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N E S S A Y E M
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Je me réveille en sursaut, les draps enchevêtrés autour de mes jambes, la sueur perlant sur mon front. Un souffle court, lourd, comme si ma poitrine allait exploser à chaque inspiration. C’est encore ce même rêve, ce même cauchemar qui me rattrape. J'ai l'impression que mes cauchemars sont plus réels que ma vie. Qu'il n'y a rien d'autre que ça. Rien d’autre que cette sensation de vide qui m’étreint chaque matin.

Je me relève lentement, en silence, comme si chaque geste pouvait faire éclater ce fragile équilibre qui me maintient en vie. Une vie qui n’a plus vraiment de sens. Je passe mes mains sur mon visage, mais ça ne suffit pas à effacer la fatigue, la douleur qui m'envahit.

Le monde autour de moi continue de tourner. Le même bruit dans la rue, les mêmes voix, les mêmes visages. Pourtant, rien ne me touche, rien ne m'atteint. Je suis là, mais je ne suis plus vraiment présent. C’est comme si j'étais juste un spectateur, une ombre parmi les autres, regardant les gens passer sans parvenir à me connecter à quoi que ce soit.

Je regarde la fenêtre, les rayons du soleil qui percent à travers les rideaux, mais ça ne me réchauffe pas. Ça ne fait rien. Je n'arrive plus à apprécier quoi que ce soit. Les petites choses qui autrefois m'avaient apporté un peu de réconfort, un peu d'espoir, me semblent aujourd'hui aussi vides que tout le reste.

Je m’habille machinalement, mes gestes vides de sens, comme si je me préparais pour une journée qui n’a aucune importance. Je prends mon sac, ma veste, mes clés, et je sors. Un autre jour. Un autre tour de roue dans cette même routine sans fin.

Je crois que je suis fatigué. Fatigué de me battre contre moi-même, fatigué de ce combat sans fin. Mais je ne peux pas m'arrêter. Je ne peux pas m'arrêter, même si chaque fibre de mon être me crie de fuir. Parce que je sais que si je le fais, je serai perdu pour toujours. Et je n’ai pas encore le courage de me perdre complètement.

Ma tante m'appelle. C’est une voix lointaine, comme un écho qui traverse un tunnel, presque imperceptible. Je décroche, et son nom clignote sur mon téléphone. C’est la première fois de la journée que j’entends quelqu’un m’appeler. La première voix, autre que mes propres pensées. Mais ça ne me réchauffe pas. Ça ne me tire pas de cette torpeur dans laquelle je suis plongé.

Tante — Nessayem, tu vas bien ?

Sa voix tremble légèrement, comme si elle n’était pas certaine de vouloir connaître la réponse. Je la connais bien. Ma tante, elle a toujours eu cette manière de poser les questions sans vraiment vouloir savoir la vérité.

Je reste muete, un moment. Il y a une distance entre nous, comme s’il y avait un océan entre nos mots. Pourtant, je sais qu’elle s’inquiète. C’est ce qu’on fait dans la famille, on s’inquiète les uns pour les autres, mais ça n’empêche pas la solitude de nous ronger à l’intérieur. Parce que, parfois, on se perd dans ce silence et il devient plus lourd que les mots.

— Oui, ça va, je murmure, presque sans conviction.

Je ne la sens plus, je ne la ressens plus. Tout ce qui m’entoure me semble flou, comme si la vie elle-même était en train de se dissoudre. Elle parle, je l’écoute à peine. C’est comme si sa voix ne parvenait pas à pénétrer ce mur invisible qui m’entoure. Tout reste distant, flou, hors de portée.

𝐍𝐞𝐬𝐬𝐚𝐲𝐞𝐦 ✍🏼 | « Plus D'amour A Donner Si C'est Pas Lui » [ CORRECTION] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant