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Athena

Sa main s'écrase sur ma joue, me faisant faire un demi-tour sur moi-même avant que je ne m'écrase au sol dans un énième sanglot tandis que les hurlements et les supplications de maman pour qu'il arrête raisonnaient dans toute la pièce. Ma joue me brûle, elle me picote même, il m'avait frappé si fort que je sentais le sang dans ma bouche et sur ma lèvre, mais ce n'était pas aussi douloureux que cette nuit-là où il m'avait presque tué. En voyant papa s'avancer vers moi, je recule en rampants sur le sol, mais il me saisit par les cheveux, ce qui me force à me lever malgré mes cris pour qu'il me lâche, puis je sens mon corps basculer soudain dans le vide, mes mains s'agrippant au rebord de la fenêtre ouverte de laquelle tout mon buste dépasse.

— Papa arrête ! Hurlais-je à m'en déchirer les poumons.

Il allait me tuer cette fois-ci, c'était sûr, j'allais mourir ce soir... J'étais suspendu à moitié dans le vide par mon père ivre et seuls mes mains qui commençaient à être tremblantes m'empêchaient de tomber parce que je savais que ce n'était certainement pas la prise de papa sur mon t-shirt qui me séparait d'une chute de cinq mètres.

— Papa, je t'en supplie !

Mes sanglots étouffent mes mots, tout comme mes larmes qui brouillaient ma vue, j'entendais mon cœur battre dans mes oreilles d'une étrange manière, toute la peur accumulée dans mon corps me fait trembler et rend mes mains si moites qu'elles glissent de l'embrasure en bois.

— Papa...

Je vois son regard en me redressant du mieux que je le peux, ses yeux vitreux pleins de rage... Une rage aveuglante, exactement la même qu'il y a quelques années quand il m'avait ruée de coups... Puis soudain... Plus rien, plus aucune prise sur mon t-shirt et mes mains lâche l'embrasure de la fenêtre...

— Non ! Hurlais-je en me redressant subitement.

J'allume la lumière d'une main tremblante, sentant les gouttes de sueur couler le long de mon front en même temps que mon cœur pulse contre ma cage thoracique. Je parcoure la pièce des yeux, comme pour m'assurer que papa n'est pas là, bien qu'il soit six pieds sous terre, j'avais toujours cette terreur constante qu'il revienne...

— Putain, tu peux pas la fermer ? Siffle Benicio en ouvrant la porte de ma chambre qui claque sur le mur derrière.

Je relève les yeux vers lui, ma terreur se dissipant pour laisser place au mépris habituel que j'éprouve pour lui, mon regard ne le quittant pas tandis qu'il s'avance dans la pièce. Et c'est seulement lorsqu'il arrive à ma hauteur que je m'aperçois qu'il est seulement vêtu d'un short de boxe, laissant son torse atrocement musclé m'être entière dévoiler, me permettant ainsi une vue sur le dragon tatouer enrouler autour de son bras qui s'arrête sur le début de son épaule ainsi que l'ange sur son pectoral droit et la rose sur le gauche, sans omettre la tête de mort sur le côté gauche de son cou. Cette vue imprenable sur son corps qui semble être battit par les Dieux me fait étrangement rougir et je dois me forcer à détourner les yeux avant qu'il ne le remarque.

— Putain me dit pas que tu fais des cauchemars ? Grommelle-t-il.

Il s'arrête juste à côté de moi, se penchant en ma direction pour observer mon front humide par la transpiration que j'essuie d'un revers de main.

— D'abord les serpents et maintenant les cauchemars ? T'es vraiment casse couilles comme meuf.

Il veut que je lui casse le nez ce connard ?

Je lève les yeux au ciel puis regarde l'heure sur mon réveil : 8 h 09, qu'est-ce qu'il fout debout à cette heure-ci lui ? Était-ce moi qui l'avais réveillée ? Peu importe, je n'en avais que faire si je l'avais perturbé, autant que ça soit dans son sommeil que dans ce qu'il faisait.

— Si tu ne m'avais pas kidnappée, je ne te ferais pas chier. Sifflais-je amèrement en me dirigeant vers la salle de bain.

Un rire sinistre quitte ses lèvres envoyant une décharge électrique dans mon échine, puis je m'engouffre dans la salle de bain pour aller prendre une douche, seulement quand je m'apprête à fermer la porte, il glisse son pied dans l'embrasure pour m'empêcher de m'enfermer.

