11. Soirée filles, soirée film.

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Violette, un jour, elle a souffert. La violette, elle est devenue bien terne. Avant elle était si belle, si lumineuse et colorée, puis la violette, elle a été brisée. Une abeille butine, mais la Violette c'est une guêpe qui sur elle, s'est posée. Avec violence, elle l'a abîmée, toute cabossée et un peu brisée. La violette, aujourd'hui la guêpe est revenue la piquer dans son esprit et Violette est toute paniquée et effrayée.

J'entends Maxine avant de voir le groupe de quatre qui m'attend. Elle répète en haussant le ton que c'est une mauvaise idée et que cela ne va pas le faire. Je suis curieuse de savoir pourquoi elle paraît si énervée.

J'accélère le pas pour plus vite, essayer de comprendre ce qui se passe. Pourquoi, fait-elle face à un Hugo mécontent ? Romain se place entre eux, tentant de temporiser la dispute entre sa cousine et son meilleur ami. Chose qui semble fonctionner, la main posée sur le torse d'Hugo semble le calmer. Même Kenzo qui a toujours plus ou moins l'air en accord avec la belle petite châtaigne a l'air de s'être rangé du côté d'Hugo. On voit clairement que la petite famille et les deux amis sont en désaccord.

Je viens me planter près d'eux en penchant la tête d'incompréhension, mes cheveux pendant d'un côté de mon corps, un courant d'air me les renvoie en pleine face. Hugo me sourit, je ne sais pas s'il se moque ou si c'est des traces de soulagement que je lis dans ses yeux brillants d'une lueur de défis. Il vient enrouler un bras autour de mes épaules et narguer Max avant de me regarder pour prendre la parole :

— Maxine dit que demain, c'est ton anniversaire.

Il marque un temps d'arrêt et je vois les oreilles de ma meilleure amie rougir d'énervement pendant que mon souffle se coupe. Le châtain à côté de moi fait semblant de ne pas entendre et de ne pas voir mon amie lui murmurer en serrant les dents de s'arrêter là et de se taire tout de suite. Mon cœur s'emballe vite et fort, demain, donc après-demain.

Le temps s'arrête, des centaines d'images des vingt dernières années défilent dans ma tête, puis celles que je refoule depuis presque un an prennent le dessus et je sens mon cœur s'accélérer plus encore. Une pression sur ma main me ramène à l'instant présent, Romain me regarde, cette fois, il est inquiet et je m'en veux. Il a discrètement enroulé ses doigts aux miens. Je me sens un peu soulagée, il le remarque toujours lorsque je perds pied, il me ramène toujours là où il faut.

J'en doutais encore un peu, mais maintenant, j'ai la certitude qu'il sait tout. J'ai l'impression d'être partie loin durant une éternité, je serre plus fort la main dans la mienne alors qu'Hugo reprend innocemment sa phrase :

— Et elle refuse que l'on t'organise une fête.

Une fête, ça signifie des gens, du bruit, de la musique, des cris. Ses cris, mes cris. Le silence soudain et les hurlements de panique. Du rouge partout. La pression sur mes doigts se resserre à son tour et les yeux ambrés de Romain ne quittent plus les miens dans lesquels il doit voir défiler la terreur et les souvenirs. Heureusement que les souvenirs ne sont pas comme un film. Imaginez s'ils défilaient réellement devant nos yeux, si Romain pouvait aussi les voir rien qu'en fixant mon regard lointain, encore bloqué à l'année dernière. Avant même de réfléchir à la question, je m'exclame paniquée :

— Pas de fête. Pas d'invités. Et surtout pas de rouge. C'est non négociable.

Je dois encore paraître pour la folle de service, c'est pourquoi je baisse la tête, rouge de honte. Hugo est remplacé par une Maxine qui comme son cousin s'empare de ma main libre pour la serrer le plus fort possible. On s'ancre l'une à l'autre et Romain nous retient, pour ne pas que l'on coule.

Un raclement de gorge coupe le silence pesant, en levant les yeux, pour la première fois, je crois déceler du malaise chez Kenzo. Il joue avec ses mains avant de proposer une possible solution, c'est étrange de le voir parler timidement. On voit clairement qu'il n'est pas sûr de lui. Si j'ai bien appris une chose sur lui, c'est qu'habituellement, il est toujours sûr de lui, il dit même qu'il faut être sûr de soi, car personne ne le sera pour nous. Je ne suis pas tout à fait d'accord, un bon nombre de fois, on a été sûr de moi à ma place et grâce à ça on m'a soutenu. Ils m'ont soutenu, Max et lui à être sûr de moi m'ont tant aidé. Tout comme j'ai aidé lorsque c'est moi qui ai été sûr d'eux à leur place.

VIOLETTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant