Dangerous Drivers

Prologue

5 ans plus tôt

La course bat son plein. Les supporters sont déchaîner, les gradins sont pleins et la tension dans les écuries est à son comble. Nous sommes à la moitié de la course, et nous avons déjà eu le droit à deux accidents qui ont envoyés pas moins d'une dizaine de véhicule dans le décor. L'un des coureurs a même dut être héliporter pour blessures graves. Je transpire comme jamais, ma combinaison me collant à la peau. En plus du stress et de l'adrénaline de la course, il a fallu que le soleil soit de plomb ce week-end.

Je regarde la course depuis les écrans de contrôle du stand. Actuellement second sur la piste et cela depuis plusieurs tours déjà, mon père n'a fait que deux arrêts au stand depuis le début de la course, le premier pour un changement de pneus et le second pour un contrôle de freins qui vivraient trop. Rien de suspect a déclarer, mais l'équipe a tout de même fait un contrôle en moins d'une minute. Ce qui lui a permis de ne pas perdre trop de point pour cette course de qualification. L'accès à la course de la Nascar Cup n'est pas quelque chose de facile. Une année de saison, 36 courses, toutes de 4 heures environ, sur plusieurs types de circuits. Béton, terre battue, circuit de route avec plus ou moins une vingtaine de virages. Il faut arriver à se qualifier aux play-offs afin de pouvoir espérer avoir accès à la Nascar Cup. Au vu des statistiques de mon père sur les dernières courses et s'il arrive à prendre la première place, cette qualification est pour nous.

Une Ford noire mate, floquée du numéro 13 arrive dans le virage qui se trouve au niveau des stands. Le véhicule est collé au pare-chocs d'une Chevrolet verte, celle de Tobias St Louis, depuis déjà quelques minutes, profitant de sa vitesse et de l'ouverture d'air pour décrocher et prendre la première place. C'est sa botte secrète. Celle de mon père. Personne ne décroche jamais dans un virage, c'est bien trop dangereux, mais lui maîtrise cette technique déjà depuis quelques années.

Il m'a tout appris, dès mon plus jeune âge. Le type de véhicule, les constructeurs, les techniques, l'entrainement physique et mentale, comment obtenir des sponsors, les coureurs célèbres et ceux à en devenir. J'ai ce sport dans la peau moi aussi. Ce n'est pas qu'une simple course de voiture. Le coureur est enfermé dans une boite de métal sur roues, lancée à plus de 300 km/h, sur un circuit généralement ovale, avec une température de minimum 60°C à l'intérieur de l'habitacle. Il faut savoir quand freiner ou non, quand se mettre au derrière d'une voiture afin de l'aider ou de bénéficier de sa vitesse afin de se démarquer, les arrêts aux stands, et travailler sa propre technique. Celle de mon père, c'est le décrochage en plein virage. Jugée trop dangereuse par la plupart des coureurs, admirée par le reste, elle permet de prendre un maximum de vitesse mais avec également un maximum de risque si l'on n'a pas confiance en son véhicule ni ces propres capacités.

Nous sommes dans les derniers tours et voici le moment où il va tenter de se démarquer de la tête de peloton. Je le vois, je le sais. La voiture n'émet aucunes vibrations, le volant maintenu d'une main de maître. Mon père, Phil Wallace, pratique ce sport depuis son plus jeune âge, c'est une légende dans le monde de la Nascar. La vitesse de pointe du véhicule augmente légèrement, je peux le voir sur les écrans de contrôle du stand. C'est le moment, ça y est. Je peux presque voir l'air scintiller autour des deux véhicules. Il accélère, tourne le volant sur la gauche, se déporte et accélère encore. Le véhicule noir avance en tête et double la Chevrolet de Tobias. Mais au lieu de se rabattre, il reste en tête afin de bloquer les lignes arrière.

- Mais qu'est-ce qu'il fou ? s'époumonne Steve, le chef d'équipe de l'écurie. C'est trop dangereux en plein virage, il faut qu'il reprenne sa ligne extérieure.

Le casque sur les oreilles, je reprends la communication avec mon père pour avoir une explication.

- Papa, qu'est-ce que tu nous fais là ?!