Prologue

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     Desmond Kémerlin

       Debout sur le pas de l’autel, je regarde, le corps parcouru  de frissons, l'élue de mon cœur avancer au bras de son père. Sa robe  blanche est majestueuse et lui va à la perfection. Tous les invités sont debout et, tout comme moi, tombent d'admiration. Les journalistes, venus des quatre coins du monde pour couvrir l'événement, ont tous leurs objectifs braqués sur elle, tandis que les rafales de flash des photographes   capturent son angélique visage voilé.

     Tellement impatient de la tenir dans mes bras, je ne tiens presque plus sur place. Je prends une grande bouffée d'air quand elle et son père arrivent enfin face à  moi. Après une accolade virile, mon futur beau-père me tend la main de sa fille et moi honoré de l'opportunité,  la saisit fièrement quand, à ma grande surprise, comme si elle s’était brulée, Monique retire la sienne et se met à courir vers la sortie. Surpris par sa réaction, je crois d’abord à une mise en scène organisée avec la  complicité de mes parents pour jouer avec mes nerfs, mais leur air effaré me fait comprendre qu’ils  n’avaient rien à y avoir. Une douleur oppresse mon cœur qui se met à battre comme s’il voulait s'échapper de ma poitrine.  Complètement désappointé, je décide de la rattraper, courant aussi vite que je peux jusqu'à la porte d'entrée où, la respiration saccadée, le corps tremblant, le cerveau prêt à exploser, les yeux divagants, je la vois monter dans la limousine et s'en aller.
    Je continue ma course derrière le véhicule hurlant son nom de toutes mes forces dans l'espoir de le  stopper, mais  n'y  parviens pas. La limousine disparaît en tournant au bout de la rue avec à l'intérieur Monique, me plantant le jour de notre mariage. J'ai tellement mal que j'arrive à peine à respirer, mes jambes me lâchent. Je tombe à genoux sur le bitume chaud et sans me préoccuper des regards des centaines de personnes agitées derrière les barrières de fer, des journalistes braquant leurs objectifs sur moi afin de capturer sous différents angles ma vulnérabilité, je  laisse échapper un cri presque animal  avant de porter un coup violent  au  sol. Je sens mes phalanges s'écraser et une douleur intense traverser tout mon être. J'ai si mal que j'ouvre les yeux d'un seul coup et me  redresse brusquement sur le lit. 

   Ma respiration est irrégulière et j'ai mon pyjama trempé de sueur qui me colle à la peau. Plongé dans le noir, je  ne mets pas longtemps pour comprendre que je viens de faire un cauchemar qui, malheureusement, reflète ma réalité.
En effet, depuis maintenant une semaine ce cauchemar me hante, et à chaque réveil, c’est toujours pareil. Je suis si malheureux que je n’ai qu’une seule envie, m’anesthésier le cerveau jusqu’à en perdre la tête. J'allume ma lampe de chevet, et plisse les yeux, aveuglés par la lumière. J'ai une faim de loup, la tête qui tambourine et le  corps qui tremble, chose normale quand on ne se nourrit que de whisky depuis une semaine.
Je m'extirpe du lit et me rends dans la salle de séjour. Depuis mon mariage raté, j'ai décidé d'emménager dans la résidence de mes parents afin d'éviter de souffrir le martyre en retournant chez moi. Cette villa est imprégnée de son odeur à elle, les fleurs du jardin et le décor sont ses touches personnelles.Y, retourner serait de la pure folie.
Contournant le grand canapé d'angle, je prends la bouteille de whisky posée sur la table. Son léger poids m'indique qu'il n'en reste à peine qu’un demi-verre.  D'une traite, j’en vide le contenu et me laisse tomber lourdement dans le canapé. Les yeux fermés, la tête posée contre  le dossier, je savoure le passage brûlant du breuvage dans mon larynx, tandis que son visage s'impose à moi de nouveau et me fait revivre cette terrible et humiliante journée.

    Ce jour-là; à la  différence de mon cauchemar, Monique avait  accepté  que je lui prenne la main quand son père me l'a tendue. Je l’ai tout de suite sentie tendue, mais l’ai mis sur le compte de l'émotion, car je l'étais tout autant qu’elle. Pour la déstresser, je lui ai murmuré à l’oreille à quel point je la trouvais magnifique et combien de fois  j’avais  hâte qu’elle devienne ma femme. Elle m‘a gratifiée d’un regard profond et nous avons pris place pour débuter la cérémonie civile. Par moment, je lui jetais des coups d'œil, mais elle restait concentrée sur le discours du maire. J’étais tellement heureux, et tellement amoureux, j’avais hâte de fonder ma famille , avec cette femme que j’ai aimée de tout mon coeur, mais mon rêve s’est rompu brutalement au moment des consentements lorsqu’elle lâcha la voix brisée son fameux  “Non je ne veux pas l’épouser”

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 10 ⏰

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