I Z Y A N
✍🏼
Moi, je n’ai jamais voulu être ainsi. Jamais désiré devenir cette version de moi-même.Quand j’étais gosse, j’avais des rêves. Des vrais. Des grandes idées, des ambitions qui me semblaient infinies. J’étais cet enfant qui voulait tout, qui croyait encore qu’il suffisait d’y croire pour que ça arrive. J’avais mes peurs aussi, bien sûr. Mais je les affrontais, je voulais les dépasser, me dépasser. Toujours. Encore.
Puis j’ai compris.
J’ai compris que je ne faisais pas le poids. Que parfois, peu importe à quel point on se bat, peu importe à quel point on veut y croire, il y a des choses qu’on ne peut pas changer. J’ai compris que le monde n’a pas d’égard pour les rêves des gosses, qu’il les broie et les recrache sans pitié.
Alors j’ai laissé tomber.
Et aujourd’hui, je suis là. Plus tout à fait moi. Plus tout à fait autre chose.
Je suis là, figé dans cette routine qui ne veut pas mourir. Le même décor, les mêmes murs, la même odeur de tabac froid et de café amer.
J’ai l’impression de ne plus avancer, comme si chaque jour était un simple écho du précédent. Une boucle sans fin, un vieux disque rayé qui rejoue la même mélodie fatiguée.
Les rares fois où je repense à l’enfant que j’étais, ça me fait presque rire. Il était naïf. Trop naïf. Il croyait qu’avec assez de volonté, il pourrait tout changer. Mais le monde l’a vite remis à sa place.
Maintenant, je suis juste là. Présent, sans vraiment l’être. Vivant, sans vraiment vivre.
Et pourtant, une partie de moi continue de chercher cette échappatoire. Un signe, un souffle d’air frais dans cette atmosphère étouffante.
Mais est-ce qu’il viendra un jour ?
Je marche dans le froid, les mains enfoncées dans mes poches, la tête basse. Le vent s’infiltre dans mon cou, mord ma peau, mais je n’ai même pas la force de frissonner.
L’écharpe.
Je l’ai oubliée quelque part. Peut-être sur une chaise, peut-être sous mon lit. Elle doit encore sentir le sucre et la noisette, cette odeur rassurante qui me suit depuis l’enfance.
Je me demande si je la retrouverai.
Je me demande si je retrouverai quelque chose, un jour.
Le bruit de mes pas résonne dans la cage d’escalier. Toujours le même écho, toujours les mêmes murs fissurés, la même odeur de renfermé. J’ouvre la porte et je le vois, assis dans le salon, une clope entre les doigts, le regard braqué sur la télévision qui grésille.
Mon père.
Il ne tourne même pas la tête vers moi. Il sait que je suis là, mais il s’en fout.
Et moi aussi, je m’en fous.
Je referme la porte derrière moi, j’inspire profondément et je me répète ce que je me dis tous les soirs.
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𝐍𝐞𝐬𝐬𝐚𝐲𝐞𝐦 ✍🏼 | « Plus D'amour A Donner Si C'est Pas Lui » [ CORRECTION]
Non-FictionNessayem est une adolescente marquée par les cicatrices invisibles laissées par son père, un homme cruel qui a brisé son enfance. Après avoir fui cette vie de violence, elle trouve refuge chez sa tante, pensant que la paix l'attend enfin. Mais à mes...