since three years

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Le même son strident résonnait dans son oreille. Le même, encore et toujours.
Il n'attendait pas de réponse, pas de « allô » remplaçant les bip bip. Il appelait et attendait la tonalité d'occupation, c'était comme ça.

Il avait finit par poser son téléphone sur son lit, l'oubliant presque dans les draps. Son plafond devenait la chose la plus intéressante qu'il n'ait jamais connu durant ces longues secondes de battement.

Puis alors que les dernières résonances retentirent et qu'il allait se saisir de son cellulaire pour jouer au jeu de la pastèque, une voix éteinte, presque robotique retentit.

- Max ?

Son cœur manqua un battement, ou deux qu'il rattrapa la seconde d'après. Il n'était pas préparé à ça, à ce qu'il décroche. Encore moins en l'appelant ainsi.

- Sidjil ?

Son téléphone qu'il avait récupéré dans sa main bougeait frénétiquement de gauche à droite. Il ne savait pas ce qui causait ces tremblements, l'appréhension ou l'excitation.

Peut être un mélange des deux.

- Je m'attendais pas à ce que tu décroches en fait. Après 3 ans je crois que j'ai un peu perdu l'habitude.

Il voulait être honnête, et il y arrivait.

- Je sais. Je suis désolé.

Maxime ne répondit rien, il n'en avait plus envie. Plus envie de recevoir ses excuses vagues pour qu'il réitère la fois d'après, plus envie d'avoir à écouter ses explications, plus envie de souffrir.

- J'ai eu mon mariage le week-end dernier Max.

Un téléphone les séparaient mais en réalité, ils étaient chacun au pied d'un mur.

C'était la sensation qu'avait Maxime, qu'un mur le séparait de son ami, s'il pouvait toujours l'appeler ainsi.

Face à face, et entre eux, une épaisse couche de béton. Comme s'ils étaient voisins, qu'ils voyaient toute la vie de l'autre, qu'ils se connaissaient parfaitement. Mais au final pas temps que ça.

A l'époque où Sidjil répondait encore aux appels téléphoniques de Maxime, il lui disait qu'il ne voulait pas se marier, que ça ne l'intéressait pas.

Puis ils devinrent spirituellement très loin, d'un coup. Comme si l'annonce les avaient repoussés l'un de l'autre.

Maxime parlait désormais à un inconnu.

- Je suis désolé Maxime...

Sidjil ne pleurait pas, mais si ses yeux avaient pu déverser la mer et ses poissons il l'aurait fait. C'était lui qui plantait le couteau mais il se blessait lui même.

Et Maxime en avait même oublié qu'il était à l'autre bout du fil, cet inconnu qui l'appelait par son prénom.

Since three years [djilsime]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant