tu prête à t'envoler vers la Péninsule Nord ? Chantonna la renarde en désignant sa valise en cuir.
- Je prends mon sac et on y va. Répondit la louve grise en récupérant son bagage qui traînait près du canapé."
Mélusine enfila son gros manteau beige et enroula son châle autour de son cou avant de suivre Bertille dans le froid piquant du début de journée hivernale. Les deux amies traversèrent tout le village qui était plongé dans un silence de mort. Elles arrivèrent à la petite gare de Grandrocher qui surplombait les maisons. La bibliothécaire observa cet endroit qu'elle n'avait jamais quitté, son foyer. Sa compagne lui donna un gentil coup de coude.
" - Tu as peur ma mignonne ? L'interrogea la rouquine en la fixant de ses belles iris ambrées.
- Un peu. Je n'ai jamais quitté Grandrocher, donc j'ai une certaine appréhension. Expliqua la grise en resserrant sa prise sur l'anse de son sac de voyage.
- Fais-moi confiance, ma douce, cette aventure se passera à merveille."
Tout à coup, un bruit strident brisa le silence de la Vallée. Le train entrait en gare, il s'arrêta dans un crissement abominable, qui fit frissonner Mélusine et sourire Bertille. Les voyageuses montèrent à bord et s'installèrent dans une cabine.
***
Le paysage enneigé des Montagnes d'Argent défilait à travers la vitre du train. De temps à autres, on apercevait brièvement des petits villages et les habitants regardaient la belle locomotive noire luisante, filer à travers les monts blancs de la Côte Est qui mènent à la fameuse Péninsule Nord.
Bertille lisait tranquillement un livre en sifflotant un air à la mode tandis que Mélusine écrivait dans son carnet rouge relié. Elle expliquait sa pensée et la situation rocambolesque dans laquelle, elle se trouvait.
Soudain une chouette entra dans la cabine, vêtue d'un uniforme de contrôleur.
" - Bonjour Mesdames, vos tickets s'il vous plaît. "
VOUS LISEZ
Grandrocher - L'Arbre de l'Imaginaire
General FictionA Grandrocher, petit village perdu dans les montagnes, tout le monde prépare la Fête des Perce-Neiges. La joie règne sauf du côté de Mélusine Poilgris car c'est elle qui doit faire le discours du lancement des festivités de cette année. A cours d'in...