5 - LES PECORES

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Auberge en pied de la colline aux yeux, Gaunes.

Léodagan entre en trombe, faisant violemment claquer la porte de bois. Le reste de la bande chevaleresque le suit de près. Tous grelottent et sont observés par trois paysans locaux, déjà bien réchauffés par leur verre.

一 5 heures qu'on se pèle le fion dehors ! Y'a pas un rat qui rôde ! se plaint le seigneur de Carmélide.

Les chevaliers s'attablent prestement à l'exception de Perceval qui se précipite vers le feu qui brûle dans l'âtre.

一 J'ai le bout des doigts tout dur, Sire !

一 Des voyageurs à c'te heure là ! s'exclame un petit bonhomme chauve, le tenancier, en s'approchant de la table occupée par les seigneurs de Kaamelott. Qu'je vous sers ?

一 Si vous dites du lait de chèvre, je risque d'avoir une réponse très violente, signale Léodagan au Roi en souriant nerveusement.

一 4 verres de picrates, commande Arthur.

一 Et du picrate qui réchauffe pour les voyageurs ! dit le tenancier de l'auberge en faisant demi-tour.

一 Est-il bien judicieux de s'imbiber d'alcool, Sire ? questionne Bohort.

一 Non mais vous mettez pas une caisse non plus, faut rester alerte.

一 Alerte de quoi ? s'énerve immédiatement le beau-père du Roi. Soit-disant que la bestiole attaque la Gaunes à répétition, 5 heures à faire les piquets dans un champ et on a jamais vu l'ombre d'un truc bouger ! Il existe pas votre Chapalu !

Les trois paysans du coin, assis non loin, glapissent. L'un d'eux lâche sa pinte qui s'écrase sur la table. Le seigneur de Galles se marre.

一 C'est une insulte chat poilu ici ou quoi ? Wow, des pécores pires que chez nous ! déclare Perceval avec un air moqueur en rejoignant la table de ses camarades.

一 Messieurs, avez-vous vu la bête récemment ? demande Bohort aux trois pécores.

一 L'avez-vous vu tout court ! renchérit Léodagan.

一 On vient de Kaamelott pour régler le problème vous voyez, alors si vous aviez deux trois infos sur le bestiau, ça pourrait aider, explique Arthur.

一 J'pense pas qu'ils vous répondent ! s'écrit le tenancier chauve, en revenant une carafe de vin à la main et quatre coupes en métal dans l'autre. Ils sont comme traumatisés. Ils noient leur peur dans leur pinte.

一 Mais elle existe ou elle existe pas la bête, bon dieu ?! monte d'un ton le beau-père du Roi.

一 B'sûr qu'elle existe ! Elle rôde autour de c'te colline. Elle attaque le bétail. Je l'ai vu de mes prop'yeux ! déclare le tenancier en servant une rasade de vin aux chevaliers.

一 Comment ça se fait qu'on l'ait pas encore croisée alors ? lance Arthur en soufflant.

一 Peut-être qu'elle sent le danger, Sire. La bête doit savoir qu'on est venu lui mettre un taquet et elle se planque, tente Perceval.

一 Sinon, je vous propose une solution simple : je fais tout cramer. Auberge, colline, Chapalu, tout y passe, déclare Léodagan sur un ton un peu trop sérieux.

一 Mais vous êtes un grand malade... s'indigne Bohort.

一 Faut savoir ce que vous voulez Bohort. Une Gaunes avec Chapalu, ou une Gaunes sans Chapalu, sourit diaboliquement le seigneur de Carmélide.

一 En plus, ça irait vite, y'a pas grand chose à cramer, soulève Perceval innocemment.

Arthur regarde pensif Léodagan quelques secondes. Il envisage réellement la solution du feu. Le Roi lève ensuite le regard vers le tenancier chauve, qui, droit comme un i, reste interloqué par cette proposition sauvage.

一 Sire ! Vous n'y songez pas ! s'écrit Bohort, outré.

一 Non, bon, on va pas incendier le pays. Ça l'a fout mal quand même, plie finalement le Roi de Bretagne en plongeant ensuite son nez dans la coupe de vin que lui a servi le tenancier.

Quand le Cath Palug n'est pas là, les bretons dansent | KAAMELOTTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant