Chapitre 2

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Une semaine est passée depuis que j'ai rencontré Hayley dans le métro. Depuis on parle beaucoup au téléphone. On est mercredi et aujourd'hui j'ai mon cours de piano.

Je vais à la station, m'arrête devant les machines, qui répètent toujours la même phrase. « Bonjour... »Bla bla bla .

Cette fois, on ne m'aide pas, j'arrive à sélectionner le bon truc et à payer mon ticket. Je descends ensuite en ascenseur, 10 pas et j'arrive sur le quais.

Un bruit sourd se fait entendre et les portes s'ouvrent devant moi. Je trouve rapidement un siège, comme d'habitude il n'y a pas beaucoup de monde. Je prends le métro 5, il n'est plus très attractif car la partie de la ville dans laquelle il se rend et vielle et délaissée. Je sens la présence de quelques personnes, pas plus de 5. Les portes se ferment et le métro démarre,doucement, puis de plus en plus vite. Je sors à la prochaine station, monte à nouveau dans un ascenseur, puis passe mon ticket dans la machine.

Quand le vent passe dans mes cheveux, je sais que je suis en dehors de la station. Je tourne à droite, ma main glisse sur le vieux mur d'un bâtiment de la rue, puis heurte une porte, je rentre et toque à la porte en face de l'entrée.

-Entre Alaska ! Cria mon prof de piano de l'autre côté de la porte.

J'entends la porte s'ouvrir à nouveau derrière moi, je me demande qui cela peut bien être, mais la personne en question ne parle pas.

Je rentre donc dans la salle, et m'installe sur le tabouret. Eric s'assoit à côté de moi.

-Alors, on avance ?

-C'est partit.

Ce que j'aime bien chez Eric, c'est qu'il me traite comme n'importe quelle autre personne. Si je fais une connerie, il m'engueulera, aveugle ou pas.

Je lis les notes sur la partition puis cherche la bonne note du bout des doigts, et je commence mon morceau. Au milieu de celui-ci, quelqu'un toque à la porte, et quelqu'un rentre. J'arrête de jouer, et l'inconnu parle :

-Tu joues vraiment bien, Alaska.

-Hayley.

J'avais reconnu sa voix à l'accent québécois, et au ton légèrement grave et enroué.

-Je suis ici car on m'a donné l'envie d'apprendre le piano, dit elle simplement.

* * * *

Hayley prenait maintenant des cours de piano avec moi. On prenait le métro ensemble, on se retrouvait devant les machines -Bon OK, elle payait souvent mon ticket, mais bon.- et on prenait toujours les mêmes sièges dans le wagon. Elle m'écoutait jouer puis c'était son tour. Eric l'engueulait souvent, presque plus que moi. Après, on reprenait le métro en sens inverse, et elle venait chez moi.

Ma mère était contente d'avoir de la compagnie et de voir que j'avais une amie. Je n'en avais pas beaucoup. Quand on est petit et aveugle, c'est assez dur de se faire accepter par des gamins qui ne pensent qu'à jouer à la marelle, alors qu'on ne peut pas la voir, et quand on est ado et aveugle, c'est dur de se faire accepter par des gens qui ne pensent qu'à boire de la vodka et fumer des joints à 14ans.

On jouait du piano ensemble, tout le temps. Nous, notre drogue, c'était la musique.

-Un dos Hayley, un dos ! Gueulai-je depuis la cuisine, tout en saisissant un paquet de cookies. Je la rejoignais, et appuyais sur la bonne touche.

-D-O-S. Pas Ré. D-O-S. Dis-je en riant.

Hayley était une calamité en piano, mais je comptais bien lui apprendre des choses pour qu'elle devienne meilleure. Et encore, elle s'était améliorée, au début c'était pire. Là, elle connait deux ou trois notes... Mais c'est encore une vrai catastrophe.

The Northen LightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant