Le Remplaçant

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Jeudi 20 janvier:
Aujourd'hui, nous avons cours de musique au lycée. Mon professeur est récemment parti à la retraite et son remplaçant est enfin arrivé. Lorsque je suis entrée dans la salle de classe, il avait la tête dans le placard. Nous nous sommes donc installés côte à côte, Hadrien et moi, profitant du fait qu'il n'y ait pas encore de plan de classe.
Lorsque Mr Gallin s'est redressé, je me suis figée. Hadrien m'a vite fait remarquer que j'étais pâle et m'a emmenée à l'infirmerie.
Sur la route, il m'a demandé ce qu'il m'était arrivé. Je n'ai pas répondu tout de suite, toujours enfermée dans mes pensées. Lorsque j'ai récupéré mes esprits, j'ai dû lui faire répéter sa question. Pour toute réponse je me suis mise à pleurer, tandis qu'il me prenait dans ses bras.
Quand je me suis calmée, il m'a reposé la question; il était vraiment inquiet. J'ai donc pris une grande inspiration puis j'ai commencé mon récit.
« Si je suis enceinte, c'est à cause de lui. Je t'avais dit que je n'avais pas voulu l'être... je me suis fait violer... par cet homme. Et je crois que s'il est ici ce n'est pas pour rien.
- Oh non... Louise... »
Il m'a prise dans ses bras et je me suis laissée emporter par mes émotions. Il m'a serrée plus fort encore. Au bout d'un certain moment, je lui ai dit que nous pouvions retourner en cours.
Quand on est entrés dans la salle de classe, Mr Gallin m'a dit.
« Et bien alors, mademoiselle Collin et monsieur Dupuit, quelle est votre excuse pour être arrivés si en retard? »
Il me regarde alors avec un sourire en coin... il m'a reconnue... Je me sens défaillir et Hadrien me sauve en répondant à ma place.
« J'ai fait un malaise et Louise m'a accompagné pour m'aider. »
Tandis que nous avancions jusqu'à notre place, je sentais son regard fixé sur mon ventre, déjà bien arrondi.
Lorsque je me suis installée et que j'ai tourné les yeux vers lui, j'ai compris qu'il était fortement satisfait de l'état dans lequel il m'avait mise.
Une fois l'heure passée, il m'a retenue dans sa salle. J'ai frémis rien qu'à cette pensée. J'ai instinctivement porté les mains à mon ventre. Le geste ne lui a pas échappé.
« Alors comme ça, je suis maintenant ton professeur... comme c'est étrange!
- Sachez juste que je vous déteste de tout mon être!
- J'avais pourtant l'impression que ça ne te dérange pas plus que ça!
- Non, effectivement, ça ne me dérange pas de savoir que dans moins de 5 mois je serai mère, que tout le monde me regarde mal à cause de cela, ou encore de savoir qu'un homme abominable m'a volé ma virginité! »
J'ai déballé tout ça sur le ton le plus sarcastique que j'ai pu trouver. Lui, il me regarde, toujours son horrible sourire sur le visage.
« Et bien, heureux d'apprendre que tu l'as gardé!
- Comment ça heureux?! Vous vous fichez de moi?! »
Quand je prononce ces mots, il m'attrape le bras. Je me mets donc à lui hurler de me lâcher. Hadrien, qui était resté derrière la porte, a accouru et m'a séparée de lui.
« Tu as de la chance pour aujourd'hui... mais ton copain ne sera pas toujours là, tu peux me croire sur parole. »
La dernière phrase de l'homme m'a fait froid dans le dos... Hadrien m'a attrapée par le bras et m'a tirée au dehors. Nous sommes ensuite rentrés chez nous.

Jeudi 27 janvier:
Aujourd'hui, on arrivant en cours, je l'ai aperçu. Sa présence n'a pas échappé à Hadrien, qui m'a automatiquement entourée de ses bras.
« Tu devrais vraiment aller à la vie scolaire et le dénoncer.
- Certainement pas! Il me retrouverait et ce serait pire encore.
- Tu ne vas pas vivre dans la crainte toute ta vie! Il faut absolument que cet homme soit dénoncé!
- ... »
Je ne réponds pas à sa dernière phrase. Je sais très bien ce qu'il va se passer si je le dénonce... Il sera peut-être envoyé en prison mais, dans quelques années, il en sortira et se vengera... sur mes enfants ou sur moi. Et c'est hors de question que ça se produise!
« Hors de question, Hadrien!
- Très bien... mais si il tente encore quoi que ce soit, tu en parles... au moins à Ira. »
Le fait qu'il appelle à présent ma cousine par son surnom m'a fait rire un court instant. Puis je suis revenue à la réalité. Je lui réponds, afin de le rassurer.
« C'est d'accord. »
Il me sourit d'un air satisfait puis nous allons en cours. Ce matin, nous commençons par Russe. Ça peut paraître étrange que j'aie choisi cette langue, sachant que je suis déjà bilingue, mais... je ne sais pas... je crois que je voulais me perfectionner.
Je n'arrive pas à me concentrer de tout le cours. Je pense à mon dernier cours de la journée. Le cours tant redouté... j'aurais tellement aimé qu'il ne me retrouve jamais... Mais bon, maintenant, il m'avait retrouvée, c'était trop tard. Je n'ai plus qu'à espérer qu'il ne s'en prenne à mes enfants.
A la place du cours de musique, nous sommes rentrés chez nous. Très étonnamment, Mr Gallin n'était pas là... il était pourtant présent ce matin. Bref, je suis rentrée chez moi, et je me suis étonnée de ne pas y trouver Antoine et les jumelles. Ils devaient finir à cette heure-ci aujourd'hui...
Je lève les yeux vers Ira, qui me dit qu'elle a appelé Antoine au moins dix fois mais qu'il ne répond pas. Je décide donc de prendre les choses en main. J'appelle mon frère, et le soulagement doit se lire sur mon visage quand je comprends qu'il a répondu. Je déchante bien vite en entendant la voix de mon professeur de musique à la place de celle de mon frère.
« Ne les attends pas pour dîner, ils resteront avec moi ce soir. »
C'est là-dessus qu'il a raccroché. Je me suis effondrée, les larmes aux yeux. Qu'allait-il leur faire?
J'ai décidé d'appeler la police. Je leur ai tout raconté. De mon viole jusqu'à l'enlèvement d'Antoine, Élise et Emma. J'espère vraiment qu'ils vont les retrouver. Je l'espère de tout mon cœur.

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Oui je sais, je me mets brusquement à écrire des petits mots à la fin de mes chapitres.
Je suis contente! Je ne sais pas quel jour je vais publier ce chapitre mais je sais qu'on est samedi et que j'ai terminé de l'écrire avec un peu d'avance.

Ma pauvre Louise quand même... je ne lui fais pas vivre une vie toute rose... et elle n'est pas au bout de ses peines... bref, moi je sais déjà, mais vous, vous verrez plus tard.

A la semaine prochaine (ou peut-être avant 😉)

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Mon très cher journal...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant