Amélia épongea le front brûlant de Gabriela. Selon ses dires, la jeune femme avait chu de sa chaise. Elle aurait convulsé et gémit dans un coma hallucinatoire et terrifiant. Progressivement, elle revint à elle, essayant de comprendre ce qui avait bien pu lui arriver.
Gabriela eut la sensation d'émerger de l'onde, comme elle le faisait autrefois. Reprenant sa respiration, elle regarda frénétiquement autour d'elle, comme si elle cherchait quelqu'un.
— Que...où est-il?
Amélia cligne des yeux, éberluée.
— De qui est-ce que tu parles?
Gabriela secoua la tête et essaya de se relever. Les forces lui manquaient, mais heureusement, son amie l'aida et elle put s'asseoir dans son canapé le plus confortable. Progressivement, elle reprit connaissance des lieux et de ce qui venait de se produire. Elle demanda un peu d'eau et Amélia s'exécuta avec la plus grande des douceurs, lui portant un verre en grès et veillant sur elle comme une mère.
Alors qu'elle avalait quelques gorgées d'eau revigorante, les visions qui l'avaient assaillie redevinrent claires dans son esprit.
— J'ai eu une sorte de vision.
— C'est la première fois que cela t'arrive, non?
Gabriela haussa les épaules. Était-ce vraiment la première fois? Elle ne saurait répondre. Elle préféra se concentrer sur cette scène qui tournait en boucle dans sa tête.
— Je voyais une femme, emmaillotée dans un épais manteau en laine, dans un paysage enneigé. Elle était près d'un lac, elle fuyait quelqu'un. Elle avait peur.
Amélia se frotta la nuque. Elle se servit également de l'eau et prit un temps de réflexion avant de lui répondre.
— Ma belle, je ne saurais dire ce que cela peut signifier. Cela semble bien étrange. Tu n'as jamais rien vu de tel?
— Non, jamais. J'ai mille fois vu des paysages enneigés dans ma contrée natale, mais cette fuite, cette femme... Jamais.
Gabriela se redressa un peu. Elle porta son intention à son environnement. La vue de son jardin apaisait quelque peu son esprit. Elle repensait à son projet de serre, pour lequel s'était déplacée Amélia. Au lieu d'avancer et de mettre en place les fondations de ce bâti plein de promesses, elle se retrouvait fébrile, marquée par une vision sortie de nulle part. Elle retint un soupir.
— Je suis vraiment navrée, Amélia, nous perdons du temps avec toutes ces histoires.
Amélia fronça les sourcils. Elle tapota l'épaule de son amie.
— Allons, cesse de dire des âneries, ce n'est pas de ta faute. Si tu as eu cette vision, c'est qu'il doit y avoir une raison.
Gabriela haussa les épaules. Cela serait plus simple de se dire qu'elle avait un esprit fêlé et que des choses aléatoires pouvaient bien lui arriver. Il lui arrivait à imaginer, à force de faire des rêves si étranges et colorés, que les évènements loufoques devenaient sa spécialité. Comme si elle captait ses pensées, Amélia secoua la tête.
— Il faut creuser, très chère. Je connais peut-être quelqu'un qui pourrait t'aider.
— Vraiment? l'interrogea Gabriela.
— Oui, il s'agit d'une chamane. Elle se fait appeler Sanoki de Belloran.
— Elle se fait appeler?
— Oui, elle dissimule sa véritable identité. C'est une personne un peu fantasque, mais j'ai amplement confiance en ses capacités.
Gabriela égara son regard dans le fond de son verre. Dans le reflet de l'onde, il lui sembla revoir cette femme esseulée, perdue dans le froid.
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L'Onde et la nuit
VampireAlors qu'elle tente de mener une vie paisible dans son cottage anglais, Gabriela, délicate demoiselle aux origines slaves et féeriques fit une rencontre bouleversante un soir d'orage. Adrian, un lord énigmatique, agit avec elle comme s'ils se connai...