CHAPITRE III : SKETCHBOOK

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« You're so pretty, it hurts. »

1 step forward, 3 steps back - Olivia Rodrigo

14 Octobre, Seattle.

Elara

Les matinées se suivent et se ressemblent. Celle-ci ne déroge pas à la règle.

Ma mère de retour de garde est particulièrement exécrable ce matin et plus les minutes passent plus je sens mon ventre se tordre d'angoisse.

Pourquoi faut-il toujours qu'elle me regarde de cette façon ? De haut en bas comme si je ne valait rien ?

Parce que c'est exactement ce qu'elle pense, Elara.

Depuis petite, j'ai pris l'habitude de me préparer seule pour l'école avant de descendre prendre mon petit déjeuner.

Je mets un point d'honneur à me dissimuler sous un large cardigan afin de refuser un accès à mon corps, a celle qui le maudit plus que tout au monde.

Le moment où je la dégoûte le plus, c'est lorsque je mange.

A mes côtés, Mia est vêtue d'une jolie combinaison moulante qui souligne sa silhouette tonique et élancée. La couleur noire de celle-ci contraste avec la blondeur de sa magnifique chevelure. Ses joues sont teintées de rose a cause du footing qu'elle est allée faire sous la neige et le mascara noir fait ressortir ses jolis yeux bleus.

Je ne cesserai jamais de l'admirer.

Ma sœur à commencé la gymnastique à l'âge de 6 ans pour rendre fière maman. Celle-ci s'étant blessée lors d'une compétition, à été contrainte d'abandonner à cause d'une blessure au fémur.

Depuis, elle porte une broche en métal qui nous vaut le plaisir de passer pour des fauteurs de troubles à l'aéroport. Si papa et Mia en ont souvent ri, moi je n'en ai pas le droit.

Ma petite sœur a de longues jambes fuselées, des épaules musclées et des hanches légèrement plus développées ce qui, selon notre mère vient " harmoniser sa silhouette que les hommes adorent ".

A chaque fois qu'elle dit cette phrase, elle insiste sur la véracité de ses propos en me toisant de haut en bas avec mépris.

Les jours où je suis plus chanceuse, elle n'ajoute rien. Les jours où je ne le suis pas, elle poursuit toujours en disant :
" c'est d'ailleurs pour cette raison que ta grande sœur n'a jamais connu le grand amour chérie".

Aujourd'hui n'en fait visiblement pas partie.

Elle couvre la petite dernière de compliments puis lui fait comprendre qu'il ne faut pas qu'elle se "laisse aller" comme moi.

J'accuse le coup et la sensation de mes cuisses qui se touchent déclenche soudainement une vague de dégoût intense envers moi-même.

Ma cadette baisse la tête pour dissimuler ses yeux humides mais je ne suis pas dupe, sa lèvre inférieure tremble et je crois que c'est ce que je déteste le plus.

Parfois, les réflexions de ma génitrice n'atteignent pas mon coeur, mais aujourd'hui, les larmes de ma petite sœur et les délicieux biscuits remplis de beurre de Giselle engloutis la veille mettent à mal ma confiance en moi.

Je repousse mon assiette le plus calmement possible afin d'éviter d'attirer l'attention puis récupère un fruit dans la corbeille avant de me lever de table en jetant un regard rassurant à mon père.

Je dissocie.

À présente hors de mon corps, je me dirige vers la porte d'une lenteur maîtrisée et décroche ma veste du porte manteau. Munie de toutes mes affaires, je me glisse hors du hall d'entrée sans me retourner et entame mon trajet en direction de la fac.

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