Chapitre 1

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première partie :

Mercredi 16 mai 2317,11h36 :

« La vie est trop courte pour avoir des regrets ».

J'ai lu cette phrase un jour dans un des livres d'histoire de la bibliothèque. Il me semble que c'était une expression courante dans le monde d'avant, mais aujourd'hui comment pourrions nous avoir des regrets lorsque nous savons exactement combien de temps va durer notre vie ? C'est la question que je me pose depuis ce jour. Pour certains la vie est courte mais alors ils savent qu'ils ne leur restent que peu de temps pour profiter de celle-ci ; pour d'autres, les années défileront et ils auront tout le temps de vivre comme bon leur semble. Est-ce que certaines personnes s'éteignent avec des regrets de nos jours ? Je n'aurais sûrement jamais la réponse. Et après tout, à quoi bon se préoccuper de la vie dans le monde d'avant ? Pourtant, un de mes passes temps préféré était d'aller à la bibliothèque de l'école pour m'instruire sur l'histoire de ces hommes. Je pense d'ailleurs que je sais comment occuper mon après-midi.

La douce chaleur du mois de mai effleura mon visage tourné vers l'extérieur. Dehors, le soleil rayonne doucement et j'apprécie sentir sa chaleur sur mes joues à travers les vitres. Mes yeux bleus sont sensibles à la lumière, je ferme donc légèrement les paupières pour regarder derrière les fenêtres. L'herbe est verte et de jolies fleurs bordent le chemin que les étudiants empruntent. Ils déambulent sans se bousculer, sans même se toucher ou se regarder, presque comme une danse. Des groupes d'amis rigolent ça et là, assis sur les bancs qui proposent l'établissement. Pourquoi ai-je le sentiment qu'il manque quelque chose face à ce tableau qui se dresse devant moi ? Et de quoi manque-t-il exactement ? Peut-être quelque chose comme de la sincérité ou de la vie. La plupart des étudiants sont habillés de blanc, le signe de la pureté. Quelques-uns ont une tenue noire avec un numéro dans le dos, ce qui signifie que leur jugement est déjà passé et qu'ils savent à présent le temps qu'il leur reste pour vivre.

-Mademoiselle Everton ?

Et merde, c'est moi. Que se passe-t-il ? Je tourne la tête en direction de la classe et du professeur par la même occasion. Il n'a pas l'air content et pour cause, je n'écoute absolument pas son cours. Heureusement que mes notes me sauvent car je n'ai sûrement pas le meilleur comportement. Voyons le bon côté des choses, même si je ne suis pas particulièrement attentive je ne suis pas perturbatrice au moins.

-Oui ?

-Nous sommes sur le chapitre de l'histoire des hommes d'il y a 40 ans. Faites-moi un résumé de ce que nous venons de voir ensemble. Et par la même occasion, vous vous concentrez sur le cours que je suis en train de faire pour votre éducation, mademoiselle.

-Bien sûr, pardonnez-moi. L'humanité d'il y a 40 ans fut, pour la plupart, décimée par le virus H2277.

-Effectivement, mais encore ?

-Le mode de vie de l'humanité passé a engendré une perte de leur réponse immunitaire, et peut-être ont-ils eux-mêmes créés le virus qui les a tués suite à des expériences mal réalisées ; ils sont restés discrets sur cette information. S'il ne nous affecte plus aujourd'hui c'est grâce au vaccin obligatoire que l'on fait à l'âge de 10 ans. En 2278, après une année de recherche, les scientifiques ont mis au point un remède augmentant considérablement nos défenses immunitaires pour sauver la population mondiale, nous immunisant ainsi de toutes les maladies possibles. Pourtant, il n'est guère possible d'attendre que toute cette population meure de vieillesse sur terre ; cela prendrait trop de temps et de place. De plus, elle consommerait trop par rapport à ce que la terre est en capacité de nous fournir. C'est pour cela qu'à l'âge de nos dix-huit ans vient le jugement qui décide du temps de vie de chacun. Le temps accordé varie selon les fautes commises durant les dix-huit premières années. Lorsque ce temps est écoulé, le cœur s'arrête entraînant la mort.

Tout ira bien, ne t'en fais pas.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant