SWEATER WEATHER

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TOUCH MY NECK, AND I'LL TOUCH YOURS


Sous son large pull à motif, Maxime suffoquait.

Il était en proie à un surplus de tout : d'interactions sociales, de pensées intrusives, et de Sidjil surtout. Sidjil, qui ne cessait de le surplomber d'une dizaine de centimètres, Sidjil, avec ses yeux qui le mettaient complètement à nu, Sidjil, et sa foutu manie de lui attraper la nuque pour le taquiner. Sidjil et cette putain de soirée avec trop de monde qu'il connaissait et ne connaissait pas, trop d'amis et d'inconnus, d'alcool et de bruit. Maxime n'avait descendu qu'une bière depuis qu'il était arrivé. Lorsqu'il constata dans un éclair de lucidité l'état dans lequel il était, il ne parvint pas à savoir si c'était déjà trop ou, au contraire, pas assez. Pas assez pour passer outre, laisser couler sur lui les regards de son ami comme il savait si bien le faire auparavant, pas assez pour retrouver un semblant d'imperméabilité à ses clins d'œil et ses touchers amicaux. Pas assez pour empêcher la panique de gagner du terrain sous ses couches de tissus, invisible et coriace, fourbe au possible.

Maxime étouffait.

Il s'était réfugié dans une chambre au hasard, cherchant à tout prix à fuir la saturation de stimuli ; les lumières trop fortes, la musique assommante, la simple présence de Sidjil. Désormais, il était démuni, un peu plus ouvertement même que quelques instants plus tôt. Mais il était seul, et c'était tout ce qui comptait. Son torse se soulevait un peu plus à chaque respiration, presque douloureusement, dansant avec le tissu de son pull une valse de sensations qui le rendait un peu plus fou à chaque seconde qui défilait. Sans plus y réfléchir que cela, il s'empressa d'en saisir les pans et de le faire basculer au-dessus de sa tête avant de le laisser s'échouer à même le parquet. Lorsque l'air tiède de la pièce entra en contact avec sa peau brûlante, un frisson parcouru son échine et il put enfin laisser une longue expiration vider ses poumons. Les yeux clos, il passa une main dans ses cheveux en faisant quelques pas hasardeux pour la forme, pour faire travailler ses muscles et se donner un semblant de composition.

Il appliqua les conseils précieusement confiés par sa mère l'année dernière. Conseils qui l'avaient fait souffler du nez au début mais qu'il se retrouvait à embrasser plus souvent qu'il ne l'aurait cru. Il dessina une balle bleue dans son esprit, la fit rebondir à un rythme lent et régulier sur lequel il s'efforça de caler ses propres inspirations et expirations. Il continua ce jeu-là et y juxtaposa un nouvel exercice. Il fit le compte de ce qu'il pouvait voir dans la pièce – un lit fait à la perfection, un tapis en fausse peau de bête, une bibliothèque généreusement remplie –, entendre – les échos de la fête qui battait encore son plein, le bruit du parquet qui grinçait sous ses pieds – et toucher – sa propre peau en ébullition.

Déjà, son souffle s'était apaisé et il pouvait sentir les tensions dans les muscles de son dos et de ses épaules s'évanouir lentement. Après deux longues minutes, il constata que la panique s'était faite la malle, mais qu'elle ne l'avait pas laissé seul.

Il fit descendre sur son propre corps un regard à la fois las et tordu par l'inconfort et l'embarras. Il avait suffi de peu de chose finalement ; de quelques sourires sincères, de murmures contre son oreille et d'une main ferme dans le creux de sa nuque, restée là un peu trop longtemps. Lorsque Sidjil l'avait attiré contre lui de la sorte, comme il lui arrivait parfois de le faire, Maxime avait cru sentir le sol se dérober sous ses pieds. Il avait honte de ne serait-ce qu'admettre en pensée que les mots sortis de la bouche du toulousain avaient tiré la sirène d'alarme dans tout son corps.

— Doucement mon Maxou ! Je la ramènerais moins si j'avais ton p'tit corps. Quand je veux j'te démonte cousin.

Il en avait instantanément oublié leur sujet de discussion initial.

╺╸SWEATER WEATHEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant