𝐍𝐞𝐬𝐬𝐚𝐲𝐞𝐦 ✍🏼 | « Plus D'amour A Donner Si C'est Pas Lui » [ CORRECTION]

0.3

N E S S A Y E M
✍🏼

Je descends du bus, le bruit des moteurs, des conversations autour de moi, c’est tout comme un écho lointain. Ça résonne, ça m'agresse, mais je reste là, dans ma tête, loin de tout ça. J’avance, mes pieds me mènent à la cité sans que je sache vraiment pourquoi. Comme un automatisme, je suis juste là, sans envie, sans rien. La porte du bâtiment s’ouvre devant moi, je la pousse sans réfléchir. Un homme. Le troisième. Celui qu’on a croisé tout à l’heure. Je ne l’ai même pas regardé. Je ne veux pas. Son visage ? Je m'en fous. J’évite, je monte à l’étage, appuie sur la sonnette.

Tata — Ouvre, Selem Alaykoum ma fille, ça va ?

— Alaykoum Selem... C’est tout ce que je réponds. Ça ne m’intéresse pas de savoir comment elle va. Ça va... ou peut-être pas, mais peu importe. Ça ne change rien.

Tata — Viens nous montrer ce que t’as acheté.

— Hmm... Je baisse la tête et m'avance dans le hall sans vraiment réagir, sans vraiment voir, juste en suivant la direction.

Tata — Jawara est là.

— Ah... ok... J’ajoute un vague "Ok", sans vraiment écouter. J’avance, je n'ai pas la tête à ça. Les vêtements, tout ça... tout est tellement fade. Je me force à sourire, mais c'est un sourire qui ne va nulle part.

Tata — Viens, je te laisse de la liberté ici, tu peux rester dehors jusqu'à 21h si tu veux.

— Ah, ok... merci. Mon ton est plat, dénué d’émotion. Qu'est-ce que ça change, de toute façon ? Une heure de plus ou de moins, ce n'est que du temps qui s'écoule sans but. Je vais me changer, je vais leur montrer les sacs. C'est tout.

Je vais dans ma chambre, me change, et ressors avec mes sacs de vêtements. Je traverse le salon, j'aperçois Jawara et Tata qui discutent, mais c’est flou, tout ça. Je m’installe sans vraiment participer. Je laisse mes yeux errer, perdus quelque part.

Jawara — Alors, t’aime bien ici ?

— Ouais... c’est calme. Je laisse ma réponse traîner dans l’air. Le reste, je ne l'écoute même pas. Qu’est-ce que je suis venue chercher ici de toute façon ? Rien. Juste m’échapper, m'évader, même un instant.

Jawara — T’as vu Izyan ? Il est beau, non ?

Je hausse les épaules. Qu’il soit beau ou moche, je n’en ai rien à faire. Je suis là, mais je ne suis pas là. Le monde autour de moi semble se déformer, et je suis en dehors, observant tout ça à travers un filtre de plus en plus épais.

— Ouais, peut-être... Ça sonne faux, mais qui s'en soucie ?

Jawara — Viens, on va au grec ce soir ?

Je me redresse légèrement, un vague élan de « pourquoi pas ». Mais c'est tout. Je la suis sans un mot de plus, en mode pilote automatique, mon esprit ailleurs.

Quelques minutes plus tard, on est au grec, dans ce fast-food anonyme. J’essaie de manger, mais je n’ai pas vraiment faim. Tout me semble terne, comme si tout ça n’avait pas de sens. Jawara parle, mais ça ne me touche pas. Je hoche la tête de temps en temps, juste pour faire semblant que je suis encore dans cette réalité.