Love me...

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I'm cold...

*

Mes doigts se resserrèrent sur mon sac à main. Le cuir se tordit sous ma paume moite. Mes dents s'amusaient à mordre l'intérieur de ma joue. Sur ma tempe, une fine goutte de sueur coula lentement pour rejoindre la commissure de mon œil droit. Je battis des paupières, l'estomac tordu.

J'étais nerveuse.

Erza conduisait dans un calme Olympien qui lui était propre. Je trouvais cette expression débile : les Dieux de l'Olympe n'étaient jamais calmes, ni rationnels.

Comme moi.

La voiture fendait la nuit, et je pressai mon doigt sur un bouton. La vitre se baissa en silence, je laissai mon visage se pencher à l'extérieur. Le vent chaud de l'été me remit les idées en place. J'observai les lumières de la ville défiler sous mes yeux, les quelques passants se déplacer sur les piétons : des garçons bourrés, des filles abîmées.

Je me sentais étrangère à tout ça, et même temps, si familière.

- Tu es nerveuse ? Erza brisa le silence, sa voix aux intonations italiennes me fit sursauter.

- Bien sûr que non, je ripostai avec dédain.

Erza me connaissait assez pour savoir que c'étaient des conneries. Cependant, elle ne dit plus rien, se contentant de me sourire doucement.

Erza était belle. J'admirais sa peau dorée, ses profonds yeux ébènes et sa chevelure cuivrée parfaitement entretenue. Sa silhouette athlétique ferait baver d'envie n'importe qui, et la combinaison kaki qu'elle avait enfilé était faite pour elle.

Sa beauté me donnait mal aux yeux.

Les mains moites, je descendis le regard sur ma tenue. J'avais fait fort, ce soir. Pour l'occasion, je m'étais laissé influencer par Erza et m'étais vêtue d'une sublime robe à strass dorée, dos dus, qui se nouait derrière la nuque, et qui tranchait à merveille avec mon bronzage estival. Mes longs cheveux blonds, eux, étaient retenus en un chignon lâche sur le haut de mon crâne. J'étais maquillée, manucurée.

J'étais belle moi aussi, je le savais. D'une beauté différente de celle d'Erza, mais belle quand même.

Je me regardais dans le rétroviseur, me sentant bête d'avoir fait tous ces efforts juste parce qu'il serait là.

Tu perds ton temps, Lucy. Il te l'a dit, la dernière fois.

Il sera là, à cette maudite fête. Évidement que j'étais nerveuse.

Comme pour ajouter une couche à mon calvaire, la voiture de ma meilleure amie se stoppa dans une allée. Je jetai un coup d'œil à l'extérieur, pas le moins du monde impressionnée par la bâtisse nous faisant face.

Je sortis du véhicule la tête haute, claquant mes talons contre les graviers blancs. La musique nous parvenait étouffée, comme venue d'un autre monde, irréelle. Je me stoppai devant le perron, et Erza me rejoignit en silence. D'un coup d'œil entendu, elle attrapa ma main, surement dans le but de ne pas m'égarer, puis elle ouvrit la porte.

Je clignais des yeux, peu habituée aux lumières stroboscopiques rouges et jaunes qui se déversaient partout dans le salon, comme un crachat de soleil. La musique m'étouffa, j'avais déjà envie de repartir.

- On est chez qui, déjà ? , criai-je dans l'oreille d'Erza, pourtant à cinquante centimètres de moi.

Les nuances de couleurs peignaient sur son visage des ombres effrayantes. Le gloss brillant qu'elle portait s'illumina alors qu'elle remua les lèvres.

ABSQUATULATE - Fairy TailOù les histoires vivent. Découvrez maintenant