Vengeance [ TOME 1 ]

Chapitre 1: Une vie contre une autre

Victoria

- Vous allez me manquer...proclamais-je face à mes grands parents aux visages tristes, avant de les prendre tour à tour dans mes bras.

J'avais un pincement terrible au cœur.

- Penses à nous appeler quand tu es arrivé hein ? Demandait mamie avec un soupçon d'inquiétude dans la voix. Et puis d'abord où est-ce que tu vas bien pouvoir dormir ?

J'observais son visage ridé par l'âge se tordre en une sorte de grimace réprobatrice et je pouvais facilement y lire de l'inquiétude.

La même qu'il y avait dans sa voix.

Je décidais de lui sourire dans le but de la rassurer.

Elle me faisait de la peine.

Mais il était temps pour moi de partir.

Il le fallait.

- Je prendrais un hôtel les premiers jours en attendant de trouver un travail...répondis-je en essayant de paraître confiante.
Ne vous inquiétez pas.

Si j'y arrivais.

Parce que lâcher mon travail ici n'allait pas m'apporter plus de chance d'en trouver un autre là-bas.

Elle affichait une moue méfiante, scrutant mon visage dans le but de déceler la vérité.

Son expression me fit aussitôt sourire et me rendait nostalgique, me ramenant doucement à mon enfance, où elle me disputait quand je ne rentrais pas à l'heure.

Où quand j'avais quelque chose à cacher.

Elle était forte pour déceler le mensonge.

Mais maintenant mon enfance était bel et bien fini.

J'avais vingt-deux ans, et je venais de faire mes affaires pour quitter la maison de mes grands parents.

Ils m'avaient accueillis les bras ouverts quand je n'avais eu nul part où aller, et je leur en était infiniment reconnaissante.

Ça m'avait fait un bien fou de vivre chez eux quelques temps.

J'avais eu le temps de respirer, de commencer mes études, et de prendre un nouveau départ.

Mais il était désormais temps que je rentre.

Il était temps pour moi de revenir à Édimbourg, là où tous mes problèmes m'avait pourtant poussé à quitter cette ville.

Mamie me regardait, l'air perdue dans ses pensées et le sourire aux lèvres. Mais après quelques secondes elle revenait enfin à la réalité et me prit dans ses bras une dernière fois.

Papi fit de même, l'air attristé.

Mais fier.

Et me voilà partie.

Je tournais les talons et commençais à avancer en direction du bus, une larme coulant le long de ma joue.

Je n'étais pas très douée pour les adieux, surtout lorsque j'étais personnellement affectée.

Je prenais les choses bien trop à cœur, qu'elles qu'elles soient, même les plus minimes.

Et c'était assez éprouvant au quotidien.

Je les vivais soit pleinement, soit pas du tout.

Noir au blanc.

C'était comme ça que je fonctionnais.

J'avais vu dans un magazine « people » qu'il s'agissait du trouble borderline, mais pour l'avoir étudié en cours, je ne correspondais pas tellement à la description de celui-ci.