1. Le ridicule ne tue pas.

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Violette, elle a les cheveux violets, et une fois Hugo, il lui a dit qu'ils étaient beaux. Violette, elle est timide et elle ne le sait pas, mais elle est assez jolie surtout quand elle sourit et ça arrive souvent quand Hugo est près d'elle. Ce ne sont pas de grands sourires, ce sont des sourires timides, des sourires discrets, des sourires, Violette. Violette, elle rougit facilement, mais tant pis, c'est la vie. Elle aime d'un sentiment beau et pur. Ce n'est pas un amour fou, mais un amour doux, un amour Violette. Violette, elle, est dessinatrice, depuis peu, son crayon, c'est à Hugo qu'il donne vie sur le Canson. Violette, elle est aimante et Hugo, il le sait, il va finir par s'en vouloir pour la belle Violette, mais ça, elle, elle ne le sait pas. Violette en prenant sa douche, elle est en manque d'entrain. Elle le sait, on lui a dit qu'un cœur brisé, c'est long à réparer. Violette sous la douche quand elle lave ses cheveux violets, son regard se perd, elle divague devant les gouttes d'eau rosie. Puis Violette, elle voit que l'eau, elle a la couleur de la chemise qu'Hugo, il portait hier, alors elle sourit.

Je suis debout face au miroir et je cherche. Malgré le fait que je sois en retard, ce qui n'est pas une habitude, je déteste être en retard. Non, ce n'est pas que je déteste ça, c'est plutôt que le retard me fait peur. Être en retard, c'est arriver en dernier, et donc attirer le regard des autres, tous les regards. Ce qui me fait bien plus peur que le retard, ce sont les paires d'yeux tournées vers moi. Des yeux que je ne peux pas m'empêcher de m'imaginer toujours acérer avec des pensées critiques et pleines d'un constant jugement. En soi, le jugement ce n'est rien, mais les autres m'effraient, leurs pensées m'effraient inlassablement. J'ai déjà assez attiré les regards comme ça ces derniers temps.

Alors, je m'enferme dans ma coquille et je fais tout pour ne jamais arriver après les autres. Affronter une paire d'yeux à la fois, c'est possible, mais des dizaines d'un coup, avant, je le pouvais, avant ces paires d'yeux derrière leur appareil photo, leur flash éblouissant qui vous déshabille. Maintenant, les regards, c'est un trou dans le creux du ventre, une boule au fond de la gorge et un cœur qui se sert, comme une pièce vidée de tout l'oxygène avec un sol se dérobant. Un trou me laissant sombrer sans fin sans jamais trouver le pays des merveilles.

Je ne connais pas les amies que veut à tout prix me présenter Max, mais je sais que je vais forcément être mise à nu par des paires d'yeux inconnues. Elles jugeront le moindre de mes faux pas, parleront entre elles de ce qu'elles savent sûrement déjà sur moi. Donc si je ne me presse pas de partir, je vais en plus être en retard et je serai le petit poussin au milieu d'une meute de loups attirant tous les regards. Je suis terrifiée, mais, malgré ça, je ne peux pas partir tout de suite, parce que je cherche.

Je suis en retard et au fond, j'ai cette peur du retard qui bouillonne dans mon ventre, et cette petite voix qui me hurle de partir. Mais elle a beau crier de toutes ses forces, je n'entends qu'un léger chuchotement, loin, vraiment loin dans ma tête. Actuellement, cette recherche me prend davantage aux tripes que cette peur. Donc, je continue de scruter. Face au miroir, je me regarde, je regarde mon reflet qui me semble inconnu, je cherche, je me cherche moi-même sans réellement savoir ce que je m'attends à trouver.

J'observe mes yeux, mais je ne vois qu'un fantôme vide, je cherche son regard dans le mien. Puis en m'examinant plus largement, c'est toute une coquille vide qui m'apparaît. Je me concentre à nouveau sur ces yeux, fixés sur moi, je vois un vert qui m'est familier, mais me parais pourtant momentanément inconnu. Par la suite, mon regard glisse vers ma longue tresse faite à la va-vite. Quelques mèches violettes s'échappent par-ci par-là et d'un coup, sans comprendre pourquoi, je me prends d'une folle envie de m'emparer d'une paire de ciseaux. Mais mon téléphone sonne pour m'indiquer un message de Maxine, je cligne plusieurs fois des yeux et mes pieds reviennent sur terre, de retour à la réalité.

VIOLETTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant