Part 1

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Les lumières s'allument.

Elles m'éblouissent les yeux. La musique arrive ensuite. Je la connais par cœur, sur le bout des doigts.

Dès les premières notes, mon corps s'agite automatiquement, comme un robot qu'on a programmé pour répéter les mêmes mouvements, encore et encore et encore.

Mes bras commencent eux aussi à s'élever, gracieusement, et à se mouvoir sur la mélodie envoûtante de la musique.

Je ferme les yeux pour mieux m'imprégner de l'espace qui m'entoure, pour me focaliser sur mes geste, sur mes mouvements.

Je ne veux décevoir personne.

Je n'ai pas le droit.

Je ne dois décevoir personne.

C'est au tour de mes jambes de céder sur l'air doux de la chanson. Puis mes mains. Ce sont elles les plus importantes.

Elles épousent les formes de mon corps avec une telle sensualité, elles me guide sur les notes de la musique pour ne pas que je perde pied.

Elles descendent le long de mon cou, le long de mes bras, le long de mon ventre, caressent mes cuisses, mes jambes, et remontent lentement, tout doucement, avec précision, et sans oublié un seul endroit de ma peau, jusqu'à ma poitrine.

C'est ce moment qu'ils attendent tous. Le moment que je redoute le plus. Mais je ne dois pas faillir. Je me ressaisie et continue de répéter ces mouvements que je ne connais que trop bien.

Je poursuit ma danse, je ne m'arrête plus, et mes long cheveux fins se prêtent à ce spectacle. Je tourne sur moi-même, toujours sans regarder ce qu'il se passe devant moi.

Mon corps se réchauffe, lui qui avait froid au début, et je retrouve ce sentiment d'extasie que je ressens à chaque fois que je monte sur scène. J'essais de m'y accrocher le plus longtemps possible, car je sais qu'il s'évaporera une fois que je m'arrêterais.

Je déteste cela. Comme si je ne ressentais plus rien.

Or pour l'instant, c'est tout le contraire.

Je profite et me cambre afin de dévoiler mon corps dans toute ma splendeur. La musique continue de jouer et je reconnais les notes qui annoncent le début de sa fin. Je dois tout donner.

Comme chaque fois. Comme chaque soir. Pour qu'ils aiment. Pour qu'ils m'acclament.

Pour qu'ils me réclament.

Je donne tout ce que j'ai, toute la sensualité que je peux fournir, que je me dois de fournir. C'est bientôt la fin, et je n'aurais pas de deuxième chance pour ce soir. Les quelques notes restantes me permettent de finir en donnant le clou du spectacle.

Ma frénésie est à son point culminant, et la chanson s'arrête pile quand je me laisse tomber par terre, les mains embrassées sur mon cou dénudé, tremblante de sueur, et haletante face à tout ce que mon corps à donner.

On m'acclame, on crie mon nom, j'esquisse un léger sourire, je reste dans ma position tandis que les applaudissements se poursuivent.

Je reste focalisée sur ce que je viens de produire. J'en suis assez contente. C'est mieux que d'habitude. En même temps, il le fallait si je voulais continuer ce job.

Des sifflements se mêlent aux cries et aux clappements mains, et j'essaie de ne pas y penser, en restant concentrée sur moi, et moi seule. J'ai toujours procédé de la sorte. Enfin, les applaudissements se calme un peu et je sais que c'est le moment où je dois partir.

Je reprends ma respiration et ouvre les yeux, appréhendant sur ce à quoi je vais faire fasse. Comme à mon habitude, je retrouve devant moi une foule de personnes qui me regardent avec de grands yeux, tous plus dilatés les uns que les autres.

Leurs visages disgracieux me répugnent, et je ne peux m'empêcher de faire une légère grimace face à cela. Mais bien sûr je garde la tête impassible et souris, pour ne rien laisser paraître de mes émotions.

C'est alors que j'entends "Quelle chaudasse, je me la ferais bien ce soir".

Ça me donne envie de vomir.

Je fais mine de ne rien avoir entendu, comme toujours et commence à me relever. D'autres commentaires aussi dégoutants les uns que les autres arrivent à mes oreilles alors que je pars. Ils ne me surprennent même plus.

Je m'y suis habituée. J'allais partir rejoindre les vestiaires quand, alors que je quittais la scène sans jamais regarder davantage les hommes répugnants se trouvant devant moi, je me surpris à lever les yeux vers le fond de la salle, qui était moins éclairée que d'habitude.

Et c'est là que je croisa son regard.

Ses yeux étaient d'une couleur magnifique. J'aurais dit bleu foncé, ou vert clair, je ne voyais pas très bien. Mais même sans aucune lumière, on pouvait remarquer leur profondeur et la douceur qui en sortait.

J'éprouvai une sorte de réconfort à la vue de cet homme, d'une vingtaine année je dirais, qui ne me quittais pas non plus du regard. Bien que je n'aimais pas regarder le public qui se trouvait devant moi, je connaissais les habitués.

Mais lui, c'était la première fois que je le voyais ici. La lueur de son regard me faisait même oublié les mots obscènes qui m'étaient envoyés. Je pus apercevoir un sourire rassurant se dessiner sur ses lèvres, ce qui me surpris et me chamboula. Personnes ne m'avait jamais souris de la sorte.

Personnes.

Mes yeux restèrent accrochés au siens encore quelques secondes, avant que je ne me force à les quitter pour de bon.  

Lorsque je rejoignis les vestiaires, je ne reçue comme seul remerciement qu'une liasse d'argent en pleine face. Je la ramassais et comptais les billets. Je fus étonné parce qu'il n'y avait pas la sommes que j'avais l'habitude de recevoir.

"Mais,... il manque 200€ là-dedans ?"

Celui qui m'avait donné la liasse me lança un regard noir, avant de lever brusquement sa main et de me gifler, comme si je le dégoutais, puis il me répondit : "Ton spectacle ne valait rien ce soir. La prochaine fois tâche de bouger un peu plus ton cul."

Ma mine ahurit le rendit encore plus énervé, et il me lâcha "On n'est pas dans un putain de cabaret ici ! Si tu veux te la jouer danseuse, tu dégages ! En attendant, ici c'est chez moi et j'en attend davantage ! Je veux voir les clients bander sur toi. T'es dans un putain de club de strip-tease, merde."

Je ne disais plus rien. Il se tût, puis soudain son visage s'éclaira, et avec un sourire pervers, il me dit : "Mais t'en fais pas, ils sont nombreux à te réclamer ce soir, t'auras de quoi compenser."

Sur ce, il partit en me laissant planter là, seule face à la longue soirée qui m'attendait.














Fin de la première partie !

L'aube de la nuit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant