Chapitre 11|

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Rhéa



Qu'ai-je fait pour mériter tout ça ?

Mon cerveau me ramena des années en arrière, au premier jour où j'avais prononcé cette fameuse phrase. Une question, en réalité. Une question restée sans réponse.

Papa, s'il te plaît, ne fais pas ça... Je...

— Tais-toi, petite vermine ! Tu n'as pas honte de toi ?

— Mais... qu'ai-je fait, papa ?

Une gifle brutale me coupa dans ma tentative d'explication. Elle me projeta au sol.

À seulement huit ans, je savais déjà ce que c'était d'être maltraitée. Mais je n'avais jamais su ce que cela faisait d'être aimée. Mon père ne m'avait jamais regardée avec amour ou tendresse. Son regard, froid et rempli de mépris, me transperçait toujours. Je me souviendrai toute ma vie de ses mots le jour de mes six ans :

— Tu es une erreur. Je te déteste. Tu n'es pas ma fille. Je ne pourrai jamais t'aimer. Tu es une abomination. Une erreur de la terre.

J'étais si naïve à l'époque... Je pensais encore pouvoir changer son cœur.

Ma mère entra soudain en courant dans le salon, alertée par le bruit.

— Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi l'as-tu frappée ? demanda-t-elle, paniquée.

Elle se précipita pour m'aider à me relever, mais sa présence sembla irriter encore plus mon père.

— Ne te mêle pas de ça, femme ! Écarte-toi !

— Je suis peut-être une femme, mais cela ne te donne pas le droit de me traiter ainsi ! Et ta fille, elle ne mérite pas ça non plus. Ce n'est qu'une enfant, elle n'a que huit ans !

Ma mère fondit en larmes, suppliant mon père de me laisser tranquille. Mais je savais que ses supplications ne changeraient rien.

— Une enfant ? Huit ans ? répéta-t-il avec un sourire tordu. L'année dernière, elle avait six ans, et maintenant, huit ?

— Non, elle avait sept ans, cria ma mère, effrayée.

Son erreur ne fit qu'attiser la rage de mon père.

— Vous êtes toutes les deux des idiotes ! Tu te prends pour qui, à me corriger ? Tu veux prouver que tu es meilleure que moi ?

Ma mère tenta de s'expliquer, mais il l'interrompit avec une gifle si violente qu'elle s'effondra.

Je la vis pleurer, à terre, vulnérable. Mon père leva à nouveau la main sur elle, mais je m'interposai.

— Arrête ! criai-je, ma voix tremblante. Ne touche pas à maman !

Il se tourna vers moi, surpris par mon audace. Son regard perçant me glaça le sang, mais je continuai :

— C'est moi qui t'ai mise en colère. Frappe-moi, mais ne lui fais pas de mal.

Un sourire cruel apparut sur son visage.

— Viens ici ! hurla-t-il.

Je savais déjà où il voulait m’emmener. Ma mère tenta de l’arrêter, mais il la repoussa violemment. Elle tomba, sa tête heurtant un coin de meuble.

Du sang... Rouge, brillant, glissant sur sa tempe...


🕳️



Je me réveillai en sursaut, le souffle coupé. Ces souvenirs s'entrechoquaient dans ma tête, se mélangeaient, se transformaient.

Regardant autour de moi, je reconnus cette pièce blanche et stérile.

Comment étais-je arrivée là ? Je me souvenais de l'eau... Oui, l'eau. Et lui. Il avait jeté un câble électrique dans l’eau. Il voulait me tuer.

Je hurlai, une douleur vive me traversant l'esprit. La rage, immense et dévorante, s’empara de moi. Des pensées sombres que j'avais toujours repoussées refirent surface.

— Non... non, non ! murmurai-je en me prenant la tête entre les mains.

Mais c'était inutile. La voix était revenue.

Cette voix que je n'avais pas entendue depuis des années.

Elle riait.

Je frappai ma tête contre les murs, essayant de faire taire ce rire cruel. Mais plus je résistais, plus elle gagnait en puissance.

— Laisse-moi tranquille ! crié-je.

Deux hommes en uniforme entrèrent précipitamment dans la pièce. L’un s’approcha, mais je réagis sans réfléchir. Mon poing s’écrasa contre son visage.

— Ne m’approchez pas ! hurlai-je d’une voix qui ne semblait pas être la mienne.

C’était ma bouche, mais pas mes mots.

Mon corps bougeait sans que je le contrôle. L’autre homme tenta à son tour, mais il s’écroula lui aussi. Je regardai mes mains ensanglantées, horrifiée.

— Qu’est-ce que j’ai fait ? murmurai-je.

Le sang coulait, brillant et visqueux. Il y en avait partout. Les deux hommes, immobiles, baignaient dans des flaques rouges.

— " Tu t’en fiches, chuchota une voix dans ma tête. Ils l’ont mérité."

— Non... non...

—" Si. Ils l’ont mérité. Tout comme lui. Tout comme tous les autres" .

Ces mots résonnaient dans ma tête, envahissaient mon esprit.

— Ils méritent tous le même sort, dis-je sans m'en rendre compte. Je n'ai plus

Je m’effondrai au sol entre les deux corps, les larmes coulant sur mes joues.

— Tu n’es plus seule, murmura la voix.

Non, je ne l’étais plus.

Elles étaient là. Avec moi.

Et je les laissai prendre le contrôle.


A pretty psychopath TOME 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant