Le col de fourrure

117 10 0
                                    

Cette histoire ne vient pas de moi. Je l'ai trouvé dans un vieux livre dans ma cave et je l'ai adoré donc je vous en fait part.

***********************************************************************************

Suzanne était ma meilleure amie. J'essaie bien de ne plus penser à elle, mais il y a certaines nuits où, seule dans ma chambre, je me souviens...

Tout ça est arrivé l'an dernier pendant les vacances de Noël. Suzanne m'avait demandé de passer la nuit chez elle. Elle habitait une énorme maison triste en retrait du chemin. Ses parents étaient absents jusqu'au lendemain et nous nous promettions de bien nous amuser, toutes seules, sans grandes personnes.

Vers minuit, nous décidions de nous préparer pour la nuit. Suzanne avait reçu en cadeau une magnifique robe de chambre en velours rouge garnie d'un col de fourrure épaisse. Habillée de cette façon, elle semblait sortir tout droit d'un film de Dracula.

Nous avions regardé la télévision dans le salon mais quand nous avions éteint, l'étage tout entier nous avait semblé immense et désolant.

Nous montions quand soudain, comme si nous avions le diable à nos trousses, nous nous sommes mises à grimper les marches quatre à quatre.

La porte de la chambre n'était pas sitôt fermée que nous nous moquions de notre peur, mais aucune de nous ne serait ressortie. Assises en indien sur le lit, nous causions de choses et d'autres. C'est alors que nous avions entendu un bruit.

Ça ressemblait au frottement d'un couteau sur une vieille meule.

Nous nous sommes vite arrêtées de parler.Nous nous regardions, effrayées. Le silence était presque palpable. Suzanne se mit à rire : elle était sûre d'avoir déjà entendu ce bruit dans la maison. C'était probablement un volet mal fixé. Cela me rassura et reprîmes notre conversation. Soudain, nous entendîmes encore ce bruit! Comme si des ongles avaient gratté sur un tableau. Même pire encore. Le son grinçant montait des pièces sombres et vides du rez-de-chaussée.

Un air effaré passa dans les yeux de Suzanne comme si quelque chose d'horrible avait traversé son esprit. Avant que j'ai eu le temps de l'attraper, elle était sortie de la chambre en claquant la porte après avoir éteint la lumière d'un coup sec. J'entendis le bruit de ses pas dans l'escalier et puis plus, rien. J'étais assise dans le noir, malade de peur. Je l'appelai, mais n'obtins aucune autre réponse que le silence. Je ne voulais pas rester seule dans la chambre noire, mais je voulais encore moins en sortir. J'entendis alors Suzanne descendre la dernière volée de marches. Elle y allait lentement, comme à regret. Enfin, elle atteignit le rez-de-chaussée. J'attendais dans la chambre, me demandant ce qu'elle faisait. Je me disait que tout devait être parfait puisque, depuis qu'elle avait atteint le bas de l'escalier, le bruit s'était arrêté. Suzanne devait avoir fixé le volet. Peut-être même qu'elle m'avait joué cette comédie pour me faire et qu'elle était maintenant assise dans l'escalier, riant de moi.

Je me levai et m'avançai vers la porte. Je voulais faire de la lumière, mais la peur me retenait comme une main refermée sur ma gorge. Je décidai d'attendre même le retour de ses parents s'il le fallait. Rien ne me ferait quitter la noirceur de la chambre pour une autre noirceur inconnue.

Le temps passait. Je tendais l'oreille et mes nerfs frémissaient à la vision d'ombres imaginaires. J'entendis alors le bruit d'un pas traînant sur les marches du bas. Était-ce Suzanne? Il fallait que ce soit elle, mais les pas me semblait trop lourds, trop calculés. Mon cœur se mit à battre très fort et j'eus peur de perdre l'esprit dans les recoins les plus sordides de mon imagination. Je tremblais de terreur.

Soudainement, je sus quoi faire. La robe de chambre de velours au col de fourrure! J'attendrais que la porte s'ouvre puis je m'approcherais de la personne et lui toucherais le cou. Si je sentais le col de fourrure, je saurais que c'est bien Suzanne et je lui ferais peur à mon tour. Si je ne sentais pas la fourrure...eh bien, je ne saurais pas quoi faire.

En traînant, les pas avaient atteint la deuxième partie de l'escalier. Je forçai mes jambes à me conduire vers la porte.

J'avais la chaire de poule en entendant les pas se rapprocher de la chambre. Je serrai mes bras autour de mon corps. La porte s'ouvrit en grinçant doucement. Je tendis les bras en avant.

Mes doigts se refermèrent sur le col de fourrure épaisse. Soulagée, je voulus toucher le visage de Suzanne. Je n'avais pas l'intention de lui faire peur ; mais quand mes doigts s'éloignèrent de la fourrure, ils ne rencontrèrent que le vide...le vide encore chaud de ce corps décapité...


Scary Stories (VF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant