Rendu du Concours Lune de chêne

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Sous une lune crépusculaire, un lac bleu miroite et pétille

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Sous une lune crépusculaire, un lac bleu miroite et pétille. Sa surface lisse semble frémir face au vent implacable. Tandis que le temps file , l'eau calme se couvre d'ébène. Et brusquement , la surface de l'eau se trouble , formant des vaguelettes venant lécher le rivage.  Le vent froid vient fouetter le visage baigné de larmes de la jeune femme lançant des galets dans les profondeurs du lac. Ses cheveux roux volent autour de son corps recroquevillé. Ses yeux vert fixent les vaguelettes , remplis d'une tristesse que nul ne pourrait éprouver.
   Pourtant, sa peine semble s'apaiser quand la pluie ruisselle sur son corps fatigué. La surface du lac , autrefois plane , devient un champ de guerre d'ondes bleutées, se chevauchant pour créer un magnifique spectacle à la jeune rousse endeuillée. Un oiseau chante, comme pour dissiper le malheur de se monde gris.
   Un silence assourdissant semble alourdir les lieux, seul le clapotis de la pluie sur l'étendue d'eau vient troubler le malaise que procure ce silence à la jeune femme.
Elle sort un carnet de sa poche et commence à écrire. Une écriture soignée, pourtant anéantie par le mélange de pluie et de larmes mouillant ses pages.

Prends ton courage à deux mains
Viens me rejoindre, demain matin
Pleure avec moi , sous le grand chêne
Lâche avec moi , les dernières graines
Vois les cendres dans le vent
Vois passer ce dernier instant
Tu n'as pas eu le courage
Maintenant, j'écris ces pages
Je suis seule à le pleurer
Encore une fois, abandonnée

    Ayant écrit le dernier mot , elle range son cahier. L'inspiration s'en est allée, elle est libre, elle vient réjouir chaque artiste, puis s'en repart. La rousse lève la tête en fermant les yeux. La pluie fraîche s'écoule sur son visage et remplace les larmes, qui , à force de couler, ne le pouvait plus. Elle est seule dans le parc, seule avec son malheur.
   A ce moment là, elle ne souhaite qu'une chose, dormir. Dormir éternellement, laisser là cette misérable vie , cet affreux monde et ces être cruel. S'abandonner à la mort, qui a déjà pris son âme sœur. Déjà pris son cœur.
Sur ce triste monde ne reste plus qu'un corps. Sans espoir ni avenir, sans souhait ni plaisir.
Pourtant elle ne peut pas abandonner, elle l'a promis. Elle restera jusqu'à laisser sa trace dans ce monde sadique.
   Elle ouvre les yeux, pareille aux fleurs s'épanouissant dans le neige d'hiver. Ses cheveux forment la seule source de couleur dans le ciel gris parsemés de nuages foncés.
   L'obscurité envahi totalement le paysage déjà trop sombre. Les étoiles brillent, les morts s'éclairent, rappellent leurs présence , rappellent que l'on vit en enfer.
Elle se relève et marche jusqu'au pied d'un immense chêne. Elle sort de sa poche un sachet contenant une poussière noire.
- Tes cendres , s'envolent, comme mon âme, peu à peu.    Murmure elle pour elle même.
Elle ouvre le sachet et laisse les cendres virevolter dans le vent. Puis sort de son cahier un pissenlit sec et laisse également ses graines se disperser au 4 coins du monde. Un rituel, peut-être, ou une dernière volonté, accomplie.
Elle s'assoit calmement contre le tronc de l'arbre et sèche ses larmes.
Pour elle , le passé doit rester où commence les rêves.
Elle n'oubliera pas , mais elle restera la conscience tranquille, quand son nom effleurera ses oreilles.
Elle n'éprouve pas assez de haine à la vie pour la quitter. La seule personne qu'elle hais en ce moment est celle qui n'as pas eu le courage de venir une dernière fois.
Mais elle pardonnera, elle finis toujours par pardonner. Elle pardonnera même sa mort , une fois partie.
La lune brille d'une lueur surnaturelle au dessus du lac froid. Cette pâleur le rends distant, comme impénétrable, inaccessible.
La lumière glacée se reflète sur les gouttelettes faisant ployer les hautes herbes. La pluie c'est arrêtée depuis plusieurs minutes déjà.
Le vent fait virevolter une dernière fois les cheveux flamboyants de la jeune femme avant qu'elle ne se décide à rejoindre le petit appartement qu'elle occupe.
Elle fait le détour par un café mais s'endort sur une table extérieure.
La chaleur de sa tasse n'est plus quand elle ouvre les yeux, à l'aube. Le soleil perce les nuages, le ciel bleu en est parsemé.
On pourrait presque oublier le malheur des jours précédents.
Sa veste noire est posée sur ses épaules et un mot écris à la va vite repose sous un galet.

Enchanté Mme , j'espère que de nouveau            plaisirs  fleuriront dans votre grand cœur.
               Gardez la tasse , et bonne journée !

Elle sourit. Certaines personnes sont une bénédiction pour ce monde.
Elle repart chez elle. Dans une main le galet et le message, dans l'autre la tasse. Son carnet , rangé dans l'une des grandes poches de sa veste , renferme à présent le souvenir d'une mort , et la promesse d'un nouveau départ.

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