Chapitre 1 : L'étoile, une opportunité dorée

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VENDREDI 5 JUILLET 2019

Le brouhaha constant des étudiants remplissait le hall, mêlant les cris de joie des soulagés aux murmures discrets des déçus, créant une atmosphère électrique que mes vieux écouteurs rechignaient à couvrir. Qu'ils soient heureux ou pas, je cherchais à tout prix à les fuir, j'aime le calme après des examens aussi importants. Je feuilletais avec négligence le journal de l'université, recroquevillée dans le fauteuil orange dans la petite bibliothèque cachée derrière le grand escalier. Je cherchais désespérément quelque chose qui détournerait mon attention des partiels que je venais de terminer. Je me levai, me dirigea d'un pas précipité vers la machine à café la plus proche, et jeta mon dévolu sur un Earl Grey. Quoi de plus étonnant, un thé si britannique dans cette école au cœur de la brume si chère aux anglais. Je me regardai dans le reflet brillant de la vitre qui ouvrait sur le parc. Alors que le thé brûlant coulait dans le gobelet, je repensai à tout le chemin que je venais de parcourir, tant d'années depuis mon lycée de province à l'une des écoles les plus prestigieuse d'Angleterre. En me regardant, je voyais le visage de l'adolescente que j'étais, les lunettes sur le bout du nez, les cheveux jamais ordonnés. Et me voilà, adulte, du haut de mes 23 ans, sortant de mes derniers examens pour obtenir ma maîtrise en ingénierie automobile avancée à l'Université de Cranfield. Malgré ma certitude quant à ma réussite, une pointe d'angoisse me tiraillait toujours à l'idée des perspectives que cette maîtrise en ingénierie automobile avancée allait m'offrir. Depuis des années, je rêvais d'entrer par la grande porte dans le monde du travail, mais aujourd'hui, cette opportunité semblait enfin se dessiner devant moi. Mon thé fumant sorti de la machine, je l'attrapai et retournai m'asseoir, près de mon ordinateur et du journal encore ouvert. Je jetai un regard désintéressé sur lui, m'apprêtant à le remettre sur son présentoir, lorsque je la vis, cette annonce qui brillait comme un rayon de soleil parmi les colonnes ternes de textes. "Concours pour décrocher un stage chez Mercedes-Benz AMG Petronas Formula One Team", venait de se graver sur ma rétine. Mes yeux s'écarquillèrent et mon cœur se mit à battre la chamade. Est-ce que j'ai bien lu ? Est-ce bien réel ? Une opportunité aussi incroyable se présente-t-elle vraiment à moi ?

Je dévorai chaque mot de l'annonce, absorbant chaque détail avec une concentration intense. Mercedes offrait un stage rémunéré aux étudiants en ingénierie automobile de l'Université de Cranfield, pour une durée de six mois, qui pourrait se transformer en un CDI si l'étudiant donnait satisfaction. Le gagnant aurait l'opportunité de travailler directement avec l'équipe technique de l'écurie Mercedes, participant à des projets de recherche et de développement de pointe. L'excitation monta en moi comme une vague déferlante. C'est une chance en or, une porte ouverte vers le monde palpitant de la Formule 1, dont je rêvais depuis des années. Mais je savais aussi que la compétition serait féroce. Des dizaines, voire la totalité de ma promotion d'étudiants aussi talentueux les uns que les autres se battraient pour décrocher ce stage prestigieux. Malgré la concurrence, je sentais une détermination farouche monter en moi. Je refusais de laisser passer cette opportunité sans me battre de toutes mes forces. Je savais que cela signifierait des nuits blanches à étudier, des projets de recherche exhaustifs et une préparation intensive. Mais j'étais prête à tout donner.

