VOUS DÉSHABILLER, DOUCEMENT

24 0 0
                                    


J'ai encore une fois ressenti ce désir violent. Il y a quelque chose chez vous qui déclenche cela en moi, aussitôt, et je ne saurais vous l'expliquer. Je brûlais de vous déshabiller, doucement, en prenant mon temps, en vous rendant folle. Oui, je voulais vous rendre folle de désir. J'imaginais le creux de vos reins. La douceur de votre ventre. L'arrondi de vos fesses. Les pointes de vos seins durs sous ma langue. Impossible de me concentrer sur autre chose. Impossible de retourner à ma table de travail. Votre langueur, votre sensualité m'obsédaient. Chaque mercredi, je guettais votre arrivée. C'était presque comme si j'avais rendez-vous avec vous. Sauf que vous ne le saviez pas. J'aurais aimé sentir votre parfum. Je suis si sensible aux odeurs. Je voulais respirer les vôtres, m'en enivrer. Celle de votre nuque, sous vos cheveux. Celle de vos poignets et de vos paumes. Celle de votre intimité.


Un mercredi, j'ai entendu votre voix. Votre portable a sonné. Vous avez répondu. Une voix assez grave. Je ne m'y attendais pas. Vous êtes venue vous accouder sur le rebord de la fenêtre, et vous vous êtes tournée vers la cour, vers moi. Vous répétiez que non, ce n'était « pas possible ». Vous disiez « non, non, non » encore, vous étiez ferme, presque menaçante. Vous avez raccroché. Puis, immédiatement après, vous avez composé un numéro. Vous avez prononcé votre propre nom : leyla V. Il vous allait si bien, ce nom. Et ce fut facile de vous trouver sur Instagram. Votre page n'était pas privée. N'importe qui pouvait se délecter de vos adorables images. Je ne voudrais pas que vous ayez peur de moi. Loin de moi l'idée de vous épier, d'établir une connexion malsaine. Non, je vous admirais, voilà tout. Vous étiez devenue mon fantasme. Sur Instagram, vous aviez posté des images de vos vacances, avec un petit garçon et votre mari. Mais je n'avais d'yeux que pour vous en Bikini rose thé. Un grand chapeau de paille. Quelques taches de rousseur sur votre joli nez. Et ce beau corps délié et souple que je détaillais en retenant mon souffle. Ce petit tatouage au creux de votre poignet. Un dragon bleu, il me semble. Je voulais embrasser ce dragon. Je voulais vous sentir frémir sous mes lèvres.

Cette lettre m'a rendue folle   Où les histoires vivent. Découvrez maintenant