Chapitre 6

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HELLO, MON POUSSIN

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J'émerge lentement du sommeil, bercée par le doux chant des oiseaux, un moment presque poétique... jusqu'à ce que le bruit bien moins mélodieux des ronflements de Cassie vienne ruiner l'instant. Génial. J'ai droit à une symphonie matinale entre la nature et le moteur encrassé qui me sert de meilleure amie.

Avec une grimace, j'essaie de me dégager doucement. Peine perdue. Elle a littéralement la bouche collée à mon oreille, et chaque respiration ressemble à une menace de noyade auditive. Après une manœuvre délicate, je réussis enfin à me redresser et jette un œil à mon téléphone : six heures du matin. Super. L'heure parfaite pour questionner mes choix de vie.

Je secoue légèrement Cassie pour la réveiller. Elle grogne comme un ours en pleine hibernation et se retourne, puis ouvre enfin un œil, l'air d'une survivante d'apocalypse. Après quelques secondes d'errance existentielle, elle se lève en traînant des pieds vers la salle de bain générale. Quant à moi, direction ma salle de bain privée. L'eau froide sur mon visage finit de me ramener à la réalité.

Une fois prête, je récupère mon sac, mon téléphone et mes écouteurs avant de descendre. En bas, c'est presque une scène de sitcom matinale : Andrew joue la fée du logis avec un balai à la main. Oui, on y croit à mort. Cassie est installée au comptoir, absorbée par son téléphone, et James est en cuisine.

L'odeur du café fraîchement préparé flotte dans l'air, se mêlant à celle des toasts grillés. Il me jette un coup d'œil et me salue d'un signe de tête.

— Déjà debout ? demande-t-il avec un sourire.

— Non, tu rêves, James. En réalité, je suis encore au lit et tout ceci est une hallucination collective, répondis-je en ajustant la sangle de mon sac.

Il ricane, habitué à mon sarcasme matinal.

— Besoin d'aide pour quelque chose ?

— Non, tout est sous contrôle, répond-il en retournant à ses œufs brouillés. Mais prends un café avant de partir, ça te fera du bien.

Je me sers une tasse de café au lait.

— Où est Lulu ? demandai-je en m'installant à côté de Cassie.

— Toujours en mode marmotte, répond-elle sans lever les yeux de son téléphone.

Bien sûr. Pendant que certains se battent pour exister dès l'aube, d'autres vivent leur meilleure vie sous la couette.

À ce moment-là, des bruits de pas retentissent dans l'escalier. Je tourne ma tête vers la gauche et aperçois ma sœur qui descend, habillée d'un short en jean et d'un sweat à capuche, capuche bien enfoncée sur la tête. Ses longs cheveux bruns glissent sur ses épaules en mode pub L'Oréal. Elle a cette aura de fille qui se réveille belle et fraîche sans effort.

— Salut tout le monde ! lance-t-elle de très bonne humeur.

James lève les yeux de sa poêle et sourit.

— Tu es prête à conquérir le monde, on dirait, dit-il en riant.

— Toujours ! répond-elle avec une pirouette.

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