N E S S A Y E M
✍🏼Le vent hivernal me giflait le visage, mais l'écharpe autour de mon cou me réconfortait étrangement. Elle me donnait une sensation de chaleur, mais aussi d'isolement. J’avais l’impression d’être dans une bulle, coupée du monde extérieur, mais aussi de moi-même. Chaque respiration me semblait lourde, chaque pas un effort, et je n’arrivais pas à me débarrasser de cette impression que tout ce que je faisais était inutile, comme si j'étais condamnée à me répéter indéfiniment, encore et encore, sans aucune issue.
Je levai les yeux, observant les passants. Leurs visages étaient flous dans le brouillard matinal. Tout semblait se fondre dans une même couleur grise, une morosité que je ne pouvais fuir. Mes pensées se bousculaient dans ma tête, mais aucune ne semblait vraiment avoir de sens. Chaque mouvement de la foule autour de moi me semblait aussi dénué de but que le mien. J’étais un spectateur dans ma propre vie.
Mais alors, je pensai à Jawara, cette amie qui semblait comprendre d’une manière que personne d’autre ne pouvait. Elle, avec sa façon de parler si directe, de me pousser à voir ce que je refusais de voir, même si ça me perturbait souvent. Et Izyan, qui m’avait donné cette écharpe, ce geste qui semblait si anodin, mais qui m’avait touchée d’une manière étrange. Son regard, froid et détaché, contrastait tellement avec la douceur de ce cadeau. Pourquoi m’avait-il donné cette écharpe ? Quel message y avait-il derrière ce geste ? Je n’arrivais pas à l’interpréter.
Je m'arrêtais soudain, le regard perdu dans le vide. Mon esprit se tourna vers ce que je fuyais depuis si longtemps : mes sentiments. Mes peurs. Tout ce qui me faisait me sentir faible, indigne, sans valeur. Et tout à coup, je me rendis compte que je ne savais même plus ce que je cherchais. Pourquoi ce sentiment de vide persistant, ce vide qui m’étouffait à chaque respiration ?
"Je suis juste... fatiguée," murmurai-je pour moi-même. Fatiguée de vivre, fatiguée de me battre, fatiguée de tout. Mais pourquoi je me sentais comme ça ? Pourquoi cette lassitude constante ? Chaque jour, je me forçais à avancer, à jouer un rôle, à masquer la douleur. Mais aujourd’hui, tout me semblait trop lourd à porter. Tout était devenu trop réel. Les mots de Jawara résonnaient dans ma tête : "Savoir ce que c’est, de se sentir vide." Et j’étais là, en plein dedans, noyée dans ce vide, incapacité à y échapper.
Je m’éloignais des rues animées, cherchant un endroit plus calme. Le parc semblait être l’endroit idéal, loin des regards. Là, au milieu des arbres nus, je m’assis sur un banc, mes pensées tourbillonnant autour de moi comme les feuilles mortes qui dansaient dans le vent. Je ne savais même pas ce que je voulais. Je fermais les yeux, cherchant à échapper à tout, mais la douleur persistait. C'était une douleur sourde, un poids invisible qui m'écrasait à chaque seconde.
Puis, la voix de quelqu'un se fit entendre à travers le brouillard de mes pensées.
Adem se tenait là, silencieux, les bras croisés, les yeux fixés sur moi d'une manière qui semblait vouloir tout lire, tout comprendre. Il n'avait pas besoin de poser des questions, je le savais, il percevait mes faiblesses sans que je n'aie à les lui confier.
Adem — "lTu sais, tu pourrais au moins essayer de ne pas te perdre dans tes pensées comme ça.
Sa voix, calme et presque lointaine, me frappa de plein fouet, comme si elle venait briser le mur invisible que j'avais érigé autour de moi. Je ne savais pas si c'était de la sollicitude ou de la frustration, mais son ton me fit réfléchir.
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𝐍𝐞𝐬𝐬𝐚𝐲𝐞𝐦 ✍🏼 | « Plus D'amour A Donner Si C'est Pas Lui » [ CORRECTION]
Non-FictionNessayem est une adolescente marquée par les cicatrices invisibles laissées par son père, un homme cruel qui a brisé son enfance. Après avoir fui cette vie de violence, elle trouve refuge chez sa tante, pensant que la paix l'attend enfin. Mais à mes...