Un Poison Savoureux - Clexa

Chapitre 2

Au quatrième jour, Clarke atteignit un point où elle était persuadée que l'une des deux allait tuer l'autre avant la fin de la semaine. À l'époque de leur relation amoureuse, il y avait une véritable osmose au niveau de leur travail. Désormais, Clarke désespérait d'obtenir un cliché potable. Les tensions croissaient, principalement quand la photographe montrait les tenues à la mannequin.

Tout le monde s'écartait lorsqu'elles étaient à moins de dix mètres, pour ne pas se retrouver à portée de tirs de leurs sarcasmes. Bien que Clarke essayait de rester professionnelle, il n'était pas facile de conserver son calme face au modèle. Ce jour-là, elle tentait de la guider afin de trouver une meilleure pose. Refusant d'échanger directement avec Clarke, Lexa se tourna vers Lincoln pour lui parler. Elle lui confia alors : « Dis à cette mégère d'aller se faire voir ». Lassée de ces enfantillages, Clarke céda elle aussi à l'immaturité, rétorquant à l'agent de son ex : « Dis à cette gamine de faire son boulot ».

La première semaine se déroula ainsi, sous le coup de remarques désobligeantes et d'heures perdues à batailler plutôt qu'à avancer. Le vendredi soir, Clarke ne fut donc pas étonnée de découvrir le résultat catastrophique final. Les techniciens avaient eu beau retoucher chaque épreuve pour leur donner ce côté pétillant propre aux magazines de mode, il fallait se rendre à l'évidence. Quelque chose n'allait pas avec ces tirages.

Clarke passa son samedi après-midi à chercher où était le problème. Objectivement, Lexa était magnifique sur chaque cliché. Son charme naturel ne s'estompait pas une fois figé sur un écran. Les vêtements étaient splendides et s'adaptaient parfaitement à son corps. Mais un truc dérangeait la photographe. Les autres membres de l'équipe, y compris Marcus, étaient du même avis, comme ils l'avaient exposé lors de leur réunion hebdomadaire du vendredi. Personne n'arrivait à mettre le doigt dessus ; malgré la mannequin incroyable et les tenues de bon goût, cette collection ne donnait pas envie. Du moins, pas sur ces clichés.

Le samedi soir, la jeune femme reçut un message de Bellamy qui lui proposait d'aller boire un verre. Clarke refusa. Elle avait déjà avalé une bière entière dans la semaine, ce qu'elle n'avait pas fait depuis trois ans. Il lui était inconcevable de laisser son ex-compagne influencer sa vie à ce point. La nuit, elle se tourna et se retourna dans son lit, visualisant Lexa vêtue des différents ensembles portés durant la semaine. Elle ne saisissait pas ce qui clochait avec ces photos et commençait à se dire que, peut-être, le problème venait d'elle. Son regard pouvait-il avoir changé au point où elle était incapable de sublimer Lexa comme avant ?

La tête plongée dans ses oreillers, elle soupira longuement. Ses épaules étaient douloureuses. Au moindre souci, elle avait l'impression d'être en cause. Elle ne se sentait jamais à la hauteur. Si les épreuves n'étaient pas bonnes, c'était forcément de sa faute, non ? C'était elle qui n'avait pas réussi à capturer la beauté de son ex-amante. La jeune femme grogna. Elle s'en voulait de se rabaisser ainsi. Le problème ne venait pas d'elle. Avant, Lexa le lui répétait souvent dans le but de lui donner confiance. Seulement il était beaucoup plus difficile d'y croire par autopersuasion.

Clarke fut réveillée à l'aube, comme d'habitude. Décidée à évacuer cette tension qui ne la quittait pas, elle envoya un message à Raven. Elle offrit à son amie de la rejoindre, lui faisant miroiter un bon petit déjeuner offert.

Elles se retrouvèrent à l'entrée du bois de Vincennes. L'air frais aida Clarke à faire le vide. Loin de trottiner afin de discuter comme nombre de femmes qu'elles croisaient, les deux amies parlaient peu, gardant un rythme soutenu. Ce fut une heure que Clarke mit à profit pour expulser sa frustration. Certes, les choses ne se passaient pas très bien avec Lexa, mais en soit, la photographe devait concéder qu'elle s'était attendue à pire.