Arthur
Klara est nerveuse quand on pousse la porte du café. Je ne comprends pas ce qui la stresse autant, mais elle n'est vraiment pas à l'aise. Elle n'a pas prononcé un mot depuis que j'ai garé ma voiture. J'ai même essayé de faire une blague quand on est passés à côté d'un pick-up comme ce qu'elle m'imaginait conduire, mais elle n'a pas réagi. Je ne sais pas à quoi m'attendre, et encore moins pourquoi elle tenait tant à y aller si ça la stresse autant.
Elle reste silencieuse une fois à l'intérieur, balayant la pièce du regard. C'est très joli. Sur la gauche, le comptoir est occupé par une jeune femme qui ne doit pas être loin d'avoir notre âge. Quelques fauteuils sont disposés au milieu des étagères remplies de livres. Je crois apercevoir un coin BD et manga au fond. Qui que soit la personne qui a décidé de cet aménagement, c'est très accueillant.
— On commande quelque chose ?
Elle sort de sa stupeur et de son silence et me sourit.
— Tu vas bien ? Lui demandais-je.
— Oui, ça va, tu peux me prendre un café ? Je vais aller faire un tour côté livre.
Je hoche la tête alors qu'elle ne me laisse pas vraiment le choix et s'éloigne vers une étagère en particulier, où une trilogie semble être mise en avant. Je n'y prête pas plus attention que ça, n'ayant jamais été un grand lecteur. Je m'avance pour commander nos deux cafés, et me retourne pour l'observer pendant qu'ils sont en train d'être préparée par Marina, si j'en crois le nom sur son pull.
Elle n'est plus seule, une autre femme de notre tranche d'âge l'a rejointe. L'enthousiasme de celle-ci est surprenant. Je ne pense pas qu'elles soient amies, au vu de l'air gêné de Klara. Pourquoi est-ce qu'elle est si contente de la voir ?
— Voici vos cafés.
Je me retourne et remercie la barista. Après avoir payé, je saisis les deux tasses et me dirige vers Klara et son accompagnatrice.
— Voilà madame.
Je souris à l'inconnue, ne sachant pas vraiment quoi dire. Heureusement, elle semble plus loquace que moi.
— Bonjour monsieur, je suis la gérante de ce café, est-ce que vous vous y plaisez ?
Klara pose sa main sur mon épaule et m'interrompt avant que j'ai le temps de répondre.
— Est-ce que je peux te laisser quelques minutes ? J'ai quelqu'un à voir, je n'en ai pas pour longtemps. Et merci pour le café.
Je n'ai pas le temps d'avoir mon mot à dire qu'elle s'éloigne avec celle qui visiblement gère cet endroit. Comment ça, elle a quelqu'un à voir ? Elle ne m'aurait quand même pas demandé de l'emmener pour voir un homme, quand même ?
Ce n'est pas comme ça qu'on reste amis, Arthur.
Peut-être que c'est simplement professionnel, qu'est-ce que j'en sais après tout ? Je regarde plus attentivement les livres mis en avant sur l'étagère derrière-moi, tournant le dos complètement à Klara.
— Marina, je te présente Klara Simeon.
Je fronce les sourcils. Est-ce que c'est quelqu'un de connu ?Visiblement, il y a quelque chose que je ne saisis pas. Et au vu de la surprise de la fameuse Marina, clairement audible dans sa voix, je passe vraiment à côté de quelque chose.
Jusqu'au moment où ça me saute aux yeux.
Au milieu de toutes les infos mises en avant sur la trilogie, telles que le nombres de ventes, de nombreuses éloges quant à son succès par plusieurs médias reconnus, je lis enfin le nom de l'auteur du « pilier de la fantaisie » : Klara Simeon.