Je serrai l'annonce dans ma main, sentant le poids de mes ambitions et de mes rêves reposer sur mes épaules. Cette fois, je n'allais pas laisser passer ma chance. Cette fois, je me battrais jusqu'au bout pour réaliser mon rêve de travailler dans le monde passionnant de la Formule 1. Je me précipitai au bureau du directeur, Monsieur Schmitt, pour soumettre ma candidature, abandonnant mon thé et l'intégralité de mes affaires à la petite bibliothèque déserte. Il m'encouragea, toujours aussi souriant, en me tendant le formulaire d'inscription, numéro 044, certainement un signe du destin. Le 44 est le numéro utilisé par le quintuple champion du monde, Lewis Hamilton, il est un modèle pour moi, symbole d'abnégation et de courage. Il prouve à lui seul que tout le monde peut réussir avec beaucoup de volonté et de passion.

Je retournai m'asseoir dans mon antre, le formulaire en main et commençai à le remplir. 

Nom : de BESSY, 

Prénom : Élisabeth, 

Date et lieu de naissance : 20 juin 1995, Paris, France, 

Section : Dernière année de maîtrise en ingénierie automobile avancée.

J'étais étonnée de la simplicité apparente de ce formulaire. Après avoir ranger soigneusement mes affaires et englouti mon thé, je me dirigeai de nouveau vers le bureau du directeur. Il me donna mon dossier universitaire que j'allais devoir fournir dans son intégralité lors d'un rendez-vous fixé le lendemain matin. A peine sortie du couloir, je tombais nez à nez avec Émilien, mon ami le plus proche. Son beau visage affichait un mélange d'excitation et d'inquiétude. 'Élisabeth, tu as entendu parler de ce concours chez Mercedes ?' demanda-t-il avec un sourire nerveux. 'C'est une opportunité incroyable, mais la concurrence va être rude.' Je hochai la tête, partageant son mélange d'émotions. 'Oui, j'ai vu l'annonce', répondis-je avec un soupir. 'C'est une chance en or, mais je ne peux m'empêcher de me demander si je suis à la hauteur.' Émilien posa une main réconfortante sur mon épaule. 'Tu es l'une des étudiantes les plus talentueuses que je connaisse, Élisabeth', dit-il avec assurance. 'Tu as travaillé dur pour en arriver là, et je suis sûr que tu as toutes les compétences nécessaires pour décrocher ce stage.' Un sourire timide se dessina sur mon visage alors que je le regardais. 'Merci, Émilien', murmurai-je. 'C'est bon de savoir que j'ai quelqu'un qui croit en moi.' Il me rendit mon sourire. 'Toujours, Élisabeth. Nous sommes tous derrière toi.' Avec ces mots d'encouragement, je sentis une nouvelle vague de détermination m'envahir. Quelle que soit la concurrence, j'étais prête à relever ce défi, sachant que j'avais le soutien de mes amis à mes côtés."

Je décidai de rentrer directement après. Heureusement, ma chambre se situait dans le bâtiment le plus proche. Je remarquai que la pluie avait commencé à tomber, rectification, il pleuvait des sauts entiers. Je sortis rapidement mon grand parapluie de sa pochette et le dépliai afin de m'aventurer dans cette tempête. J'avançai, hâtant mon pas, et me retrouvai assez rapidement dans le grand hall. L'ascenseur venait de s'ouvrir sur une fille tenant la main de son fiancé, ma situation me revint à l'esprit, toujours aussi seule après 23 ans. J'entrai, espérant ne pas m'arrêter jusqu'au dernier étage où était niché mon grand studio. Mon souhait fut exaucé, je remontai le couloir au sol carrelé et arrivai enfin devant mon appartement. J'attrapa la clé froide au fond de ma poche et déverrouillai ma porte en bois massif ornée d'une poignée en laiton patiné d'une couleur identique à la clé. Je pris le temps d'apprécier de nouveau la découverte de l'espace chaleureux et accueillant que je m'étais créé, baigné de lumière naturelle grâce à une fenêtre panoramique qui donne sur le parc verdoyant de l'école.

J'attrapai le dernier gâteau et un verre que je remplis d'eau avant de me coucher dans mon canapé-lit. Je m'endormis entièrement habillée, épuisée par ma journée.

L'Étoile et le PiloteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant