𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟓 : 𝑹𝒆𝒏𝒕𝒓𝒐𝒏𝒔, 𝑴𝒊 𝑭𝒊𝒈𝒍𝒊𝒂

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AURAA ALVAREZ


Nuit du 17 Septembre 2023
Santiago, Chili


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Le portier m'ouvrait l'accès à cette voiture. Et c'est la tête haute, mais les idées basses que j'y entrais, sans un regard pour personne. Parce que malgré cette soirée, personne ne me ferait baisser la tête. Rien, ni personne.

Mon père rentrait de l'autre côté, laissant comme au début, la place du milieu vide.

Inoccupée.

Peut-être qu'elle était celle de mama avant ? Mais avant quoi ? Moi ? Sa dépression ? L'absence de Cristobal dans sa vie ?

Il y avait ce cadre. Ce cadre photo dans l'entrée.

Le cadre était fissuré et la photo déchirée en deux. Mais à mes douze ans, j'ai eu le courage de le réparer. Et de scotcher le moment pris en souvenir.

Ils étaient dans la même limousine qu'aujourd'hui j'étais. La robe rose pailletée que ma mère portait était sublime, comme ses cheveux blonds.

Autant que son sourire éclatant. Les traits de la tristesse intense ne l'avaient pas encore touché. Elle était parfaite.

Les rides sur le visage de mon père étaient encore absentes. Comme s'il l'avait commencé à vieillir lorsque je fus née.

Il avait posé une main sur le ventre de ma mère. Arrondi, avec une vie à l'intérieur. Moi. Les yeux de mi padre reflétaient la paix. Tous les deux se rendaient à un gala.

Pratiquement comme celui de cette nuit. Pourtant, il n'y avait pas cet air terne. Seulement des échos de rire que n'importe qui pouvait entendre à travers ce papier. Parce que dessus, leurs sourires rayonnent.

C'était juste avant que l'amour se meurt entre eux.

Que je vienne à la vie. Que Cristobal parte en Russie, pour des tas d'années.

Le problème était peut-être de moi.

Sûrement de moi.

Pendant que le chauffeur entretenait une discussion avec l'autre homme dans cette voiture, je posais ma tête contre la vitre.

Les secouements de la voiture m'apaisaient et m'énervaient. Je voulais juste du calme. Pourquoi c'était si dur à avoir ? À obtenir ? Le monde était-il trop acharné contre moi pour me le donner ?

Mon gris s'envolait dans le ciel en même temps que le vent. Que les nuages qui coffraient la Lune, l'empêchent de fuir. Et de retrouver le Soleil, dans une histoire d'amour maudite.

Les étoiles elles, étaient les spectateurs. Les visionnaires des scènes obscures. Les figurantes qui brillaient quand elles devenaient des protagonistes.

Dans un nouveau monde.

Une nouvelle Voie lactée.

La Lune criait à l'aide. Parce qu'elle illustrait les millions de personnes sur Terre dans ce cas de figures.

Elle était là pour bercer les suicidaires une fois vingt-et-une heures passées. Jusqu'à ce que son aimant la remplace.

Les étoiles souffraient, enchaînées.
Le Soleil souriait.



...- Auraa ?



Mes yeux quittaient cet art naturel, pour se poser sur mon paternel. Mes lèvres étaient scellées entre elles, aucun mot ne voulait en sortir. Puis, il y avait mon regard. Blasé et morne. Il n'y avait rien et tout de spécial en même temps.

𝐓𝐡𝐞 𝐊𝐢𝐥𝐥𝐞𝐫 𝐋𝐨𝐯𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant