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N E S S A Y E M
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Je me dirigeais vers la librairie, mes pas me guidant là-bas comme un instinct. C'était l'un des rares endroits où je pouvais me sentir un peu moins étrangère au monde. La chaleur de l'intérieur, l'odeur des pages, des livres, me réconfortait d'une manière que je ne comprenais même pas. Les livres étaient mes seuls refuges, mes seuls compagnons silencieux dans ce tumulte.

En entrant, la cloche au-dessus de la porte tinta faiblement, une petite note de son cristalline dans ce monde autrement silencieux. L'atmosphère était tamisée, les lumières douces, comme une bulle de calme à l'abri du froid extérieur. L'air était chargé de l'odeur des vieux papiers, du bois, de l'encre. Les étagères s'étendaient à perte de vue, un océan de mots, d'histoires, de mondes à explorer.

Je me glissai entre les rayonnages, caressant les reliures des livres du bout des doigts, cherchant quelque chose, sans vraiment savoir quoi. Peut-être une échappatoire, une réponse, un réconfort. Mes yeux se posèrent sur un livre, un vieux roman, dont la couverture semblait promettre quelque chose de plus, quelque chose de profond. Je le pris sans réfléchir, me dirigeant vers un coin tranquille.

Je m'assis, la couverture du livre ouverte entre mes mains, mais mes pensées n'étaient pas vraiment là. Le texte défilait sous mes yeux, mais c'était comme si je le lisais à travers un voile. Les mots se mélangeaient dans ma tête, et mes yeux se perdaient dans la page sans vraiment comprendre ce qu'ils voyaient.

Je n'arrivais pas à me concentrer, mon esprit revenant toujours à ce sentiment oppressant, cette sensation de vide. Comme si tout ce que je vivais était une façade, un masque que je portais sans savoir pourquoi. Le livre entre mes mains semblait trop léger pour me soulager. Tout était trop lourd pour être pris en charge par des pages imprimées.

Je fermai les yeux un instant, laissant le silence m'envahir, l'odeur du papier et de l'encre me bercer. Mais au fond de moi, un tourbillon continuait de tourner, mes pensées assiégeant mes sens, mes émotions ne cessant de se battre pour sortir.

Je me trouvais là, seule dans la librairie, mais même dans ce lieu calme, il n'était pas facile d'échapper aux tourments qui se passaient dans ma tête. Les souvenirs, bien qu'éloignés, resurgissaient toujours, comme des vagues que je n'avais jamais su repousser.

Je me souvins d'un soir particulier. C'était après la mort de ma mère. J'avais dix ans, et mon père était devenu quelqu'un que je ne reconnaissais plus. La douleur de sa perte l'avait complètement transformé, et il était devenu bien plus distant, bien plus colérique. C'était comme s'il m'en voulait, mais je ne comprenais pas pourquoi.

Ce soir-là, il m'avait trouvée dans le salon, accroupie dans un coin, absorbée par un livre. Je n'avais rien demandé, je ne voulais rien de spécial. Mais il avait l'air de vouloir me parler, ou plutôt, il voulait me faire sentir que j'avais failli à quelque chose.

Père — Tu crois que tu vas t'en sortir comme ça ?, avait-il dit d'une voix froide, sans l'ombre d'une émotion.

Je n'avais pas répondu, comme d'habitude, parce que je savais qu'aucune réponse ne suffirait. Il m'avait regardée d'un air de dégoût, comme si j'étais un fardeau. Puis il s'était approché, sa voix de plus en plus dure.

𝐍𝐞𝐬𝐬𝐚𝐲𝐞𝐦 ✍🏼 | « Plus D'amour A Donner Si C'est Pas Lui » [ CORRECTION] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant