8. Mon cœur bat ?

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Lys, 18h

Je rentre dans ma maison, les lumières sont éteintes. Aucun bruit ne détruit ce silence qui me bourdonne dans les oreilles. Je n'entends plus rien, je vois flou à cause de toutes ces larmes qui brouillent ma vision. Mon cerveau est déconnecté de la réalité, seul mon cœur parle, il résonne dans tout mon corps. Il ne me laisse aucune seconde de repos.

Je l'ai revu... Et je n'ai même pas été capable de lui expliquer ce que je ressentais. Je lui ai juste ordonnée de me répondre. Comme si Carter pouvait un jour me faire du mal.

Il n'avait vraiment pas l'air surpris de me revoir ici. Il avait plutôt l'air en colère de mon retour. Il voulait peut-être ne jamais me revoir. Cela fait sept ans que je ne l'avais pas vu, et honnêtement je n'imaginais pas nos retrouvailles comme ça. Je ne pensais pas qu'il réagirait de cette manière. Même si je savais pertinemment qu'il ne sauterait pas de joie.

Mon cœur bat ? Oui il bat. Beaucoup trop fort. Il me rappelle sans cesse cette scène :

Je n'ai pas besoin de chercher le meilleur ami de Lucas dans tous les recoins de cette pièce, il est là debout face à la fenêtre. Je ne vois que son dos, il a une carrure impressionnante, dans sa main, il a également un verre. Cet inconnu est en tee-shirt ce qui laisse apparaître ses muscles tendus en entendant mes talons claqués sur le sol. Pourtant il ne se retourne pas, comme s'il sait ce que j'attends.

Je pose mes questions. Il se retourne et me dévoile son visage. Il a un petit sourire en coin, il sait. Je connais ce petit sourire. Je connais ces yeux. Je les reconnaîtrais entre mille.

Il se tient devant moi. Mon meilleur ami d'enfance se trouve devant moi. Je ne bouge pas, choquée par la situation. Je retiens mon souffle. Est-il vraiment devant moi ? Ou ce n'est que mon imagination et mon envie de le revoir qui parle ?

J'expire calmement essayant de ne pas être perturbée. Ou au moins lui laisser croire qu'il ne me perturbe pas. Je lui demande de répondre mais il ne fait rien d'autre qu'observer mes yeux. Je le transperce du regard, je déteste ses yeux. Ses yeux bruns qui me hantent depuis des années. Ses yeux que j'ai tant voulu recroiser.

Il est perdu dans ses pensées. Pense-t-il à nous ? Je l'observe et détaille son visage. Il a toujours les cheveux bruns, quelques mèches retombent sur son front. Je vois que mon absence n'a fait que de le rendre plus attirant. Un sourire se forme sur ses lèvres, ce qui révèle ses fossettes. Je les adorais à l'époque. Il doit penser à quelque chose de vraiment heureux, son sourire ne cesse de grandir de manière nostalgique. Il me regarde, mais je ne crois pas que ses yeux sont posés sur moi. Ils sont juste là parce qu'il divague dans ses souvenirs.

—Arrête de me fixer de cette manière, je lui lance.

Son sourire disparaît de son visage, je l'ai ramené à la réalité. La réalité est moins plaisante que les rêves dans lesquels nous essayons de vivre. Il pose alors les yeux sur ma peau, il détaille mon corps sans aucune gêne. Il sait ce qu'il fait quand il s'arrête sur mes cuisses. Il sait très bien que je les déteste, il a même déjà essayé de me faire changer d'avis à leur sujet.

Je souffle une dernière fois avant de quitter son bureau. Je descends vite les escaliers, mes joues sont humides et mes yeux sont noyés dans un océan déchainé. Je repasse dans la grande salle où tout le monde est assis. Je ne leur réponds pas quand ils me demandent si tout va bien. Je ne pleure devant personne, je me le suis promis. Même si nous sommes tous des menteurs dans ce monde, cette promesse je la tiendrai jusque dans ma tombe.

Je sors de cette maison où je ne reviendrai probablement jamais. J'essuie mon visage, les larmes sont pour les personnes faibles. Je ne suis pas faible. Je passe nerveusement mes mains dans mes cheveux, mon cœur résonne dans ma tête. C'est douloureux.

Bugiardi [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant