Mes Augures

Si tu n'es pas sage le monstre viendra te manger

Washington, la capitale des États-Unis, est une ville dense, nichée sur les rives du Potomac, à la frontière du Maryland et de la Virginie. Elle se distingue par ses imposants monuments et édifices néoclassiques, reflet d'un lieu où certains rêves prennent vie tandis que d'autres s'effondrent. Ici, il n'y a pas de place pour les faibles : seuls les plus forts survivent, dévorant les autres.

— Sarah, il est l'heure d'aller au lit, ma puce, lança sa mère en débarrassant les restes du dîner tout juste terminé.

— Nooon, maman, s'il te plaît ! Juste un dernier épisode de Paw Patrol ! C'est celui où... où... euh... ils sauvent des gens ! s'écria la fillette en sautillant dans le salon, ses cheveux en bataille témoignant de son agitation incessante.

Dans un énième soupir, la mère rangea les derniers restes de dinde et de pommes de terre dans le réfrigérateur, puis s'avança vers sa fille, posant doucement les mains sur ses épaules. La petite leva vers elle des yeux brillants comme des étoiles, usant de l'une de ses techniques imparables pour l'amadouer lorsqu'elle n'avait pas le dernier mot.

— Ma chérie, c'est déjà ce qu'ils font dans tous les épisodes, et tu en as assez regardé pour ce soir. Maintenant, brossage de dents et au lit. Papa ne devrait plus tarder à rentrer du travail.

Consciente que la bataille était perdue d'avance, la fillette abandonna l'idée d'insister. Mais elle se fit une promesse : retenter sa chance très bientôt. Demain... ou peut-être même dans quelques heures, si le sommeil ne l'emportait pas avant.

— Dis, maman, moi aussi je peux avoir un Damatien pompier ? demanda la fillette en grimpant les escaliers d'un pas lourd, signe évident qu'elle n'avait aucune envie d'aller se coucher.

— On dit Dalmatien, et on verra pour Noël. Tu pourras toujours le demander au Père Noël. Allez, direction la salle de bain, pas de chichis !

Les deux entrèrent dans la salle de bain. La petite tira de sous le lavabo un tabouret à sa taille, qu'elle plaça devant le meuble pour être à la bonne hauteur. Debout dessus, elle atteignit facilement le robinet, fit couler l'eau et attrapa sa brosse à dents.

La jeune maman observait attentivement sa fille, s'assurant qu'elle ne trébuche pas et qu'elle se brosse les dents correctement, comme elle le lui avait appris. Une fois la tâche accomplie, elle la prit dans ses bras et la porta jusqu'à sa chambre.

La pièce, vaste et baignée de teintes roses, ressemblait à un véritable petit royaume. Près de la fenêtre trônait une grande maison de poupée, tandis que des jouets étaient éparpillés çà et là sur le sol.

Le lit, conçu pour ressembler à celui d'une princesse, était recouvert d'une multitude de peluches et de couvertures à l'effigie de ses héroïnes préférées.

À peine installée sous les couvertures, la fillette attrapa fermement la manche de sa mère.

— S'il te plaît, maman... Juste un dernier épisode, rien que toi et moi, supplia la fillette, l'espoir brillant dans ses yeux, malgré l'absurdité de sa demande.

— Je t'ai déjà dit non, Sarah. Maintenant, écoute-moi et laisse-moi te brosser les cheveux. À force de sautiller partout, tu t'es encore fait plein de nœuds. Allez, tourne-toi.

Attrapant la brosse posée sur la table de chevet, la mère se mit à démêler avec patience la chevelure dorée de sa fille. Une couleur de soleil, qui correspondait parfaitement à son tempérament : lumineux, énergique et débordant de joie. Par moments, la tâche s'avérait plus difficile à cause de l'agitation incessante de la fillette, mais une fois terminée, elle attacha délicatement ses cheveux avec un chouchou rose.