Noem 1

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Je suis en classe, en cours d'anglais. Le cours est passionnant mais la sonnerie retentit et je sors de la salle maussade en trainant des pieds. On est mercredi et je n'ai rien à faire cet après-midi. Je suis plongée dans mes pensées quand je sens qu'on me bouscule. Je me retourne juste à temps pour voir une petite collégienne s'étaler près de moi. Je me précipite vers elle pour l'aider à se relever et tandis qu'elle me bredouille des excuse je la coupe et lui dis que tout ce qui m'importe c'est qu'elle ne se soit pas fait mal.  Je la laisse enfin repartir quand elle m'assure pour la troisième fois que tout va bien. En sortant dehors le vent s'engouffre  dans mes cheveux et les faits voler devants mes yeux. Ils sont vraiment d'un blond presque doré au soleil. Je salut quelques amis et emprunte les petites ruelles qui me ramènent chez moi. Dans une artère, un homme adossé à une camionnette  fume. Je détourne le regard  quand il se met à m'observer et me replonge dans mes pensées, dans quelques minutes je serais devant un bon repas chaud. J'entends des bruits de pas rapides derrière moi et me retourne. J'aperçoit fugacement l'homme qui fumait tout à l'heure juste en face de moi avec une batte de base-ball dans la main. J'ai à peine le temps d'hurler que le noir m'engloutit.

Mon cri me réveille. Mon lit est trempé de sueur et mon front aussi. Il me faut quelques minutes pour me calmer, reprendre mes esprits. . . et me rendre compte que quelque chose cloche: je déteste l'anglais, c'est d'un ennuie à mourir! Je me rappelle aussi que mes cheveux sont blonds dans mon rêve et non rouge et noir comme dans la réalité. Mais ce qui me trouble le plus est la réaction que j'ai eu envers cette gamine . JAMAIS je ne me serais abaissée au niveau d'une personne qui m'ai bousculée. Et puis quand bien même je n'aurais pas eu ce comportement, je n'ai pas d'amis à saluer (de toute façon, compter sur quelqu'un c'est être faible). Pourtant, j'ai l'intime conviction que cette personne. . . c'est moi.

Je secoue la tête pour me remettre les idées en places et entame ma routine. Cependant, si mon rêve monopolise encore mes pensées quand je termine mon petit-déj, il s'évapore totalement au moment où je reçois un message de Matt qui m'annonce qu'il m'attend en bas de chez moi. J'attrape mon sac, souhaite une bonne journée à mère et dévale l'escalier quatre à quatre, un sourire niais plaqué sur les lèvres. Matteo est là, il m'attend adossé à son scooter en checkant ses notifs. Je me jette dans ses bras.

-"Hey! Tu m'as fais peur  Bébé. . ." me dit-il en remplaçant une de mes mèches derrière mon oreille.

On s'embrasse fougueusement et il me tends mon casque.

-" Sérieux? J'ai vraiment besoin de ça?" lui dis-je d'un air méprisant.

Il me lance un petit sourire en coin:

-"Non mais ta mère connais approximativement tout les voisins et quitte à ce qu'ils nous crament, je préfère qu'elle pense que tu sors avec un mec anodin."

Je me détends un peut, lui prends le casque des mains et l'enfonce sur ma tête en souriant.

-"D'accord trésor, si c'est toi qui demande. . ." 

Puis je m'installe derrière lui sur le scooter et enroule mes bras autour de son torse.

-"Bah dis donc t'as perdu des muscles toi!" lui-dis 'je en rigolant. 

Il tourne la tête vers moi et fronce les sourcils.

-"Arrête Bébé, tu me fais pas rire!"

Je lui réponds en l'embrassant sur la joue:

-"Pardon trésor. . ."

Il se met à démarrer et tandis que le vent fouette mon visage et soulève mes cheveux je repense à cette fille. A son kidnapping. Et tout d'un coup j'ai peur, une peur viscérale  et gluante qui monte jusque dans ma gorge. Et si ce kidnapping avait eu ou aurait lieu? Et si cette fille était vraiment en danger?

Et si au final, cette fille, c'était vraiment moi? 

Noem et NoélieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant