Instant présent

Déposer pour avancer

Peur d'avancer.
Tu regardes en arrière tout ce que tu as laissé.
Devant toi une lumière t'appelle
Tu sais qu'elle est là.
Tu la sens.
Mais tu ne vois que ce brouillard effrayant de l'inconnu.

Derrière toi, les objets, les personnes quittés, abandonnés.
Petits fragments de toi.
Tu ne peux pas leur faire ça.
Tu ne veux pas leur faire ça.
Tu sais ce que l'on ressent d'être abandonné et tu ne veux pas être celle/celui qui abandonne.
Mais n'est-ce pas plutôt la voix de l'abandonné(e) qui s'accroche en toi ?
La peur, le chagrin bataillent avec l'appel du renouveau.
Un chant de printemps au milieu de la bourrasque hivernale qui te cloue sur place.

Tu n'es pas abandonné(e).
Tu ne l'as jamais été, te souffle une voix amicale qui te semble si familière.
Une voie de lumière qu'il te semble reconnaître.
Tu regardes de nouveau ce tas de délaissés, ces fardeaux abandonnés.
Ils ne sont plus que des bagages déposés au tri sélectif.
L'enthousiasme de ton âme fait sourire ton cœur.

Un pas.
Tu fais rien qu'un pas vers l'avant et le chemin s'éclaire.
Un deuxième pas.
Le douloureux deuil du passé devient nostalgie.
Un troisième pas.
Et tu regardes ta main créatrice qui vibre au rythme de ton cœur.
Pas encore à l'unisson de ton âme.
Mais ça viendra.
Tu sais que tu seras un jour de nouveau face au dépôt.
Dans le brouillard d'incertitude, de peur et de chagrin.
De nouveau en deuil de ce dont tu te décharges.
Mais qu'importe.
Le chemin s'est libéré
Ton chemin
Que tu empruntes dans la joie
Éclairé de ta lumière.