Et pourtant je te détestais - Dramione

Chapitre 2 : Millicent

5 avril 1994

La nuit tombée, je descendis à la Salle Commune où régnait une effervescence de veille de match. En effet, Gryffondor affrontait Serdaigle au lendemain : tous les élèves étaient agglutinés autour des joueurs de l'équipe, scandant des vœux de réussite tandis que Dubois s'impatientait.

« - Lee, Dean, Seamus... Cessez d'épuiser mes joueurs. Tout le monde doit être en forme pour demain. C'est un gros match qu'il nous faut disputer.

- Relax, Olive. On ne va faire qu'une bouchée des rapaces. » sourit George Weasley en lui passant le bras derrière l'épaule d'un air enjôleur.

J'aperçus alors Harry, aux prises d'une Ginny timide qui avait tenté sa chance ce soir-là. Assise près de lui, elle lui présentait ses carnets de Potions, dans l'espoir qu'il l'aide à résoudre des questions sur le Polynectar. Harry lui prêtait très peu d'attention, car il lisait lui-même un livre de stratégie de Quidditch.

« - Je vous ai entendu avec Ron cette été tu sais. Je sais que vous en avez préparé l'année dernière. »

Harry lui jeta un coup d'œil embarrassé, s'efforçant d'esquisser un sourire.

« - Ecoute Ginny, je n'ai pas la moindre idée de ce à quoi tu fais allusion. Je serais ravi de t'aider, mais je n'ai pas de très bonnes dispositions en Potions. Puis je dois réviser pour demain. C'est un très gros match tu sais. »

Ginny soupira et hocha la tête avec résignation. Elle se leva, s'essayant à effacer de son visage la triste mine qui avait pris le dessus sur son expression habituellement joviale. Je levai les yeux au ciel, accablée par le manque de tact de mon ami. Ginny était très visiblement et irrémédiablement éprise de Harry, mais celui-ci ne paraissait ni le remarquer, ni essayer de lui faire abandonner ses espoirs avec douceur. Quoi qu'il en soit, Harry paraissait suffisamment occupé pour prêter grande attention à son environnement. Je jetai un œil à Ron, affalé sur le canapé vermillon, qui avalait les Chocogrenouilles que Molly lui avait envoyé pour Pâques.

Mon sang ne fit qu'un tour. C'était maintenant ou jamais. Je fis demi-tour, montai les escaliers de pierre à toute vitesse et me faufilai dans l'entrebâillement de la porte qui menait à la chambre des garçons.

« - Hermione ? »

Je sursautai avec vigueur et me retournai lentement, prise sur le fait. Neville Londubat, le regard étonné, me dévisageait avec surprise. Je peignis un large sourire et l'apposai sur mon visage.

« - Neville ! » Je m'empourprai. « Oh, je t'en prie ne dis à personne que tu m'as vue ici, je pourrais avoir de gros ennuis.

- Les filles n'ont pas le droit d'entrer ici. » fit-il en hochant la tête, l'air penaud.

« - Je sais bien. Et toi, tu sais pertinemment que ce n'est pas dans mes habitudes d'enfreindre les règles. Je ne le ferais pas si... eh bien, si Ron n'était pas aussi énervant. »

Neville arqua un sourcil interrogateur tandis que mon cœur s'accélérait. L'heure tournait, Malefoy allait bientôt arriver au point de rendez-vous. De plus, Harry pouvait remonter dans sa chambre rapidement et je ne pourrais alors rien faire, privée de la carte du Maraudeur. Je me creusai la tête, à la recherche d'une justification spontanée.

« - Vois-tu, depuis que son rat Croûtard a disparu, il s'amuse à m'embêter. L'autre fois, il a jeté un sort à ma potion quand j'avais le dos tourné, ce qui a eu pour effet de la rendre absolument nauséabonde. Mes vêtements ont senti le chou toute la journée après cela, et Rogue m'a retirée cinq points. Je veux simplement lui rendre la pareille.

- Je ne me rappelle pas que tu aies un jour raté une potion. Enfin bon, je ne veux rien savoir. J'ai déjà suffisamment d'ennuis comme ça, je ne voudrais pas qu'on me retire d'autres points pour complicité ou je-ne-sais-quoi. Les autres Gryffondors sont déjà bien irrités ; le mois dernier, j'ai fait perdre vingt-cinq points à la maison en l'espace d'une semaine. »