CHAPITRE 6 Écho du passé

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Piscine de StellarHaven 19 heures

Glissant doucement dans l'eau, je traverse la surface en me fondant délicatement dans le bassin. Ma main droite recueille l'eau que je fais glisser derrière ma nuque, mes avant-bras, puis mes épaules, laissant derrière moi une onde témoignant de mon immersion complète dans le bassin. J'entame une petite dizaine de longueurs avant de m'arrêter au centre du bassin.

Sur le dos, tentant de maintenir mon corps en équilibre sans bouger, mes oreilles submergées par l'eau, je ferme les yeux et réalise des mouvements légers avec ma main. Chacun de mes gestes résonne dans un silence total, créant un instant de bien-être et de sérénité. Ces moments me replongent dans le passé, je repense à ma sœur Lia et nos moments de complicité, où l'eau semblait emporter nos soucis, les cachant pour un temps, un court instant, mais un instant précieux.

Lia, avait trois ans de plus que moi, et était ma seule famille. Je n'aime pas penser à elle en l'évoquant au passé, car pour moi, elle vivra toujours dans mon cœur. Quand j'ai appris sa disparition, les mots "non pas elle...c'est impossible" sont les seuls qui ont franchi mes lèvres, mes larmes ont refusé de couler. La nécessité d'être forte et de ne montrer aucun attachement s'imposait, car ma propre survie en dépendait. 

Je m'immerge à nouveau dans l'eau, mettant fin à ce silence particulier du vendredi, le seul jour où je m'autorise à penser à elle. Car ce n'est pas encore le moment d'agir. Oui, je dois en savoir plus avant. Tout doit être parfait... pour Lia.

Les bulles d'air s'élèvent vers la surface, esquissant des arabesques éphémères dans l'eau. Les rayons filtrés du système d'éclairage subaquatique* créent un jeu de lumière sous l'eau. Je m'enveloppe à nouveau dans un calme apaisant. Je me laisse porter par la sensation de légèreté, décontractant mes muscles, comme si l'eau était devenue mon élément naturel. Évoquant même les souvenirs ludiques des instants partagés avec Lia, imitant les mouvements des sirènes de la série "Les Sirènes de Mako", où nous nous amusions à reproduire ces gestes avec nos bras tendus, une main au-dessus de l'autre.

-De vrai enfants, riais-je à voix haute 

Je mets un terme à mes souvenirs, me surprenant à essuyer une larme sur ma joue. Sortant du bassin, je me dirige vers les vestiaires. Le seul son perceptible est celui des gouttes de mes cheveux qui tombent au sol, accompagné du bruit de mes pas laissant leurs empreintes. La fraîcheur nocturne enveloppe les couloirs, mon corps habitué à l'eau chauffée ressent le choc avec l'air ambiant. Mes pas résonnent. J'ouvre le casier, y attrape une trousse de toilette et une serviette que je pose sur mon épaule. Un regard furtif à mon portable révèle un message d'Ellia me souhaitant de m'amuser, agrémenté d'emojis cœur, ce qui esquisse un sourire sur mon visage.

Je remarque également que la batterie est basse, je le branche avant de me diriger vers les douches.

Sous l'eau, je tourne le robinet pour régler la chaleur au centre, ni trop chaude ni trop froide. Maintenant que je vais rester dehors toute la nuit, il ne faudrait pas que j'attrape froid. Soudain, les lumières s'éteignent brusquement, plongeant la pièce dans l'obscurité. Un silence oppressant s'installe. Une fois rincée du savon, j'arrête l'eau, attrape une pince et attache mes cheveux. J'enfile ma serviette et l'attache autour de moi quand soudain un bruit sourd met fin à mes manœuvres. Perplexe, j'avance doucement quand un second bruit tonitruant retentit, à plusieurs reprises. Le bruit ressemble à une barre en métal qui frappe une barrière. Je sens une tension palpable dans l'air, mais ne pouvant identifier clairement l'origine du bruit, le malaise grandit.

En arrivant dans les vestiaires, j'enfile des sous-vêtements. Un nouveau son se fait retentir, surprise, je me dirige vers mon portable que j'ai mis en charge. Ma surprise est grande quand je découvre que celui-ci n'est plus branché. Je jette un coup d'œil dans mes affaires, je l'ai peut-être débranché, rangé, je ne sais pas. L'obscurité n'arrange rien. Je m'abaisse pour ramasser  ma serviette que j'ai laissée tomber, et une main ferme me saisit par derrière, m'empêchant d'agir à ma guise. Un frisson glacial parcourt mon corps, et je sens l'adrénaline monter en moi. Je sens mes lèvres s'étirer et un sourire diabolique s'empare de moi.

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