Destins fatals

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Après avoir fait quelques pas, je me mis à chercher des yeux cette si jolie personne qui m'avait fait tant d'effets. Je la trouvais au même endroit où elle se trouvait la minute plus tôt. Une minute. C'est à la fois long et court. Mais pendant une guerre, ce laps de temps peut signer votre arrêt de mort ou votre ticket de voyage en direction du restant de votre vie. Je la vis comme dans un rêve, sortir de la léthargie dans laquelle elle était plongée et courir. Je pensais qu'elle courait se réfugier sous un toit jusqu'au moment où je me rendis compte qu'elle allait droit vers les assaillants. La peur et l'incompréhension me tordirent douloureusement le ventre alors que dans ma main, Mélissa me tirait vers l'avant. Je la vis échapper aux tirs, et je me remis à marcher pour rejoindre le gymnase, dans le seul espoir de mettre la petite Mélissa à l'abri. Arrivés au centre sportif, je la déposais derrière un placard, et je repartis directement dehors, refusant de laisser cette femme seule devant les agresseurs. Dehors, c'était un véritable massacre ; des corps jonchaient la rue et des flaques de sang s'étiraient à perte de vue. Où que mon regard se posait, tout n'était que massacre et désolation. Malgré les hauts-de-cœur irrépressibles qui montaient en moi, je couru dans la direction où se déroulait visiblement un combat.
Parvenu au conflit, l'horreur me cloua sur place. Comment pouvait-on s'en prendre à une si belle femme ? Elle était encore vivante, mais je n'arrivais pas à voir comment. Une estafilade lui coupait le dos dans toute sa hauteur, ses vêtements étaient réduis à l'état de lambeaux, une de ses jambes devait s'être reçu une balle, et elle était maculée de sang de la tête aux pieds. Pourtant, à quatre contre un, elle tenait bon. Il n'y avait plus aucun espoir, mais elle tenait bon. Dans le seul but de sauver des vies, elle avait offert la sienne. Et lorsqu'on l'abattit, le cri qu'elle poussa était mêlé de désespoir, de souffrance et de soulagement. Mais ce ne fut pas le seul cri. Et celui qui émanait de moi n'était pas un cri de soulagement, mais d'injustice. Alors, je me ruais en avant, poings serrés, bien décidé à me battre jusqu'à la mort. Les yeux remplis de larmes où se mélangeaient rage et tristesse, je ramassais une arme tombée des mains d'un soldat et me mit à tirer sur les ennemis. Et quand je sentis plusieurs balles me transpercer, je me retrouvais à genoux et tombais face contre terre, avec cette phrase dans la tête : "Je ne connais même pas son nom".

Il était une fois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant