Acte III - Scène 4

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Illustration : https://www.deviantart.com/orekigenya/art/ZED-FanArt-604494890

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« Tranchez le dernier lien qui les retient. »

Une délicieuse caresse sur mon torse me sortit de mon demi-sommeil. Mes paupières s'entrouvrirent. Le nez dans sa chevelure noire, j'inspirai à la dérobée le parfum entêtant de la belle Hirose. Ma main encore posée dans le creux de sa hanche s'y promena lentement. Hirose se lova contre moi et je refermai les yeux, englouti par un océan de plénitude. Quelle sorcellerie s'abattait sur mon esprit ? Mes actes et mes émotions s'abandonnaient aux frémissantes oscillations de mon cœur comme si j'avais remonté les sentiers insouciants de ma jeunesse révolue. Hirose et ses beaux yeux, en sa présence mon existence se délestait de tout, le monde sombrait dans l'oubli et la fin de cet instant devenait ma seule hantise.

Sa main descendit sur mes abdominaux, m'arrachant un sourire. Elle était raide dingue de mon corps athlétique, comme une pucelle qui n'en aurait encore jamais vu d'aussi près. Elle me percevait par le prisme d'une admiration innocente — que je ne méritais pas — dont je me délectais, coupable. Je m'en étais donné à cœur joie comme elle m'avait offert un passe-droit, sans retenue, attentif pourtant à la façon dont elle réceptionnait mes pulsions et elle en redemandait encore, insatiable. 

Je saisis doucement sa main, ramenai ses doigts entre mes lèvres pour les mordiller. Elle releva vers moi un minois espiègle. Ses grands yeux d'émeraude capturaient si facilement mon être que je me questionnais sur un éventuel sort de séduction. Comment avait-elle pu me conquérir si aisément sous son petit air innocent ? — J'étais faible, voilà la vérité. — A notre première rencontre je n'avais aucunement l'intention de la préserver. Elle n'était que l'instrument d'un plan rigoureusement préparé, un pion à sacrifier. Pourtant...

Elle caressa doucement ma joue. Pourtant la virulence de ses regrets m'avait adoucit lorsque cette nuit-là, elle avait enjambé le garde-corps pour y mettre un terme. Elle était brisée et en lui tendant la main, j'avais ravivé quelque chose en elle. Ce soir-là sur le navire, elle s'était raccrochée à ma seule personne. Lui céder ma confiance par la suite, dans la précipitation, était un coup irréfléchi qui lui avait permis de tirer son épingle du jeu. D'un simple pion, elle s'était hissée à la place d'une pièce maîtresse, impossible à sacrifier. Et je ne le comprenais que trop tard. Sombre idiot.

Ses lèvres se posèrent tendrement sur les miennes. Tandis que j'approfondis notre baiser, mes mains agrippèrent ses fines hanches et je basculai au-dessus d'elle. Ses bras se verrouillèrent autour de mon cou. Sa langue caressa la mienne et mon bassin se frayait déjà un chemin entre ses cuisses élancées. Elle m'appartenait.

L'orgueil de la dérober à Jhin s'était-il mêlé à mes intentions altruistes ? Ou était-ce simplement de son charme insolent dont j'aurais du me méfier ? Mon manque de prudence face au piège de la tentation s'était révélé punitif : je m'étais condamné dès le premier faux pas. Je me surprenais même à comprendre pourquoi Yevnai trompait Shen avec ce vulgaire Vastaya. Il était trop tard pour reculer et plus absurde encore de regretter. Hirose, ma belle et vile tentatrice.

Je m'insérai dans sa chaleur, mon esprit glissa dans l'abîme. Sa voix s'étouffa dans notre baiser. Ses cris de plaisir — ses aveux de satisfaction — fauchaient ma raison et attisaient ce désir continuel et irrépressible de la soumettre corps et âme. Toute la nuit nous n'avions fait que nous consumer dans le péché et pourtant nous étions encore là, infatigables, brûlants de fièvre, incapables de nous affranchir l'un de l'autre dans la crainte secrète de ne plus en avoir l'occasion. A chaque va-et-vient, à chacun de ses gémissements, chacune de ses supplications, je me souvenais pourquoi mon désir dominait mon devoir. Irrésistible, singulier, intense. L'acte en lui-même ne valait rien, mais elle... douce Hirose, j'étais prêt à tout sacrifier pour un soupir de plus, pour un frémissement, pour une cambrure de son corps soumis au mien. Hirose. Un coup de rein lui fit rompre notre baiser dans un gémissement implorant et son regard me provoqua dans une désinvolture qui me fit perdre pied.

Ode au Chaos [ Zed & Jhin • League of Legends fanfiction ] (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant