Une note artificielle

          En 2136, la France n'était plus la même. Les voitures volantes envahissaient le ciel à toute heure de la journée, le peuple était devenu intégralement dépendant à l'intelligence artificielle et les scientifiques prévoyaient même d'injecter des sérums dans les veines de la population pour allonger leur espérance de vie. Xoe36 vivait dans cette société depuis bientôt dix-huit ans. Elle redoutait le moment où elle atteindrait la majorité, ce moment où elle rentrerait réellement dans ce monde dirigé par les intelligences artificielles.

A sa naissance, une puce lui avait été implantée dans le cerveau. En 2100, le nouveau dirigeant du pays avait décrété l'implantation de puces électroniques dans le cerveau des nouveaux nés pour diminuer le taux de criminalité quand ils grandiraient. Dès leur majorité, leur puce s'activait et voilà qu'ils étaient surveillés jusqu'à la fin de leur vie. Peu après avoir mis en place cette loi, le président s'était rapidement fait submerger par le nombre de personnes qui en possédaient une. Il a donc mis en place un système de notation dirigé par une intelligence artificielle programmée, IAbrain. A chaque mauvaise action, ils recevaient une mauvaise note qui abaissait leur moyenne et quand celle-ci atteignait zéro, une décharge électrique était envoyée via la puce puis la personne décédait. Ce système dissuadait les gens de mal agir et les poussait à se montrer hypocrite pour recevoir une bonne note, IAbrain ne sachant pas faire la distinction entre les vrais et les faux sourires.

L'injustice, voilà ce que Xoé36 détestait au plus haut point. Ses parents n'étaient pas très populaires, leur situation financière était basse et leur moyenne dégringolait de dimanche en dimanche. Pourtant ils ne faisaient pas de mauvaises actions, ils n'aimaient seulement pas se soumettre au système et ils en ont payé le prix...

« Eh oh, Xo' ?

-Pardon tu disais ? Demanda-t-elle, perdue.

-Je te demandais si tu avais hâte de pouvoir enfin quitter la maison de ta tante et d'être indépendante, lui répéta son meilleur ami.

Non, à partir du moment où elle serait adulte, les portes de l'enfer s'ouvriraient.

-Bien-sûr, qu'est-ce que tu crois ? »

Elle rit faussement pour cacher son mensonge et s'excusa de devoir partir pour se rendre à un rendez-vous médical qui n'aurait jamais lieu.

* Huit jours plus tard *

Du stress, un stress intense. De la peur, de l'angoisse. Voilà ce qu'elle ressentait à présent. Sans rien en montrer, Xoé36 souffla les bougies qui ornaient son gâteau d'anniversaire parfait, fait par sa tante parfaite dans une maison parfaite.

« Tu sembles un peu pâle, ma petite, te sens-tu bien ? Lui demanda sa tante avec un sourire mielleux.

-Absolument, j'ai seulement besoin d'un peu d'air frais... pour redécouvrir le monde du haut de mes 18 ans, se rattrapa-t-elle avec un sourire tout aussi faux que celui de sa tante. »

Elle n'attendit pas sa réponse et se précipita dans l'arrière-jardin de la maison.

Là, elle vomit et des larmes s'échappèrent de ses yeux.

Comment devait-elle vivre à présent ? Devait-elle suivre le même chemin que ses parents et subir le même sort ? Ils lui manquaient...

Son téléphone sonna dans sa poche. Le nom de son meilleur ami s'afficha, alors, à contre-cœur, elle décrocha.

« Xoooo ! hurla-t-il. Joyeux anniversaire ! Comment tu te sens ? Il semblait rayonner et dégageait une aura de bonheur évidente. Elle, se sentait impuissante et désemparée.

-Dis-lui que tu vas bien et raccroche Xoé36, lui intima une voix dans sa tête.

Elle sursauta si fort qu'elle en fit tomber son téléphone.