Dieu qu'il me tape sur les nerfs !

— Quoi encore ?

Il me dévisage puis me pousse hors de son chemin pour s'avancer jusqu'à la fenêtre grillagée derrière moi qu'il ouvre d'un geste rapide, tirant sur les barreaux pour vérifier qu'ils sont bien en place, puis il revient vers moi.

— Je m'assure juste que tu ne m'obligeras pas à te tirer dessus pour de vrai cette fois-ci.

Je lève les yeux au ciel avant de le suivre jusqu'à la sortie de la salle de bain, fermant une bonne fois pour toutes la porte avant de me glisser dans la douche pour faire disparaître toute la sueur de mon corps, mes doigts passant sur la cicatrice dans mes côtes qui me donne envie de vomir chaque fois que je la touche. Mais, je suppose que j'avais de la chance que c'est la seule séquelle que j'ai gardé de ma chute du premier étage.

Après ma douche, j'étais descendu à la cuisine pour me faire à manger quand j'avais entendu des coups venir de l'une des nombreuses pièces encore inexplorées de la maison. Je m'étais donc avancé avec ma tasse de café jusqu'à la porte et quelle fut ma surprise quand je vis Benicio de dos, frappant dans un sac de boxe. Ses muscles fléchissent à chacun des coups qu'ils donnent, ses bras se tendent, ses jambes se déplacent d'une manière calculée, des gouttes de sueur coulent sur son dos faisant luire ses muscles et ses chaussures couinent sur le sol chaque fois qu'elles frottent contre le parquet. Et, aussi étrange que cela puisse paraître, mes yeux n'arrivent pas à se décoller de sa silhouette élancée, très attirante, parce qu'il avait beau être un véritable connard que je déteste, il était vraiment très attirant, je ne pouvais pas le nié...

— T'as l'intention de me mater encore longtemps ? Siffle le mafieux.

Je détourne rapidement les yeux en entendant sa voix raisonne, mes joues rougissantes à cause de la gêne de la situation, moi qui pensais être discrète... Je le vois arrêter de frapper dans le sac sans jamais se tourner vers moi tandis qu'il boit une gorgée de son eau, faisant monter et descendre sa pomme d'Adam, puis je retourne les yeux sur ma tasse de café.

— J'étais juste en train de regarder la salle. Répliquais-je sur le même ton.

Je pénètre la grande salle de sport, prenant une gorgée de mon café avant d'inspecter les lieux qui m'étaient encore inconnus jusqu'à présent. L'endroit est grand, très grand, avec un ring de boxe au centre de la salle, des tapis de combats dans le fond de la salle, des machines qui me sont inconnues ainsi que quelques haltères et poids. Je comprends maintenant mieux d'où lui venaient tous ces muscles.

— Je me souviens pas t'avoir autorisé à prendre du café. Déclare le mexicain soudainement en s'arrêtant devant moi.

Cette soudaine déclaration me fait hausser les sourcils, renforçant l'air de mépris dans mon regard tandis que ses pupilles grises me dévisagent toujours aussi durement qu'habituellement. Mais, sincèrement, après près d'un mois passer ici, il ne me fait plus aussi peur que le premier jour, même s'il était vraiment effrayant et sinistre parfois, j'arrive de plus en plus à lui tenir tête, bien que cela ne soit sûrement pas une très bonne idée.

Mais est-ce qu'il met déjà arriver d'avoir une bonne idée ?

— Et je ne me souviens pas déjà avoir eu besoin de ton accord pour ça.

Cette réplique renforce son amusement, mais aussi sa colère que je vois monter dans son regard qui s'assombrit soudain en même temps que ses pupilles se dilatent. Je vois ses lèvres s'entrouvrirent, prêt à sortir une réplique visiblement cinglante, mais la porte derrière nous s'ouvre dans un grincement et on se tourne tous deux.

— Je ne sais pas ce que tu fous depuis tout à l'heure mec, mais je t'ai appelé au moins mille fois ! S'exclame Diego en s'avançant vers nous.

Je m'éloigne de Benicio puis sourit à mon ami qui nous regarde tous les deux d'un air suspicieux, ce à quoi je ne prends pas la peine de répondre et me contente de m'éloigner, ne voulant pas prendre part à un débat stupide, d'autant plus que je ne m'imagine certainement pas sortir avec lui, oh mon Dieu non, tout sauf lui.

ATHENA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant