Emerisa : la Communauté de la Lumière Eternelle (FR)

Chapitre I

A cette heure de la journée, le soleil se situait encore assez haut dans le ciel pour offrir sa lumière. C'était là tout l'avantage de voyager en France durant l'été. En approchant des hauteurs, l'air semblait moins lourd, et c'est alors toutes fenêtres baissées que Rose roulait vers le petit village de Les Houches.

Sur sa route, la jeune femme avait profiter de quelques pauses pour admirer les paysages français. Elle se devait bien de l'avouer, il n'y avait rien de pareil à cela. On trouvait entre les chaînes montagneuses des patûrages de vaches tachetées, où des champs d'une verdure si intense qu'on était tenté d'y goûter. Le ciel bleu contrastait à l'ensemble alors que quelques fleurs mouchetaient le tableau de couleurs vives. Tout s'accordait en un mélange paradisiaque.

Elle avait prit son temps pour parvenir jusque là, mais c'est affamée qu'elle s'arrêta une dernière fois. Un petit chalet au creu de la montagne proposait divers plats, de quoi ravir Rose qui n'avait encore jamais mangé de plat français. Elle avait poussé la porte de bois, et tandis que la clochette retentissait pour signaler sa présence, un monsieur dont l'énorme moustache cachait les lèvres la salua.

"Bonjour!"

Un peu perdu, et ne sachant pas parler plus de trois mots, elle le salua poliment à son tour.

"Bonjour!"

Aussitôt, le propriétaire des lieux sourit et demanda dans un anglais approximatif, accétué par une prononciation très française.

"Vous n'êtes pas du coin! D'oû est-ce que vous venez?"

"Australie."

"Eh bah! Vous avez fait un sacré bout de ch'min! Qu'est-ce que je peux vous servir ma p'tite dame?"

La brunette n'avait pas encore prit le temps d'observer les propositions. Elle plissa les yeux sur le menu, avant de secouer la tête.

"Je ne connais rien de ces plats. Est-ce que vous pouvez me donner ce que vous avez de plus français?"

Le gérant hocha la tête et hurla quelque chose en direction de la cuisine, que la jeune femme ne put saisir. Un torchon sur son épaule, l'homme semblait heureux d'un peu de compagnie, si bien qu'il ne se retenait plus de poser des questions à l'australienne.

"Et où est-ce que vous allez comme ça?"

"Je dois me rendre à Les Houches. J'y retrouve quelqu'un."

"Un amoureux?"

Rose ne put s'empêcher de rire à cette question. Elle secoua la tête alors qu'elle grattait nerveusement sa paume.

"Non. Non, malheureusement. Je vais passer l'été à Emerisa."

Soudain, le silence envahit la pièce. Rose ne sut pas pourquoi, mais l'homme qui pourtant était si souriant avait désormais une mine renfrognée, et ses sourcils étaient si froncés qu'une énorme ride marquait son front. Il ne pipa mot sur le reste du repas, et Rose n'eut pas la connaissance de ses raisons.

Elle reprit la route après son repas, pour un voyage sans plus d'arrêts. A mesure qu'elle s'enfonçait dans la montagne, les routes sinuaient, lui donnant presque la nausée. Elle se demandait comment les gens qui habitent ici parvenaient à vivre. C'était à peine si le réseau était disponible. Ce n'est qu'après une bonne heure de route qu'elle dépassa le petit panneau de Les Houches. Le village n'avait rien de pareil aux autres. Les maisons étaient de pierre et non de bois, bien que beaucoup d'hôtels soient tous d'immenses chalets. Il y avait plusieurs commerces, des restaurants, et même un musée. L'église était au centre, un peu après la caserne des pompiers. 18h24. Elle avait beau cherché, le seul parking présent autour de la bâtisse était un parking d'hôtel. Rose y gara donc sa voiture et sortit pour patienter sous les rayons d'un soleil brûlant, que cette fameuse Mireille daigne se présenter.